nouvelle sur les genres et les genres d’amour
Il n’y en a plus que pour les jeunes groupes de rock et de rap dans les lycées branchés, mais quels adolescents ne sont pas branchés de nos jours, avec cette aisance pour les technologies modernes, cette manie pour les gadgets electroniques dernier cri, et ces 50 textos par adolescents qu’on envoie tous les jours par téléphone portable interposés ? 

Qui croit n’avoir jamais eu 17 ans, age du rêve, du desespoir, et de la fureur d’etre aimé, ne comprendra pas l’attention qu’ici on prete , au plus proche du réel, aux jeunes adultes d’aujourd’hui, futurs parents de demain dont on pourra toujours se demander si leur look déjanté est le signe d’une rebellion durable, ou qui passera l’adolescent étranglé par sa première cravate, défiguré par son dernier bouton ; ou , signe des temps et marque générationnelle, si ceci est l’indice de la légèreté grave d’une adolescence intériorisant les déjà palpables desastres du monde, tentant d’écarteler les barreaux des conventions, de faire exploser les limites de la liberté ; quitte à vivre dans une virtualité concrète où l’identité individuelle se façonne au sein d’un groupe ayant ses codes, ses rites, ses modes de vie, et qu’on voudrait universel, groupe de rock ou de rap, justement.

Iris, lui c’est le rock qui l’inspire corps et âme, pas n’importe quelle sorte de rock, celui sus nommé  » émotion », raison pour laquelle on dit au lycée qu’Iris est un « émo »; ce en quoi il se reconnait et s’identifit, jusqu’à le revendiquer.

Pour se faire Iris se lève tous les jours à six heures du matin. Il faut dire qu’être « émo » requière un sacerdoce esthétique qui en plus de valoir le détour, pour le coup est un véritable sacerdoce. Donc levée : six heures du matin, puis c’est la douche, Iris est intrétable avec l’hygiène. Après, apanage des adolescents d’aujourd’hui : il se lisse les cheveux. Les siens, mi-long et d’un noir de jaie, il les accomode toujours pour qu’une longue mèche lui cache savamment un oeil. Sanson tirait sa force de sa superbe chevelure, il faut croire que cette croyance est partagée par tous les adolescents branchés, tant ils sont nombreux à l’instar d’Iris, non contant de se lisser les cheveux, à passer des instants inoubliables devant leur miroir travaillant le capillaire avec du gel, puis de la laque, et enfin de la cire. Féminisation des garçons, survalorisation de l’apparence typique de l’adolescence et de nos sociétés, après tout : pourquoi pas ?

Ce qui détonne au regard du style « classique urbain » pour ne pas dire bourgeois, ce sont les inombrables bracelets qu’arborre Iris, avec son bracelet « éponge », le même que celui des tennisman, et surtout ses ongles vernis de noir. Le noir est religion chez les « gothiques », un autre mouvement dont ferait parti Iris s’il n’était un « gothique fashion », soit la définition primordiale de l' »émo ». Car Iris, s’il se gante de mitaine noire, se chausse en « Tuk », « Creepers » à mi-semelle, « Nike », ou « Vans », n’est pas irreductible à la couleur, ni à une certaine forme d’élégance. En témoigne ses teeshurts moulants à l’éffigie de ses groupes de rock préférés :  » Bring me the raison », « Alesana » et les autres, avec leur idole de 20 ans, tatoué de partout en des motifs qu’il faut reconnaitre hauts en couleur et d’un psychédelisme qui n’a rien à envier aux année 70. De plus monsieur se distingue par des swheats à capuche aux couleurs vives et ne dédaigne jamais enrouler savamment autour de son cou de belles écharpes de marques. Quant au bas de son corps, il ne se distingue pas des « minous » à « slim, ces pantalons au plus proche des cuisses dont raffolent les jeunes des années 2010, sinon en se démarquant par une ceinture à clous et de belles petites chaines pendant sur le coté. Signe de rebellion élégante autant qu’authentique à ses yeux, son sac à dos est également un sac à clous.

Mais au-delà du look si essentiel soit-il, le mouvement « émo » est une attitude vis à vis du monde ou plutot une posture mentale faite de droiture et de rigueur. Iris conçoit son mouvement comme une continuité dans l’exercice d’une sorte d’indifférence affectée relativement au monde environnant. Il s’agit pour lui d’être un dandi stoique, le visage le moins crispé possible par quelqu’émotion d’aucune sorte, avec un look poupée de cire et des chansons plein la tête, pourtant.

Iris est un poète. Il griffone dés qu’il en a le coeur des chansons, où il s’adonne dans un anglais parfait au style rock émotion, celui-ci étant caractérisé par des textes forts, où la mort est omniprésente, le désespoir : un mode d’être, la dénonciation des travers de la société : un letmotive, et l’expression des sentiments et des désirs trash ou gore, du genre  » j’aimerai voir couler le sang de ta gorge écorchée par mon amertume », un exercice de style.

La vérité est qu’Iris est devenu « émo » comme mu par une sorte d’inclination à ne pas montrer ses émotions, à toujours retenir quelque chose en soi, tant il est timide. Timidité qui siet à merveille au mouvement des émos. Si provoquant qu’ils sont en apparence avec leur maquillage de coll noir pour souligner la noirceur du regard ou plutot son immertion dans l’abime des émotions.

Malheureusement Iris a beau être « fashion » jusque dans le port de ses lunettes « Reeban » qu’il a choisit du model le plus connu pour y aposer ses verres de vue et ne pas cacher ses sourcils parfaitement épilés, Iris est le seul émo de son lycée.

A la rentrée quand il a franchi le seuil de sa classe, un peu en retard, des nuées de rires ont salué son accoutrement. Edouard et Marc les « gothiques » pouffaient de rire. Brian le « punk américain », le désignant du doigt, hurlait de rire. De même que les « Visual Key », ces fans des groupes « AM Café », « Asian Koung-fu generation », qui s’inspirent des héros de Manga comme « Sangoku », portent des lentilles, des vetements de manga et raffolent des coiffures extravagantes. Kamel au style « rappeur », lui ne tarissait plus de vannes. Quant aux bourgeois, les plus nombreux, comme Thomas, on peut le dire : ils étaient mort de rire en le voyant.

Iris demeura impassible en apparence, et, poli s’excusa de son léger retard auprès du professeur qui n’en finissait plus de le dévisager avec un léger air de mépris,tout en agitant les bras pour faire retomber le ton hurlant de sa classe. Mais dors et déjà , comme toute la classe et même comme tous les groupes du lycée, il savait qui serait sa tête de turc cette année. Et cela ne manqua pas.

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