LA FABULEUSE MANNE PETROLIERE NORVEGIENNE

Pour sa première intervention sur ce site @nofraise, le jeune blogueur a dĂ©cidĂ© de rĂ©aliser un dossier sur son pays d’origine, la Norvège, en abordant la question de l’exploitation du pĂ©trole, ressource essentielle dans l’Ă©conomie de ce pays nordique.

La gestion unique des ressources pĂ©trolières par l’Etat norvĂ©gien 

Sommaire
Introduction
I/ Gestion du pĂ©trole norvĂ©gien Ă  l’heure actuelle [Ă©tude rĂ©digĂ©e en 2008]
a)      Ressources pétrolières
b)      Part de l’activitĂ© pĂ©trolière dans l’Ă©conomie norvĂ©gienne
c)      Licences et infrastructures
d)      Relations avec l’extĂ©rieur

II/ Projets pour l’avenir
a)      Solution politique
b)      Solution sociale
c)      Solution écologique

Conclusion

Sources

INTRODUCTION

Dans le cadre de ma formation en BTS Commerce International, j’ai rĂ©alisĂ© un stage de juin en aoĂ»t 2007 Ă  Stavanger dans une multinationale, Laerdal AS, pionnière et parmi les leaders du secteur des Ă©quipements de premier secours. Le chiffre d’affaires de l’entreprise Ă©tait de 2 B$ en 2006. Elle possède trois filiales de production : Ă  Stavanger, en Norvège, la maison-mère, oĂą j’ai traitĂ© les commandes de l’entreprise au service ventes, une au Texas, et Ă  Suzhou en Chine. La firme compte environ 400 employĂ©s Ă  Stavanger, environ 1000 Ă  travers le monde.

Stavanger, capitale europĂ©enne de la Culture en 2008, se distingue  depuis longtemps par ses activitĂ©s de pĂŞche mais c’est surtout la ville qui reprĂ©sente le mieux l’essor pĂ©trolier que connaĂ®t la Norvège depuis l’après-guerre car c’est lĂ  que se sont installĂ©s les ingĂ©nieurs en charge de la construction de la première plate-forme pĂ©trolière de Norvège, Ekofisk, en 1971. L’attraction principale de la ville est son musĂ©e du pĂ©trole. Une grande foreuse trĂ´ne Ă  l’entrĂ©e du port qui est le centre de la ville. J’ai lu des Ă©crits dans la presse et entendu des conversations sur le sujet si bien que le pĂ©trole s’est imposĂ© naturellement comme thème de ma note de synthèse.
De lĂ  m’est apparu une problĂ©matique : quel enjeu reprĂ©sente le pĂ©trole, Ă©nergie non-renouvelable, pour la Norvège d’ici les prochaines dĂ©cennies ?
I/ Gestion du pétrole norvégien
Comment se manifeste la richesse pĂ©trolière norvĂ©gienne                  Ă  l’heure actuelle  ?

a)  Ressources pétrolières

Le pĂ©trole est une source d’Ă©nergie non-renouvelable. Il convient donc d’Ă©tudier les ressources pĂ©trolières norvĂ©giennes exploitĂ©es et disponibles.
Il y a 50 sites d’exploitation off-shore au large des cĂ´tes norvĂ©giennes.
En 2007, la production journalière de pétrole était de 2 250 000 barils par jour.
La production exploitée à ce jour est de 19 293 millions de barils.
La production restant à exploiter est estimée à 18 662 millions de barils.
Selon un rapport de l’OCDE datant de 2007, on estime que 35% seulement des ressources pĂ©trolières norvĂ©giennes ont Ă©tĂ© extraites alors que la production a commencĂ© depuis 1971.
Il reste en effet de nombreux gisements Ă  dĂ©couvrir d’autant plus que la hausse du prix du baril permet d’explorer des gisements jugĂ©s jusqu’Ă  maintenant non rentables.
Le point culminant de la production pétrolière serait atteint en 2011.
Enfin, nous pouvons Ă©voquer les technologies d’ « Improved Oil Recovery » (IOR) propres Ă  la Norvège qui ont Ă©tĂ© mises en place aux alentours de 1990.
Il s’agit d’utiliser des technologies de rĂ©cupĂ©ration assistĂ©es. Les technologies IOR les plus rĂ©pandues sont l’injection d’eau ou de gaz Ă  travers les puits pour contrecarrer la diminution de la pression dans les gisements rĂ©sultant  de leur extraction. Dans les annĂ©es 1990, ces technologies ont permis une augmentation de la production de 530 millions de m3 de pĂ©trole.
L’application de ces technologies aux exploitations non encore Ă©quipĂ©es devrait apporter dans la dĂ©cennie courante une augmentation de production de 1 milliard de m3.

b)   Part de l’activitĂ© pĂ©trolière dans l’Ă©conomie norvĂ©gienne
Elle est substantielle.

Elle reprĂ©sentait un quart du PIB en 2005 (qui reprĂ©sentait en totalité  1 906 milliards de couronnes norvĂ©giennes, et en 2012 : 499,7 milliards USD) et comptait pour un tiers des revenus de l’Etat (Ă  travers les taxes sur les compagnies pĂ©trolières, la taxe carbone, ses parts dans la compagnie d’Etat StatoilHydro,…).
80 000 NorvĂ©giens travaillent actuellement dans l’industrie pĂ©trolière soit environ 2% de la population du pays (plus, si on ne tient compte que de la population active). De plus, de nombreux autres secteurs d’activitĂ© sur le continent dĂ©pendent de l’exploitation off-shore du pĂ©trole.
Les exportations de pétrole représentent 52% du total des exportations norvégiennes. Le montant des investissements vers le secteur pétrolier est de 80 milliards NOK (couronnes norvégiennes). Le secteur pétrolier est 35 fois plus important que celui de la pêche.
Très tĂ´t, la Norvège a organisĂ© une « sĂ©paration des pouvoirs » pour son activitĂ© pĂ©trolière : le Ministère du PĂ©trole et de l’Industrie s’intĂ©resse Ă  la lĂ©gislation, la planification des investissements et l’octroi des licences tandis que la technologie et la rĂ©glementation sont du domaine du Norwegian Petroleum Directorate (NPD). La gestion des intĂ©rĂŞts commerciaux est Ă  l’origine de la crĂ©ation de la compagnie d’Etat, Statoil, depuis peu fusionnĂ©e avec Norsk Hydro.
Tous les documents relatifs Ă  l’Ă©conomie pĂ©trolière sont rendus publics. Cette transparence bĂ©nĂ©ficie Ă  la presse et, in fine, Ă  la population.
C’est une illustration que l’Ă©conomie pĂ©trolière doit bĂ©nĂ©ficier Ă  « tout le peuple » selon un slogan en vogue dès les annĂ©es 70.

c)       Licences et infrastructures

L’octroi des licences est important dans la rĂ©ussite de la Norvège dans la gestion de ses ressources pĂ©trolières.
C’est au cours des « licensing rounds » qu’est dĂ©cidĂ©e la rĂ©partition des tâches autour des nouveaux gisements parmi les candidats. Un opĂ©rateur est nommé : c’est cette compagnie qui sera nommĂ©e Ă  la tĂŞte de l’exploitation. D’autres compagnies participeront en temps que partenaires Ă  sa mise en place et en tireront aussi des bĂ©nĂ©fices.
L’octroi des licences est d’avantage motivĂ© par les programmes et les engagements pris que par la surenchère monĂ©taire. La nomination de l’opĂ©rateur doit ĂŞtre approuvĂ©e par le gouvernement de la Norvège. La compĂ©tition positive entre les candidats apporte certes des conditions de vente optimales mais aussi un plus grand taux de dĂ©couvertes, de meilleures technologies avec des infrastructures adaptĂ©es Ă  chaque gisement et aux conditions difficiles de l’exploitation en Mer du Nord.

Si, Ă  l’origine de l’ère pĂ©trolière norvĂ©gienne, les opĂ©rateurs nommĂ©s Ă©taient de grandes compagnies Ă©trangères, c’est aujourd’hui la compagnie nationale, StatoilHydro, qui est quasiment toujours dĂ©signĂ©e comme opĂ©rateur.

d)  Relations avec l’extĂ©rieur

La majeure partie des ressources exploitĂ©es est destinĂ©e Ă  l’exportation. Quelle en est la raison ?

La Norvège est le 8ème producteur de pĂ©trole mais le 3ème exportateur derrière l’Arabie Saoudite et la Russie.
Ces donnĂ©es peuvent s’expliquer par le fait qu’en 2005, par exemple, il a Ă©tĂ© produit 250 millions de m3 de pĂ©trole soit l’Ă©quivalent des besoins de 100 millions de foyers norvĂ©giens. Or, la Norvège compte un peu plus de 4 millions d’habitants. Sa production est donc largement suffisante pour sa consommation.
Les USA, le Mexique, la Chine et le Canada qui prĂ©cèdent la Norvège en production de pĂ©trole sont des pays aux populations beaucoup plus importantes et donc moins auto-suffisantes que cette dernière. MĂŞme constat pour l’Iran qui souffre en outre de relations extĂ©rieures complexes.
La Norvège exportait 2,74 millions de barils par jour en 2005. Notons que la Norvège est le 1er fournisseur de la France en énergie.

Nous avons pu constater que la Norvège tire un grand bĂ©nĂ©fice Ă  l’heure actuelle de ses ressources pĂ©trolières, très importantes pour une population relativement peu Ă©levĂ©e. 

Mais comment pérenniser ces apports énormes sur le long terme sachant que le pétrole est une énergie non-renouvelable ?

Il y a plusieurs projets mis en place : politiques, sociaux et écologiques.

II/ Projets pour l’avenir

Le gouvernement norvégien a mis en place des projets qui le démarquent des autres géants pétroliers ne se basant que sur une recherche de profits immédiats sans rechercher les moyens de prolonger leur durée de vie par des politiques efficaces sur le long terme.

a)       Solution politique

Le gouvernement actuel a mis en place une « doctrine » pour renforcer sa politique pétrolière sur le plan mondial.
Le gouvernement a conduit rĂ©cemment les deux grandes compagnies norvĂ©giennes, Statoil et Norsk Hydro, Ă  fusionner pour devenir un groupe mondial de premier plan : StatoilHydro. Ce faisant, le gouvernement norvĂ©gien entend ĂŞtre plus actif Ă  l’Ă©tranger ; ceci s’est traduit rĂ©cemment par l’entrĂ©e de StatoilHydro dans une joint-venture avec le Russe Gasprom (et le Français Total) pour le dĂ©veloppement d’un gisement gazier situĂ© dans l’OcĂ©an Arctique au large de la SibĂ©rie et dont la production sera transformĂ©e en GNL (Gaz Naturel LiquĂ©fiĂ©) dans une usine de liquĂ©faction Ă  terre. Pour se faire, StatoilHydro a pu se prĂ©valoir d’un schĂ©ma de dĂ©veloppement Ă©quivalent du champ de Snöhvit en Mer de Barents norvĂ©gienne, rĂ©cemment mis en production.
Il y a Ă©galement aujourd’hui une multiplication des prises de participation de l’Etat dans les grandes entreprises parapĂ©trolières privĂ©es, entrepreneurs norvĂ©giens travaillant Ă©galement Ă  l’international sur des projets dans d’autres pays pĂ©troliers. DĂ©sormais, l’Etat propose aux acteurs privĂ©s des « pactes » oĂą il est prĂŞt Ă  supporter les risques. Ainsi, l’Etat a pris des parts dans l’entreprise de travaux pĂ©troliers Aker Kvaerner, au risque de rĂ©duire la concurrence dans le domaine parapĂ©trolier.

b)      Solution sociale

Un fonds alimentĂ© par les revenus que l’Etat perçoit grâce au pĂ©trole a Ă©tĂ© crĂ©e pour assurer une Ă©quitĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle lorsque les rĂ©serves de pĂ©trole seront Ă©puisĂ©es.
Le fonds pĂ©trolier, « Oljefondet » ou « Petroleum Fund », crĂ©e en 1990 par l’AssemblĂ©e LĂ©gislative, est devenu depuis 1996 le « General Pension Fund – Global ». Voyons pourquoi :
D’une part, le taux de fĂ©conditĂ© est d’environ 1,9 enfant par femme, ce qui traduit un certain dynamisme dĂ©mographique. D’autre part, l’âge de retraite est fixĂ© Ă  67 ans, ce qui est relativement Ă©levĂ©. Cependant, selon les prĂ©visions des autoritĂ©s norvĂ©giennes, on devrait passer de 2,6 cotisants pour un retraitĂ© actuellement Ă  1,6 d’ici 2040. C’est pour Ă©viter cette inĂ©galitĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle qu’existe le fonds de pension, instrument de stabilisation budgĂ©taire et de transparence dans l’affectation des recettes pĂ©trolières qui devrait permettre de prĂ©financer l’augmentation du coĂ»t du système des retraites sans devoir augmenter les prĂ©lèvements.
Le fonds puise ses rĂ©serves Ă  partir de l’impĂ´t sur le revenu des compagnies pĂ©trolières, du prix d’attribution des licences pĂ©trolières et des parts que dĂ©tient l’Etat norvĂ©gien dans le groupe StatoilHydro. D’après le discours du gouverneur Sven Gjedrem Ă  la confĂ©rence « Investing for the future » dĂ©but janvier 2008, le fonds, actuellement estimĂ© Ă  350 M$, couvrira, dans 50 ans, 60% des besoins de trĂ©sorerie liĂ©s aux retraites.
Le fonds est le premier fonds europĂ©en et le deuxième mondial après le Government Pension Investment Fund (GPIF) japonais. En moyenne, chaque semaine, ce sont 1 milliard de dollars qui se rajoutent au fonds. Depuis 1998, l’Etat peut investir jusqu’Ă  50% du fonds en bourse (en fait 40% en 2003), le Ministère des Finances Ă©tant chargĂ© d’Ă©tablir les grandes orientations pour ces investissements que la Banque Centrale appliquera. La diversitĂ© des placements (sur près de 75 000 entreprises) et l’aspect durable des investissements est un gage de sĂ©curitĂ© pour ceux-ci.

Certains NorvĂ©giens voudraient voir l’Etat utiliser une plus grande part des revenus pĂ©troliers dans son budget plutĂ´t que dans le fonds. Il est difficile pour eux de voir les files d’attente pour les crèches et les hĂ´pitaux s’allonger, le domaine de la santĂ© Ă©tant particulièrement sensible. D’autres rĂ©pliquent que plus de dĂ©penses publiques entraĂ®neraient une surchauffe de l’Ă©conomie, une augmentation de l’inflation, voire une hausse du chĂ´mage et le ralentissement du dynamisme Ă©conomique et des initiatives privĂ©es. Et ce serait oublier les promesses d’une Ă©quitĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle…

c)     Solution écologique

La Norvège et son industrie pĂ©trolière s’intĂ©resse aux Ă©nergies renouvelables afin de complĂ©ter l’apport Ă©nergĂ©tique norvĂ©gien.
StatoilHydro a investi en 2008 75M NOK dans la compagnie norvĂ©gienne d’Ă©oliennes Sway. Cette dernière installe des Ă©oliennes off-shore. Le vent est puissant et continu au large des cĂ´tes norvĂ©giennes, ce qui constitue un grand potentiel Ă©nergĂ©tique.
Il faudrait 100 000 éoliennes pour remplacer la production énergétique journalière norvégienne de pétrole et de gaz. Le nombre déjà installé constitue donc juste un complément pour le moment aux énergies non-renouvelables et destiné uniquement au marché norvégien.
Des avancées technologiques permettront cependant des débouchés plus importants.

CONCLUSION

Le système de gouvernance hautement dĂ©veloppĂ© de la Norvège est la clĂ© de voĂ»te de sa gestion de ses ressources pĂ©trolières couronnĂ©e  de succès. Les femmes et hommes politiques norvĂ©giens ont su se mettre d’accord sur les outils et les rĂ©formes Ă  mettre en Ĺ“uvre pour atteindre les objectifs Ă  long terme de dĂ©veloppement de l’Ă©conomie norvĂ©gienne et de sa sociĂ©tĂ©. Le slogan pour l’exploitation des richesses « pour le bĂ©nĂ©fice de tout le peuple » est devenu une rĂ©alitĂ©. Le fonds pĂ©trolier a largement contribuĂ© Ă  atteindre ce but.

Cette rĂ©ussite se base donc sur le consensus politique qui a amenĂ© tous les gouvernements successifs Ă  combiner pression pour exploiter toujours plus de pĂ©trole et plus vite et prĂ©servation de la sociĂ©tĂ© des chocs sur l’Ă©conomie et la façon de vivre norvĂ©giennes que cette stimulation entraĂ®ne.

ARTICLE ECRIT par @nofraise

SOURCES

  • FACTS – The Norwegian Petroleum Sector document du NPD
  • MANAGING PETROLEUM RESOURCES – The «Norwegian Model» de Farouk Al-Kasim ; edition : Oxford Institute for Energy Studies
  • Plaquette du MusĂ©e du PĂ©trole Ă  Stagvanger
  • ETUDE ECONOMIQUE DE LA NORVEGE 2005 publication de l’OCDE
  • Stoltenberg-Doktrinen ( «La doctrine Stoltenberg») tirĂ© du journal Verdens Gang (VG) paru le 30 juillet 2007
  • La Norvège et son or noir L’Express du 18/09/2007

ADDENDUM de Patrick Rakotoasitera

Que rajouter au brillant et exhaustif article de @nofraise ? Peut-ĂŞtre faut-il insister sur la note de synthèse, laquelle rappelle qu’en Norvège le slogan pour l’exploitation des richesses se fait  » pour le bĂ©nĂ©fice de tout le peuple  » , en prĂ©cisant la pĂ©riode oĂą a rĂ©gnĂ© ce consensus : celui de la social-dĂ©mocratie. En une phrase, pour reprendre le jeu de mot de l’Ă©crivain JAN KJAERSTAD : il s’agit de la pĂ©riode oĂą le parti travailliste norvĂ©gien ( det noske arbeiderpartie – en abrĂ©gĂ© : DNA ) Ă©tait ni plus ni moins que l’ADN de la Norvège.

Un ADN porteur de sens pour les 4 millions de NorvĂ©giens depuis l’après-guerre. Tandis qu’aujourd’hui, et Ă  ce titre les attentats perpĂ©trĂ©s contre la jeunesse du parti travailliste par le nationaliste d’extrĂŞme droite BREIVIC sont symptomatique d’un vĂ©ritable malaise – il semble qu’ Ă  l’idĂ©al d’une rĂ©partition Ă©quitable des richesses en vue d’assurer l’avenir des futures gĂ©nĂ©rations, se soit substituĂ© un modèle d’accumulation des richesses et des gains financiers tout azimut , en vue d’une redistribution immĂ©diate. Or, ce changement de modèle s’est imposĂ© sous l’impulsion notoire du parti du progrès, le parti populiste norvĂ©gien qui, après la victoire rĂ©cente de l’opposition de droite, devrait entrer au gouvernement.

Malheureusement ,   » le tout , tout de suite  » , soit  l’importance accordĂ©e Ă  la libertĂ© individuelle de jouir de facto des bĂ©nĂ©fices d’une croissance continue , semble avoir relĂ©guĂ© les autres fonctions vitales que doit assurer la sociĂ©tĂ© – l’Ă©ducation, la santĂ©, les soins aux personnes âgĂ©es, et le domaine des infrastructures notamment – Ă  des activitĂ©s devant rĂ©pondre prioritairement Ă  des exigences de gains financiers. OĂą l’on constate en la matière une sorte de faillite morale dont n’est pas exempte le reste de l’Europe, minĂ©e par les mĂŞme populisme, toute soumise qu’elle semble ĂŞtre aussi aux mĂŞme impĂ©ratifs financiers.

Exit en Norvège comme ailleurs les questions Ă©cologiques, le problème que posera la pĂ©riode post-pĂ©trole, exit les vĹ“ux pieux d’une Ă©conomie propre ! La coalition Ă  laquelle participaient les verts a Ă©tĂ© largement balayĂ©e aux dernières Ă©lections .  La tendance est europĂ©enne, qui propulse dans les sondages les partis populistes de tout bord , pour ne pas dire d’extrĂŞme-droite. Ainsi de l’Italie Ă  la Grèce, en passant par l’Autriche, dĂ©jĂ  en Grande Bretagne et bientĂ´t peut-ĂŞtre en France, l’air du temps est aux discours prĂ´nant le repli communautaire, une redistribution des richesses immĂ©diates et ciblĂ©es, un retour au protectionnisme. Et le discours fait mouche au sein de populations que les motivations unilatĂ©rales d’une financiarisation de l’Ă©conomie, ont acculĂ© aux portes d’une misère grandissante.

Mais pourquoi la Norvège au fait ? Ses ressources en pĂ©trole font d’elle un pays riche qui occupe le 2ème rang mondiale du PNB par habitants… Il faut donc croire que cet idĂ©al nouveau qui a relĂ©guĂ© au second rang les principes moraux de l’Ă©galitĂ©, la justice, et la solidaritĂ© au profit d’une libertĂ© essentiellement financière, soit aussi l’autre fondement de ce discours d’extrĂŞme-droite qui gangrène l’Europe : ainsi, sous-jacent Ă  la prĂ©fĂ©rence nationale et au rejet de l’Ă©tranger, l’individualisme forcenĂ© est un sous-entendu qu’il n’est surtout pas question de remettre en cause.

En France l’influence des postulats d’extrĂŞme-droite dans la vie politique française est lui aussi notoire. On sait que le parti d’extrĂŞme-droite y est dĂ©jĂ  arrivĂ© au second tour d’une Ă©lection prĂ©sidentielle. Avec un gouvernement de gauche de plus en plus dĂ©criĂ©, un PrĂ©sident dont la politique est très mal acceptĂ©e au sein de la population française, c’est bien la prolongation de ces politiques nĂ©o-libĂ©rale jugĂ©es surannĂ©es et prĂ©judiciables qui semble devoir annoncer de futurs bons scores pour le parti d’extrĂŞme-droite. Comme si du socialisme libĂ©rale au capitalisme de droite l’absence de voie intermĂ©diaire crĂ©ait un boulevard vers le pouvoir pour le populisme.

En outre, au-delĂ  d’un vide idĂ©ologique qui conforte ce populisme plusieurs facteurs concourent au ras le bol des populations. Le bouleversement Ă©conomique des modes de production et de distribution qui remodèle le tissus industriel de l’Europe comme du monde , gĂ©nère un surcroit de tensions sociales , de par la prĂ©caritĂ© du travail qu’il impose et l’inĂ©galitĂ© croissante des revenus qu’il accentue. Tout en favorisant une crise durable de la gouvernance en Europe pour des partis traditionnels incapables de se dĂ©marquer d’un pouvoir financier sans principes. Le malaise est d’autant plus important dans les grandes villes que le mĂ©tissage et le caractère pluri-ethnique des populations dĂ©noncĂ© par l’extrĂŞme droite Ă  mot couvert ou non , est une rĂ©alitĂ© de la mondialisation.

Certaines vĂ©ritĂ©s sont donc Ă  rappeler Ă  tous ceux que le vote extrĂŞme tente. Les bouleversements sociaux et Ă©conomiques que nous vivons n’ont pas pour origine unique les dits « étrangers » que les tensions sur le marchĂ© du travail n’Ă©pargnent d’ailleurs pas. L’extrĂŞme droite a beau jeu de canaliser la frustration des Ă©lecteurs sur la question, elle n’est pas plus capable que les autres partis de dire comment elle compte modĂ©rer l’ hĂ©gĂ©monie de ces grands groupes industriels dont l’impĂ´t Ă©chappe Ă  l’ Etat, tandis que leur position internationale accentue la concurrence entre salariĂ©, en propageant un modèle social fondĂ© sur la coexistence de l’inĂ©galitĂ© et la prĂ©caritĂ©. Pas un mot non plus sur notre mode de vie responsable d’un Ă©puisement annoncĂ© des ressources de la Terre et de l’aggravation du dĂ©règlement climatique qui tĂ´t ou tard se rappellera bruyamment Ă  nous…

LĂ  oĂą la concentration des moyens de production dans les mains d’une Ă©lite mobilisait la conscience internationale de la classe ouvrière au dĂ©but du XXème siècle, cent ans plus tard, tandis que le processus est comparable l’individualisme forcenĂ© est devenu roi ; et malgrĂ© les enseignements de l’histoire, l’Europe lors de l’Ă©lection prochaine de son prĂ©sident , risque de donner Ă  voir le triste plĂ©biscite des partis d’extrĂŞme droite.

152 Comments on “LA FABULEUSE MANNE PETROLIERE NORVEGIENNE

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