Merci aux croyants qui ont pu se rendre à Amsterdam entre le 27 et le 30 juin pour ce moment de communion vers une ascension retrouvée, alors que la tâche était périlleuse : jusqu’au dernier moment notre voyage en couple , sans notre fille, nous avions failli y renoncer et finalement, nous étions dans le bus  » Bruxelles /Amsterdam », comme lors de notre précédent voyage à Amsterdam, celui qui avait eu lieu au début de notre relation tumultueuse… 

Pour ma part, j’avais déjà produit une accélération de ma vitesse de déplacement moyen, en prenant le bus depuis Paris jusqu ‘en Belgique et maintenant jusqu’à Amsterdam, j’en profitais , comme cela avait commencé par une marche à pas forcés de plusieurs kilomètres qui m’avait permis de gagner en temps de réaction , pour scruter le paysage :  état d’esprit idéal lorsque l’on est sensé éviter une catastrophe climatique dont les longues fenêtres du car , sur 380° ne semblaient pas annoncer les prémisses.

Etait-il possible que cela ne se produise pas ? comble de l’expérience scientifique qui tourne court, juste avant de partir ,  en soulevant la poussette pour monter quelques marches , mon portable était sorti de ma poche et , sans que j’ai le temps de réagir , il était venu se fracasser sur une marche : écran cassé , impossibilité d’utiliser l’ordinateur si je souhaite avoir un aperçu satellite de la situation météorologique en temps réel : tout devrait être réalisé à l’instinct , certes avec l’aide du portable de ma compagne , mais je n’aurais pas accès aux conseils des anglosaxons qui ont customisés mon portable et les applications qui y sont installées , m’avertissant à tout moment comme mon propre centre référent interarmées, des situations de danger climatique potentiel.

Mon point de vue était qu’après les premières vagues de chaleur de juin, des inondations de l’intensité de celles qui sont survenues en Belgique et  en Allemagne, l’année dernière, avaient de fortes chances de se reproduire bientôt.

Dans le bus, j’étais d’autant plus attentifs aux cours d’eaux, aux bras de rivières , aux fleuves .  Tout semblait normal, de la pluie était attendue ; cependant que gris et parcourut de cumulonimbus , le ciel restait bleu clair : il ne pleuvait pas, tel qu’annoncé par les services météorologiques … il n’avait pas plu vraiment à notre arrivée à Bruxelles non plus ; tout comme lors de  mon arrivée en Belgique : chaque fois, les nuages avaient roulé dans le ciel comme des cailloux secs, déjouant les pronostics des meilleurs ordinateurs.

Arrivés à la gare routière d’Amsterdam, le ciel était devenu de plus en plus bas et lourd, à mesure que nous perdîmes nos pas dans le hall de la gare et dehors, à chercher une direction que ne semblait pas vouloir indiquer l’ordinateur. Puis traversant plusieurs canaux en toute hâte, pressés par l’imminence de l’averse, je m’émerveillais de réussir à tout voir : de l’oiseau, la mouette  qui nous avait accueillie , au détail de tel feuillage d’arbre, plus haut, qui réagissait à nos ondes , au bruissement de chaque feuille relâchant de l’oxygène, que je pouvais suivre du regard. 

Il y a , en effet, depuis  plus de cinq ans que , ne pouvant porter le regard à hauteur d’homme, je suis contraint  de marcher en baissant les yeux, incapable que je suis, de fixer autre chose que les sols de rue. Cette punition , ô combien douloureuse pour le peintre que je suis, à force de persister, avait fini par  m’évoquer le sort que Dieu imposa à un prophète pendant sept ans, durant les quels notre homme ne put dormir autrement que sur un côté, ni sur le dos , ni sur le ventre … 

Merveilleux miracle ! Maintenant je pouvais voir Tout ! le ciel nous avait tout de même mâtinés d’une eau de pluie drue : des lignes d’eau épaisses, serrées,  touffues, explosaient en crépitant sur la chaussée d’Amsterdam, sans avoir le temps de tremper entièrement nos habits : nous étions entrés dans un coffee shop, temple des tentations touristiques contemporaines  où nous étions près de dépenser 20 euros, afin de fêter notre arrivée dans ce beau Pays-Bas.

Je n’était pas inquiet. Je ne pensais déjà plus à la pluie après le premier joint. Je regardais la mère de ma fille. Les écrans plasma sur les murs me happaient vers un univers américain où la culture de l’herbe de marijuana mobilisait des Hangars assez  démesurément immenses, capables de contenir un Boeing .  Business   parfaitement  juteux , florissant,  et extrêmement légal ; dont le coffee shop qui nous accueillait était un des plus renommé point de vente dans le monde. Les photos des stars qui l’avaient fréquenté trônaient, à l’entrée de l’établissement.

La pluie avait cessé : nous ressortions d’un univers parfaitement hermétique à la lumière du jour, accueillis sous l’hospice flamboyant d’un soleil bon, chaud, doux, lumineux et sublime.

Que pouvait-il se produire mal en ces instants vécus dans cette ville flottante, où un besoin hérissé de certitudes de stopper les averses annoncées , avait encouragé  ma venue ? 

Nous ne croisâmes que des hommes et des femmes au regard habité par une certaine quiétude, semblait-il : Amsterdam confère à ceux qui y habitent annuellement un cadre de vie ayant somptueusement traversé les siècles .  La modernité y consiste à privilégier le vélo à la voiture à essence, le dialogue avec ses voisins : des tables basses et des bancs sont installés dans la rue sous les fenêtres des premiers étages, assurant un lieu de détente et de rencontres, à la fois accolé à votre lieu d’habitation, et directement dans votre rue. 

 

                                                                           à suivre … patrick rakotoasitera

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          » Nous regardions par                                   terre  » :

 

 

                  Chapitre 1 :

 

 

Certains vivent la vie comme une véritable kabbale menée contre eux -même. Pour d’autres, les soucis opérant,  on peut conclure qu’ils sont très malchanceux… je faisais partie de cette dernière catégorie : ceux dont ni Dieu, ni le diable n’avait voulu bien s’occuper de leur cas… des cas impossibles ; un peu comme s’il était normale que, chaque soir, un éléphant rentre dormir dans un cube d’un centimètre cube, et ressorte, le lendemain,  faire ses courses au supermarché du coin, sans que personne n’y trouve rien à redire ! D’ailleurs,  quoi dire à un éléphant de dix tonnes, rencontré entre le rayon fromage et charcuterie ?

 

 

Dans l’année qui suivit ELZA repris ses études à la fac, et accepta souvent qu’ ALEXANDRE vint la voir dans son joyeusement désordonné et minuscule studio de la rue de Belleville. Là, ALEXANDRE lui préparait des petits plats de légumes, comme autrefois, ils discutaient des heures entières ; et parfois, il semblait à ALEXANDRE que rien n’avait changé, qu’ils s’aimaient toujours, et certes c’était vrai, ils s’aimaient toujours. Mais ELZA autrement qu’ALEXANDRE ne l’aimait. C’est à dire qu’elle ne le désirait plus.  » oui, c’est étrange,je sais, disait-elle, mais il en va du désir comme de la destinée du monde , ils sont mystérieux , voilà tout ! Et on ne peut rien y faire « .

Certes,ils s’embrassaient encore et se cajolaient longuement, mais chaque fois que l’étreinte devenait plus sexuelle, ELZA se dégageait. Après avoir caressé ses seins, le sexe tendu dans son pantalon, ALEXANDRE échouait toujours à deux doigts des poils pubien. Et ELZA était aussi intraitable qu’ALEXANDRE insistant. Bien souvent cela se terminait en hurlement. ELZA criait contre ALEXANDRE, voir le chassait de chez elle ; mais chaque fois, comme elle l’aimait, elle ne pouvait s’empêchée de l’accueillir à nouveau.

Elle avait besoin de lui, besoin de ses avances qui la flattaient, et un soir, il fallait s’y attendre, parce que particulièrement disposée, elle ne résistât pas.

ALEXANDRE la pris dans ses bras puissants. Elle, soulevée,s’agrippait aux épaules d’ALEXANDRE, ses minces cuisses par dessus les avant bras de son amant, il l’empala,et à la force de ses bras la faisait monter et descendre un long moment, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, jusqu’à ce qu’il tombe dans le fouillis des papiers jonchés sur sa moquette , et que là, il commence à la lécher savamment, sa langue titillant son clithoris, en de rapides coups de langues, qui faisaient se cabrer ELZA. Et lorsqu’elle eut jouit, ALEXANDRE, sitôt après, la darda de son sexe, trop heureux de le sentir en elle, encore une fois. Mais décidément, il était dit que c’était la fin de leur idylle, car les deux autres fois où ELZA consentit à faire l’amour furent les plus pitoyables de la vie d’ALEXANDRE. Il éjaculait vite, ne donnait rien, et ne ressentit pas plus. ELZA qui s’était convaincue qu’ALEXANDRE était un piètre amant, ne voulut plus qu’il la touche à partir de ce moment là. Ce qui fut effectif et mena ALEXANDRE au désespoir. Chaque fois qu’il quittait sa belle. Mais ELZA voulait toujours le revoir. Elle lui donnait des nouvelles de la famille.

JULIE et son mari s’étaient séparés pour cause d’incompatibilité d’humeur. Le frère d’ELZA les tenaient toujours un peu éloignées de sa vie de jet-setteur. PAUL, et c’est ce qui émut le plus ALEXANDRE, allait mal. Durant l’hivers,il eut ce que tout le monde prit pour une grave pneumonie et se révéla être un syndrome infectieux aigu respiratoire causant une altération de son état général. Il faut dire, PAUL avait fumé le cigare plus de trente ans durant. Le benzopyrène présent dans la fumée et les pesticides déposés dans les feuilles de tabac, après avoir franchient la membrane cellulaire, s’étaient fixés sur l’ADN de la cellule pulmonaire, au point de modifier son ADN, et de transmettre cette perturbation à toute sa descendance de cellules.

Ces modifications monstrueuses sur les cellules suivantes, affectaient leur taille, leurs formes et leurs compositions, à un rythme si effréné et anarchique que le tissu cancéreux occupa les espaces interstitiels du poumon droit ; et qu’il faudrait envisager une ablation du poumon.

La nouvelle était donc tombée comme un couperet, jetant dans l’effroi les jumelles, devant tant de malchances. Sa mère d’abord, et maintenant son père que menaçait l’ombre de la nuit éternelle.

Au début du printemps , PAUL subit l’ablation de sa tumeur cancéreuse. Tout le monde craignit pour sa vie, mais l’opération se déroula bien. On pouvait croire qu’il était sauvé même s’il lui faudrait subir de la chimiothérapie. Après , ses séances, durant lesquelles PAUL souffrit de maux de tête, de vomissement, de douleurs lancinantes. Il alla en villégiature dans une maison de repos. Chaque fois qu’ ALEXANDRE voyait ELZA, il prenait des nouvelles de son père. Celui-ci s’en remettait difficilement et il avait beaucoup maigri et vieilli prématurément, mais il tenait le coup… .

Après son retour d’IBIZA, les choses s’étaient plutôt bien passée entre BAHIA et ALEXANDRE, comme au fond d’eux-même, ils s’aimaient toujours, et parce qu’OLIVIER, le rival, avait dû partir en Afrique du Sud, pour un stage d’une durée indéterminée. BAHIA conversait avec lui par lettres, dans lesquelles elles se comparait à l’Anne de Buridan, ne sachant de l’orge ou de l’avoine, quel met il préférait, ce qui le laissa mort de faim. Oui BAHIA aimait deux hommes comme ALEXANDRE aimait deux femmes. Et aucun des deux ne voulaient choisir, les événements allaient leur dicter leur conduite. En attendant BAHIA qui s’était refusée à ALEXANDRE pendant un mois, par jalousie, recommençait à lui faire l’amour de longues heures durant.

Et n’eut été la présence quelque part de leurs rivaux, on eut dit que les deux amants s’étaient remis ensemble pour de bon. ALEXANDRE avait trouvé un contrat-emploi-solidarité à la Poste , où il effectuait du tri, lequel emploi, vu qu’il était aimé et apprécié, allait lui donner l’occasion d’occuper un bureau avec téléphone, ordinateur et tout le toutim , quand pour remplacer un congé maternité, chance lui fut offerte d’occuper un CDD d’assistant commercial. Quand il rentrait, BAHIA qui s’était mise à la cuisine, lui préparait de bons petits plats, fins et légers. Puis ils regardaient un peu la télévision et allaient faire l’amour. SHAFIK, le voisin était toujours de bon conseil pour ALEXANDRE, lui suggérant d’intensifier sa séduction, de multiplier les petites attentions s’il voulait s’attacher les faveurs de sa belle. Tandis que SOUAD enseignait à BAHIA, la tempérance et une certaine forme de soumission pour le bonheur du couple. Soumission à laquelle BAHIA , si sauvage parfois, s’était révélée étrangère.

Bientôt BAHIA ne reçu plus de nouvelles de son amant, et il sembla que l’histoire se termina là. Un soir qu’elle était rentrées après lui, sans qu’il sut jamais pourquoi, sinon à supposer que quelqu’un lui avait titille l’anus, BAHIA s’agenouilla, et elle se mis à quatre patte sur le tapis et demanda à ALEXANDRE de la dépuceler du cul.

Trop ravi, ALEXANDRE s’agenouilla pour lui humecter le pourtour de l’anus avec sa langue, et après avoir introduit un doigt y plongea son sexe. BAHIA qui était bien dans son corps, jouit facilement, et depuis ils pouvaient ajouter cette province du sexe, à l’empire de leurs sens ; ALEXANDRE ne manquant jamais au cour de leurs ébats de la limer par derrière, ce qu’elle aimait toujours bien.

      Chapitre IX : « le collier d’Ibiza »

 

Le père d’Alexandre conduisit son fils jusqu’à l’aéroport de Roissy.Depuis qu’Alexandre était parti de la demeure familiale, le père avait fait la rencontre d’une femme et en avait été tout de suite séduit. Au cours d’une soirée de jour de l’an,Ils avaient partagé leur secret : Yolande était également veuve et ils s’étaient suffisamment rapprochés l’un de l’autre pour se fréquenter régulièrement et échafauder des projets d’avenir. Et pendant que le père ,au volant , lui racontait tout cela, Sa nouvelle vie, son bonheur retrouvé, il lui donna des nouvelles de son frère.

Celui-ci était aussi parti du nid familial pour vivre à Rueil-Malmaison chez une femme un peu plus Agée que lui. Que la maison était calme sans eux ! Le père d’Alexandre projetait d’ailleurs d’aller revivre chez sa mère afin de bénéficier d’un peu de compagnie et en attendant de pouvoir s’installer avec sa belle.

 Alexandre était heureux de pouvoir ainsi discuter avec son père. Depuis deux ans qu’il vivait avec Bahia il l’avait peu revu et c’était incroyable comme son père incarnait à ses yeux tout un passé d’excès et de bonheur. Bonheur de vivre et d’aimer Bahia, bonheur d’être entouré d’une multitude d’amis fêtards, bonheur de vivre en famille sans avoir à se soucier de rien.  Car si son contrat à durée déterminée au Louvre s’était terminé quelques mois auparavant, Alexandre arrivait en fin de droits ASSEDIC et après ses vacances ,il devrait se remettre à rechercher du travail .

 Alexandre prenait l’avion quasiment pour la première fois de sa vie. Au décollage, il avait senti frémir en lui l’aura des vacances avec sa ville, son pays qu’on quitte , l’inconnu qui s’offrent à vous, et avec lui tout son lot de dépaysement. Le nez collé sur le hublot, Alexandre avait goûté la corolle des  nuages que l’avion survolait ou pénétrait. C’était merveilleux de voir le paysage de Si haut ! Puis, L’avion avait atterri. La porte s’était ouverte sur une atmosphère à 32 °C. En descendant Alexandre s’était senti subitement enveloppé dans un manteau de chaleur. Le décor devant ses yeux lui évoquait un paysage plutôt désertique, avec dans l’air une légère poussière de sable, des palmiers tout  autour évoquant une végétation méditerranéenne. Elza l’avait accueilli en se jetant dans ses bras. Elle était toute bronzée, depuis une semaine qu’elle lézardait sur les plages d’Ibiza. Ses cheveux ondulés pas encore sec retombaient sur un T-shirt court aux épaules et lâche autour du cou, sous lequel ses petits seins pointaient. Le T-shirt, kitsch, surmontait un short riquiqui Lequel laissait apparaître de longues jambes bien dessinées que des bottes cachaient  jusqu’aux mollets : Elza était superbe.

 Son petit brin de femme l’invita à bord d’un gros 4×4 à serpenter à travers de petites routes bordées de forêts espagnoles dont le vert des arbres paru tout de suite inhabituel à Alexandre .À Ibiza,la végétation abreuvée sans doute par trop d’exubérance solaire, arborait des nuances de verts fluorescents, ou disons d’un vert émeraude superbe !  À 5 km de l’aéroport, la voiture quitta la route pour prendre un petit sentier longé de villas dont les fleurs qui les décoraient étaient d’un ton rouge et violet irréel . Ils s’arrêtèrent un peu plus haut, dans la cour d’une immense demeure agencée autour d’une piscine aux reflets bleu pale très purs dans lesquels venaient  danser les entrelacs infinis des rayons du soleil .

 Elza convia Alexandre à la suivre dans une bâtisse plus éloignée. Il entra dans une grande pièce ayant une cuisine américaine ,visita les deux chambres. La maison était bordée d’une petite piscine qui surplombait une étendue d’arbre vert fluorescent, des villas en contrebas perdues au milieu des arbres, tandis qu’ au loin se dessinait la ligne d’horizon d’une mer d’un bleu de Prusse piquant, laquelle mer  semblait perdu au milieu de cette végétation touffue et dense à la chlorophylle magique.  La forêt luxuriante au milieu de laquelle ils étaient ,comptait, Alexandre les dénombra,  jusqu’à 14 verts d’un ton fluorescent différents.

 Après qu’il eut posé ses valises, Elza se laissa effeuiller docilement sur un matelas posé à même le sol de la pièce. Il remarqua tout de suite qu’Elza ne portait plus le joli collier qu’il lui avait offert et qu’elle avait jusque là gardé sur elle sans jamais le quitter tel le symbole de leur amour. Elza resta très discrète sur la façon dont elle l’avait perdu, incitant Alexandre à l’embrasser plutôt que de penser à ce symbole qu’elle semblait maintenant considérer comme enfantin,  Naïf et ridiculement niais.Alexandre qui aimait Elsa d’un amour il est vrai un peu naïf, en fut touché et blessé. Pendant qu’ il la déshabilla il ne put s’empêcher de penser à un acte de félonie de la part d’Elsa. Ne l’aimait-t’elle  plus comme avant ou alors était-ce cette île de toutes les tentations  qui l’avait transformée pendant son absence, avec ces fêtes arrosées de drogue, sa musique techno envoûtante et destructrice de tout amour romantique, ses amours faciles où le collier avait du être arraché durant un ébat sauvage, sur une plage d’Ibiza, ou dans ce lit lui- même où Alexandre, perturbé, lui faisait mollement l’ amour, sans ressentir lorsqu’il fut en elle la même magie qu’autrefois.  Elle le remarqua et ne lui en tint pas rigueur. Après tout, comme elle le disait souvent, rien ne les obligeait à une performance sexuelle qu’elle jugeait par ailleurs ridicule .

 Mais à partir du moment où Alexandre avait posé les pieds dans la villa et depuis le moment où il avait remarqué la disparition du collier, rien ne fut plus pareil entre eux. Elza se montrait moins aimante, plus acerbes et distante face à la romantique étreinte d’Alexandre dont elle jugeait le manque d’autonomie rédhibitoire. Elle revendiquait des moments de solitude et d’indépendance que contrariaient les élans d’Alexandre, toujours prompt à la prendre dans ses bras et à la couvrir de baisers étouffant. Alexandre en fut vivement affecté. Heureusement il y avait le soleil et la magie d’Ibiza qui le distrayait. Avant d’aller s’étendre sur une plage couverte d’un monde bigarré et aux corps décorés de Persings, de tatouages tribaux , Alexandre et Elza se rendaient dans le centre-ville sur un des scooters qu’ils avaient loué.  Hormis la vieille ville Et son port dominé par un fort rustique aux rues pavées bordées de commerçants en tous genres et qu’Alexandre trouvait fort charmant, la nouvelle ville aux immeubles bas lui semblait des plus quelconque et il se demandait en lui-même pourquoi Ibiza était tant prisée. Il n’avait pas encore eu la possibilité d’en apprécier les fêtes des boîtes de nuit ,nombreuses au kilomètre carré dans Ibiza même, et qui faisaient toute la renommée de l’île.

Alexandre passa la première semaine presque exclusivement en compagnie d’Elza. Loin du corps de bâtiment principal de la villa , qu’occupaient le frère d’Elza avec ses amis. Le soir, Alexandre entendait la musique envoûtante de leurs fêtes, sans pouvoir y participer comme Elza ne souhaitait pas se mêler aux amis de son frère. Alexandre les imaginaient autour de la piscine, après un dîner au barbecue, dansant nu. Certainement devaient-ils être en compagnie de naïades rencontrées en boite de nuit. Certainement n’étaient-elles pas les dernières à boire, fumer des joints,s’emplir le nez de coke,ou à se disjoncter les neurones à grands coups d’extasy ou d’acides …

Ce ne fut qu’une semaine plus tard, lorsque les amis terribles furent envolés que les parents et la soeur d’Elza , julie accompagnée de son mari, débarquèrent à Ibiza. Alexandre et Elza investirent une chambre proche de celle de Julie et son mari , qui longeait la grande piscine de la villa. Disposée en « U » autour de la piscine , la villa abritait aussi les chambres de Fulvio, le cousin et du frère qui avait cédé sa grande chambre aux parents qui prirent position de l’autre cote de la piscine,dans un bâtiment séparé. L’après-midi les deux soeurs nageaient longuement au milieu des ondulations lumineuses de la piscine. On écoutait de la musique, tout en lézardant sur les transats. Les un lisant, d’autres discutant. Alexandre se roulant des joints pour avoir le plaisir de les griller en pleine chaleur, la tête envoûtée de rêves. Car tout cela le faisait rêver. Alexandre adorait la famille d’Elza, son père si gentil et classe, sa soeur si prévenante à son égard. Bien sûr, il déplorait l’éloignement récent d’Elza et se demandait si il était possible qu’Elza soit devenue si soudainement indépendante, sans oser imaginer qu’elle puisse être moins amoureuse.

Un soir, tandis que les deux soeurs jumelles, fatiguées, s’étaient retirées dans leur chambre respective, Alexandre était resté au bord de la piscine à deviser avec le mari de Julie. Ils semblait bien s’apprécier tous les deux. Lui était originaire de New Delhi. Il avait rencontré julie au cours de ses études de commerce international. Et pendant un voyage à Las Vegas, sur un coup de tête, loin de leur famille, le couple avait décidé de se marier ; ne faisant, à leur retour, qu’une petite fête en cercle restreint pour marquer l’événement. Le père de julie , comme à son habitude si respectueux des décisions de ses filles, avait tout de suite accueilli la nouvelle avec bonheur ; chérissant ce nouveau gendre qui lui offrirait peut-être un petit fils un jour. Cela faisait quatre ans que Julie avait épousé son mari. Avec l’aide du père , ils avaient pu créer cette fameuse start up  dont les bénéfices s’annonçaient enfin substantiels.

Alexandre et le mari de Julie avaient trop bu au point d’être saouls comme des cochons. Le haschisch les avaient mis d’humeur à faire la fête. Aussi décidèrent ils de partir sans les filles s’encanailler dans les discothèques d’Ibiza, histoire pour Alexandre d’enfin goûter à la véritable magie de l’île. Ni l’un ni l’autre n’en avait le droit car ils n’avaient pas le permis : ni une ni deux, les compères de beuverie volèrent un des scooters de la famille , et décrétèrent que mordicus ils se rendraient en ville quitte à braver la nuit noire qui avait enveloppé Ibiza.

Alexandre conduisit. L’attention nécessaire au bon maniement du scooter l’avait dégrisé. Le vent qui s’engouffrait dans ses yeux , lui giflait aussi la face comme pour le maintenir éveillé et en alerte. sous sa main la manette d’accélération faisait vrombir le moteur dans leurs oreilles. Tous deux trépignaient à l’idée de cette escapade interdite. Elle leur semblait une salutaire bouffée d’oxygène au relent de mystère et d’inconnu. Allaient-ils retrouver le chemin de la villa distante de plusieurs kilomètres du centre-ville ? Peu leur importait : c’était les vacances et Ibiza la séductrice lascive allait se livrer à leurs yeux de novices. Alexandre  reconnu , arrivé au rond point donnant sur le centre-ville, le chemin à travers les rues illuminées, qui les mèneraient au vieux port où étaient les boites de nuit. Une fois rendu, ils palpitaient d’émotion en garant le scooter devant la boite : la rue noire de monde étaient pleine de scooters, moyen habituel des habitants d’Ibiza pour se déplacer. Il devait y avoir une cinquantaine de scooter alignés contre le trottoir.

Devant Alexandre ahuri, le mari de Julie déboursa cinq cents francs par personne pour s’acquitter du droit d’entrée. La situation parut surréaliste à Alexandre habitué à la centaine de francs des boites de nuit parisiennes qu’il fréquentait. La boite était noire de monde et gigantesque. Plusieurs pistes de danse, autant de dj, partout des lumières colorées projetées sur les murs avec des flash stroboscopiques. des bars dans toutes les salles et tout le monde qui paraissait déchiré à déjà deux heures du matin. Filles comme garçons d’ailleurs , lesquels étaient un condensé de persings,tatouages et tenues de jet setter. Toutes les nations se mêlaient sur la piste, des allemands, nombreux à Ibiza, aux espagnols bien sûr, en passant par les anglais et les français. Alexandre se fit la réflexion qu’il fallait être riche ici pour s’amuser. Le prix d’une seule boisson équivalait le prix d’entrée des boites  de Paris : cent francs ! Cela le laissa songeur… . Ils restèrent trois heures dans la boite, passant leur temps à vaquer d’une piste de dance à l’autre, d’un bar à l’autre, finissant de se saouler dans l’ambiance électrique des  rythmes de la techno aux sons synthétiques calqués sur les battements de coeur . Sons envoûtant et dévastateurs …

Ils repartirent tandis que le soleil n’était pas encore levé, à la limite de la nuit et du jour. Au sortir de la ville, tandis qu’ils arrivaient au rond point un spectacle tragique les pétrifiait d’horreur. A l’entrée du rond point : une voiture arrêtée, le capot encore fumant. Devant elle un scooter renversé et le cadavre d’un jeune homme, immobile, la tête encastrée dans le pare-brise. Le jeune homme ne portait pas de casque, les deux passagers de la voiture pas de ceinture non plus, avaient la tête ensanglantée et également encastrée dans le pare-brise. Tous les trois étaient gravement blessés ou mort.  Aucun ne bougeaient. La police était déjà sur le lieu de l’accident : un agent régulait la circulation, attendant que ne vienne une ambulance. Un instant Alexandre cru qu’ils seraient contrôlés et sommés de présenter un permis de conduire, ce qui ne se produisit pas.  Les flics espagnols les laissèrent passer . Ils étaient tout heureux d’avoir franchi le contrôle, heureux et bourrés, eux qui avaient déjà bien du mal à croire que dans leur état, ils pourraient retrouver leur chemin…

Ils racontèrent leur aventure aux deux sœurs dans l’après-midi. Elles les réprimandèrent doucement d’autant de légèreté, les exhortant de ne plus prendre autant de risques . Alexandre venait de goûter aux fabuleuses nuits d’Ibiza … et bien la boîte de nuit à l’effervescente ambiance ne lui avait pas semblé si dépaysante finalement.

La famille d’Elza resta dix jours, durant lesquels on se régala de viande grillée, de chipolatas et de succulentes salades. On fit quelques mémorables sortie encore, puis tout le monde partit. Alexandre et Elza restèrent en  tête à tête, dans une ambiance de plus en plus morose pour leur couple. C’est alors que Elza dont sa torpeur envers les hommes avait dû la reprendre, fondit en larmes à l’idée de quitter ses chats et entra dans une colère monstre devant l’apathie et l’indifférence que lui témoignait Alexandre qui se sentit démuni comme une poule à qui on vient de couper la tête, devant tant de simagrées. Bien mal lui avait pris , entre eux ce fut bel et bien fini. Elza souhaitait même qu’il reprenne l’avion immédiatement. Il ne sût pas pourquoi elle se ravisa.

Tout de même ils firent chambre à part et seulement quatre jours après Alexandre lui demanda si ils pouvaient faire l’amour une dernière fois . Elza consentit à lui ouvrir son lit. Il la fourragea avec force et détermination, un peu violemment même, en se gardant consciemment d’être tendre . Et après avoir éjaculé il la sodomisa, tirant sur ses cheveux, lui griffant le dos en agitant son joli petit cul dans tous les sens au point de la faire jouir. Après, Elza fut plus calme, elle était moins agressive et redevenue presque tendre avec Alexandre. C’est fou, dit-elle, comme un bon coup de bite… et… je ne sais pas… tout est bien … .

Certes ce fut le cas quelques jours, malheureusement l’attention nouvelle qu’ils se consacraient l’un à l’autre retomba, et Elza se montra jusqu’à la fin un peu distante et méchante. Ils firent encore quelques jolies balades sous le soleil merveilleux d’Ibiza, découvrirent des plages désertes et fabuleuses où les ibicencos, à même le sable, créaient des empilements de galets comme autant d’autels mystiques dédiés à l’immensité. Ils se rendirent encore et toujours sur les créneaux du fort d’Ibiza pour admirer la mer et le port…

Dans l’avion du retour, Elza se montra très douce et demanda à Alexandre qu’il la prenne dans ses bras. Il espéra que leur idylle reprenait vie, elle de lui faire savoir qu’elle ignorait la raison de ce besoin d’être rassurée. Tous les deux de passer le reste du voyage à rêver chacun dans son coin, pour, à Paris, se séparer et repartir chacun de son côté, Alexandre la mort dans l’âme.

Le périphérique parisien parut bien terne à Alexandre. Il faisait beau pourtant. Il y a que ses yeux étaient encore tout impressionnés et imbibés des lumières d’Ibiza, ses couleurs, ses collines aux arbres dont le vert est si particulier. C’est exactement cela, lui manquaient à Paris la fluorescence de la végétation, ces verts si piquant et cette incomparable odeur de vacances. Son père venu le chercher dîna avec lui dans son petit deux pièce. Alexandre raconta ses vacances, l’éloignement d’Elza, son désespoir, l’amour qu’il lui vouait toujours et cette rupture incompréhensible… Elza était un petit brin de femme bien étrange décidément.

 

 

 

CHAPITRE VII : Rencontre avec Elza

Alexandre avait les nerfs vrillés de honte et de douleur, et il sentait la dépression l’anéantir. Cet été là, il prit une décision qui allait se révéler providentielle. Pour se faire aider, il se décida à consulter un psychologue, rencontra le fantasque docteur Faurie, aussi bien accoutumé à travailler avec des enfants qu’avec des adultes. Psychiatre en vérité qui avait réussi à s’échapper de l’hôpital psychiatrique et créer une structure autonome. Faurie était drôle, d’une intelligence rare, et Alexandre avait surtout remarqué combien sa stagiaire était des plus troublantes. Depuis, c’est pour elle qui lui faisait du bien, presque plus que pour Faurie qu’Alexandre s’était mis à fréquenter son cabinet.

Le rituel était immuable. Il parlait en tête à tête avec Elza dans le salon d’attente, ensuite venait le tour de Faurie. D’ailleurs Elza se débrouilla pour être en dehors du bureau de Faurie, les deux premières fois où Alexandre s’était présenté au cabinet. Leur rencontre avait été joviale, Elza était très douce, et leur discussion à bâton rompu des plus vive : ils avaient beaucoup de choses à se dire. Et sans qu’il sût très bien à quoi attribuer ce phénomène, au bout de deux séances, Alexandre était tombé amoureux. La troisième fois, Elza ne put se libérer et il dût la voir en présence de Faurie. Celui-ci le savait, et il leur proposa deux minutes de solitude en fin de séance. Alexandre ne put dire que deux mots à Elza : « je t’aime » , elle d’en répondre cinq : « je t’aime moi aussi ».

Par la suite, Elza avait tenu à offrir à Alexandre le livre « totem et tabou » de Freud, arguant qu’il ne le tenait pas assez en estime selon elle. Seulement Alexandre avait oublié le livre dans le cabinet de Faurie, or celui-ci, qui pour l’avoir ouvert et avoir lu la dédicace, ne manqua pas de faire savoir à sa stagiaire combien c’était peu déontologique de laisser à ses patients son numéro de téléphone personnel. Mais Faurie n’avait rien fait pour empêcher Alexandre d’avoir le livre, surveillant seulement la situation du coin de l’œil. Et Elza avait pu revoir Alexandre en dehors du cabinet, la semaine suivante.

Quand ils se virent sur les quais de la Seine où ils s’étaient romantiquement donnés rendez-vous : le cœur d’Alexandre tonnait à nouveau. Il fait chaud, ma peau est moite, et gourmande, j’ai envi de te toucher … fit Elza et elle embrassa Alexandre. Peu après Elza l’invita au restaurant. Comme à leur habitude maintenant, entre deux trois mots tendres, leur conversation portait exclusivement sur la psychologie. Mais en fin de repas Elza se révéla être une petite effrontée dénuée de tout doutes. Elle narra à Alexandre, toute ouïe, l’histoire de sa romance avec son prof de faculté. Après les cours, elle avait pris son courage à deux mains et s’était décidée à inviter au restaurant son prof chéri. Celui-ci à sa plus grande satisfaction avait accepté. Or, à la fin du repas, elle dût lui avouer qu’elle avait également réservé une chambre d’hôtel pour eux deux. Il fut d’abord surpris mais pas effarouché, et l’y suivit. Il la prit violemment dans la chambre … . Comme ils finissaient leurs plats : Elza avoua à Alexandre qu’elle avait également réservé une chambre pour eux dans un hôtel près de là. Alexandre s’en trouva ravi.

Il la déshabilla sur le lit pour constater qu’Elza était d’une finesse de corps rare, avec des seins fins comme de jolis citron et une chatte pas trop dense et très belle. Ils firent l’amour trois heures durant les quelles Elza se livrait pieds et poings liés à son amant, acceptant toutes les poses, toutes les positions, toutes les formes d’amour. Entièrement soumise à son désir.

Elza était plus petite que Bahia. Elle avait un nez busqué rigolo, de fantastiques cils qui lui faisaient de grands yeux, et une bouche superbement lisse : très sociable, son visage savait prendre mille expressions, ses traits mobiles étaient l’outil majeur de son charme dévastateur : elle était jolie Elza.

Ils s’étaient revus le lendemain et le surlendemain. Et chez Faurie. Alexandre ignorait si elle en avait les moyens, mais chaque fois il se laissait inviter à l’hôtel. Puis ce fut la catastrophe pour elle. Elle raconta que Faurie avait voulu savoir ce qui se passait, et elle n’avait pu lui mentir, d’ailleurs il avait deviné le pire. Un passage à l’acte consommé, une transgression qui ne semblait jamais avoir été prise en compte, en somme. Faurie la congédia de son stage et refusa de le valider. Par amour pour Alexandre, Elza venait de redoubler son année. Elle ne lui en tint pas rigueur. Au contraire, lorsqu’elle le revit, elle s’agenouilla et lui dégrafa le pantalon, prit son sexe dans sa bouche et suça. Décontenancé Alexandre ne voulut pas lui souiller la bouche…

Elza était lascive, caressante et enveloppante. Il la désirait. Elza voulait l’accueillir en elle. Elle adorait ses mains sur son corps. Ils se chuchotaient des choses pendant qu’il la fourrait. « Tu demeures mes songes, mes plus douces pensées, mes caresses les plus renversantes, mes baisers les plus langoureux. » Ils étaient parcourus par des vibrations volcaniques à chaque fois que son sexe entrait dans sa vulve. Leurs étreintes étaient orgasmiques. Quand c’était fini, Elza disait, j’ai encore envi de toi. Je suis incandescente, attention !

Alexandre avait une haute opinion de sa maîtresse. Depuis qu’elle était libre de toutes obligations universitaires, ils se voyaient tous les jours. Alexandre était libre de ses mouvements : Bahia, elle, ne demandait plus jamais avec qui il passait ses après-midi et maintenant ses nuits. Bahia avait son Olivier , Alexandre son Elza. Tout paraissait facile. Ils ne cessaient jamais de discuter. Elza voulait tout savoir. Alexandre qui avait besoin de parler lui raconta tout sur tout. Depuis son enfance jusqu’à la situation actuelle. Il finit par apprécier mieux se confier à elle qu’à Faurie. Ils discutaient ensemble comme deux roues d’une même locomotive, indissociablement complices, et engagé d’un même élan vers une quête commune. En réalité Alexandre cessa de voir Faurie pour passer encore plus de temps avec Elza. Elza se livrait moins, mais elle agissait et d’abord voulut-elle lui présenter sa sœur jumelle, Julie.

Julie trouva Alexandre un des types les moins bizarre que sa sœur avait pris l’habitude de lui présenter depuis une éternité. Elle le trouva beau gosse aussi et aima sa conversation. Julie était légèrement plus épaisse, plus forte, plus matérialiste que sa sœur. Plus pragmatique qu’elle, moins rêveuse, elle avait créé une start-up avec son mari. Depuis peu, ils n’étaient plus en perte et gagnaient 12 000 francs par jour, ce qui augurait un bon début. Julie si elle avait semble-t-il les pieds mieux arrimés au sol que sa sœur, ne semblait pas pour autant être la dominante. C’est bien Elza qui l’incitait à découvrir de nouvelles choses. Elle qui avait eu son premier copain avant elle. Elle avait aussi perdu sa virginité avant elle. Car Elza plus que Julie était non pas attirée mais littéralement happée par l’inconnu, quand Julie n’était rassurée que par la matérialité du quotidien. Un évènement avait rapproché inconsciemment les deux sœurs et Alexandre. Ils étaient tous les trois orphelin de mère. Or leurs mamans respectives étaient mortes d’un cancer. De constater cette déchirure commune dans leur enfance, rapprocha ostensiblement Alexandre d’Elza et de Julie, aimantés qu’ils étaient par la force et le poids d’un même secret.

Julie disait : j’aime la raison du plus fort, je choisis toujours le camp du plus fort, pas toi ? Non. Tiens, Elza est comme toi ! Elle va vers le malade, le froid, et le sans espoir ! Bien souvent… Et elle n’écoute les conseils de personne ! Elle est avide de sa propre expérience. Tant qu’on lui dit que ça brûle, si elle n’a pas touché, au risque de se brûler, elle ne croit pas à ce qu’on dit de prime abord. Elza est très attachée à la religion juive, moi j’aimerais bien, mais je n’ai pas le temps. Je dois travailler, produire des résultats ! Mais j’aime ma sœur comme personne, je la défendrais toujours, œil pour œil, dent pour dent ! Et je suis contente parce qu’Elza semble heureuse avec toi. Elle t’aime et je t’aime moi aussi. Puis Julie embrassa Alexandre sur la bouche en un furtif baiser.

Son idylle avec Elza était en fait providentielle pour Alexandre qui s’en sentait revivre. L’été s’annonçait splendide pour eux. Ils visitaient les musées, allaient au cinéma, se promenaient dans les parcs, fréquentaient les bibliothèques, allaient là où les menait leurs discutions ininterrompues.

Une vision d’Elza petite allait enflammer l’imagination et le rire d’Alexandre durablement. Elza devait avoir cinq ans, et se tenait allongée au milieu du salon de sa grand-mère, la jupe relevée, se touchant le kiki longuement. Et la grand-mère de lui demander pourquoi elle faisait ça ? Elza si fraiche et déjà chipie : « parce que c’est si bon mamie !!! … . »

CHAPITRE VIII : La famille d’Elza

Elza avait très vite voulu présenter Alexandre à sa famille. Ainsi au cour d’un diner , légèrement intimidé avait-il rencontré Paul et France, respectivement son père et son amie avec qui il vivait maritalement. Le grand frère d’Elza et de Julie. Et fulvio, un cousin de la famille dont il compris qu’il avait perdu ses parents, et était souvent convié à leurs réunions, pour cela même qu’il n’avait plus sa propre famille.

Paul était superbe avec ses cheveux blancs, ses vestes noires ou ses cols roulés noirs, ses pantalons de flanelle noire aussi, et sa silhouette svelte. Il était aussi gentil qu’il était classe, et qu’est-ce qu’il en jetait ! Sa fortune, il l’avait faite dans l’édition de journaux pour adolescent. Ça avait été dur de perdre sa femme, un déchirement absolu. Mais l’amour de ses enfants aidant, la passion pour son travail facilitant, il avait su se refaire une vie. D’un naturel joyeux autant que taciturne parfois, il appréciait les bonnes tables, les vins fins, et les cigares. Plus que tout et comme le père d’Alexandre, il chérissait la jeunesse, même si elle était par trop bruyante et se précipitait vers la maturité dans l’indiscipline. Cela l’attendrissait. Fait insolite pour un homme d’affaire fortuné comme il l’était : il n’avait pas de voiture, et se déplaçait en métro, en taxi ou en avion, quand il se rendait à Londres dans sa résidence secondaire, dont officiellement il avait fait sa résidence principale pour des raisons fiscales. Il avait accueilli Alexandre par un amical « Ah c’est toi maintenant qui t’occupe de ma fille », espérant que cette fois-ci sa fille était guérie de sa torpeur avec les hommes qu’elle jetait les uns après les autres.

France, sa compagne s’habillait toujours de manière décalée : arborant souvent d’authentiques convers rouges qu’elle pouvait mettre avec n’importe quoi. Elle possédait un magasin de dessus de lit tendance et vendait partout dans le monde. Elle avait deux enfants.

Le grand frère d’Elza et de Julie était un drôle de zigue. Il avait le même âge qu’Alexandre. Mais plus prompt à se débrouiller dans la vie, dès l’âge de 15 ans, il pouvait assurer son autonomie financière en entamant une carrière de numismate. Depuis Elza ignorait l’origine des ressources de son frère, peut-être était-il entretenu par leur père. Il chérissait la liberté de l’oisiveté de son statu de jetsetheure, tout occupé qu’il était à voyager à travers le monde d’une soirée à l’autre. Sinon quand il restait à Paris, il occupait le terrain en squattant les boites branchées, à la recherche de jolie blonde dont il faisait une consommation immodérée, d’après la langue de vipère d’Elza : il faisait la « collection des poids chiches ».

( à suivre)

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Chapitre VI : Le travail au Louvre

Son boulot, Alexandre l’avait dégotté par la voie la plus usuelle : l’Agence Nationale pour l’Emploi. Et tout lui avait semblé facile. D’abord il y avait eu ce test simple auquel on lui avait demandé de se conformer. Il s’agissait de faire des additions, des soustractions, et une division : histoire de vérifier qu’il n’était pas complètement débile. Puis vint l’entretien où il n’eut qu’à montrer sa bonne bouille pour que d’office on le brancarde  » agent de sécurité », affecté à la surveillance du Louvre. Site merveilleux s’il en est, dont il ne surveillait pas directement les trésors, plutôt les abords. En surface, là où sur l’esplanade trône la pyramide transparente ; et dans la  » cour carrée » attenante. Jusque, sous la pyramide, ne franchissant jamais la zone de contrôle des billets, ni ne devant s’aventurer au-delà des limites du musée, toujours sous la pyramide, là où commence la galerie commerciale. Chaque jour il changeait de poste, pouvait être affecté au « tube », l’ascenseur de l’entrée de la pyramide qui prend en charge les handicapés et les  » Very Important Personne ». A un des nombreux postes fixes quadrillant l’espace sous la pyramide. Ou alors, était-il chargé de réguler le flot des entrées de la pyramide, ou d’arpenter ses alentours à la recherche des pickpockets et des vendeurs à la sauvette. Ou lui était-il confié la mission d’accueillir, toujours en surface, les groupes sous le « passage Richelieu » dont un escalator menant aux billetteries leur était spécialement dédié. Lui préférait être dehors même par grand froid. Tant sous la pyramide le murmure de la foule perdue et son déplacement assourdissait plus qu’un marteau-piqueur. En fait, Alexandre avait tout de suite aimé ce job payé un peu plus que le revenu minimum. Car avec trente mille visiteur par jour, des têtes toujours différentes régalaient sa vue, et il y avait toujours des évènements distrayant qui émaillaient ses journées d’intérêts particuliers. N’importe quoi pouvait se produire, il fallait s’attendre à tout. Être sur le qui vive, à l’affût. Et le cadre était proprement grandiose, avec la possibilité qui lui était offerte de visiter le musée quand bon lui semblait. Et si son accès aux souterrain du Louvre lui était limité, sa gigantesque dimension labyrinthique connues des seuls pompiers, ses passages secrets  réservés aux conservateurs et aux transports des œuvres, la dimension imaginaire de ses rêverie en étaient décuplée. Comme de savoir que sous la pyramide, galerie commerciale comprise, plus de mille personnes travaillaient : une petite ville en vérité, et dotée d’infrastructures sportives, d’une cantine, et tout un tas d’autres choses… Ville fourmillante charriant son lot de passions secrètes, de fraternité ou de rivalités, de drogues, de ragots, de sueur et de petites mains.

Par dessus tout, Alexandre appréciait d’être choisi par les jeunes filles pour figurer sur une photo souvenir. De plus, il y avait ces femmes qui de temps à autre lui laissaient leur numéro de téléphone. L’une d’entre elles, Céline, l’avait dragué ouvertement. Et bien qu’il ait su que Bahia réprouverait catégoriquement, se targuant, au delà de la fidélité de lui être loyal, il l’avait rappelé profitant de ce que Bahia était en voyage. Comme ils l’avaient convenu, ils s’étaient rencontrés chez elle tôt le matin. Lui avait apporté des croissants pour l’occasion. Bien entendu malgré le fait qu’elle fut mariée, Céline était seule chez elle. Coïncidence ? Son mari était parti en voyage disait-elle. En une demi-heure ils eurent fait le tour de leurs occupations réciproques. Céline travaillait dans un salon de coiffure, et, ambitieuse, elle avait la ferme intention d’ouvrir sa propre boutique de soins capillaires. Elle était ambitieuse, elle l’avait déjà dit, leur conversation tournait en rond et ni l’un ni l’autre ne savait que faire pour entamer les choses sérieuses. C’est là qu’Alexandre remercia son imagination de lui avoir suggérer de l’interroger au sujet des performances sexuelles de son mari. Car elle avait beaucoup à en redire. Elle était délaissée par des voyages sempiternels et maudissait le sort de ne pas rencontrer d’hommes. Il n’en fallait pas plus pour qu’Alexandre soit sérieusement émoustillé. Littéralement il avait sauté sur elle pour l’embrasser. Mais c’était trop tard. Ils avaient trop parlé. Son mari devait rentrer sur le champ d’après elle. Alexandre n’en fut que plus excité. Il la pressa de le suivre dans la chambre, ce qui n’était pas difficile tant Céline était en manque. Aussi prestement que possible il lui enleva sa culotte après avoir relevé sa jupe et enfila une capote, pour deux minutes après en remettre une autre, et cinq minutes plus tard, après des gesticulations de plaisir aiguës mais rapides, éjaculer de nouveau, et c’était fini. Ils l’avaient fait. Juste le temps de prendre une douche ensemble ensuite. De se dire que ce manque de temps est dommageable et qu’on passerait bien une nuit entière à se montrer ce qu’on sait faire, parce qu’on a aimé quand même. Juste le temps d’un dernier baiser, et Alexandre était parti. Et parti pour ne plus jamais la revoir comme, plus tard dans le mois, il avait tenté de la recontacter et était tombé sur son mari très fâché, qui lui avait dit qu’il avait viré sa salope de copine… .

Alexandre avait eu d’autres aventures avec des inconnues, sans conséquences pour son couple, pensait-il. Mais c’est de révéler par niaiserie à sa tendre aimée le traquenard que lui avaient tendu ses collègues pour le pousser dans les bras de l’inexpérimentée Claude qui précipita sa chute aux yeux de Bahia. A l’aube de l’été, poussé par un coup de soleil sur la tête, et beaucoup d’inconsciente bêtise, il faut dire, car ces choses là doivent rester secrètes, il s’aventura à discuter avec Bahia de cette fameuse soirée de beuverie entre collègues. De comment on avait profité de ce qu’il avait la descente facile pour le saouler et une fois beurré le mettre dans le lit de Claude, pauvre vierge attardée qui avait ému tout le monde avec son amour pour Alexandre, lequel était, semble-t-il, le seul à l’ignorer. Il avait dit à Bahia combien, profitant de ce qu’il ne savait plus ce qu’il faisait, Claude l’avait embrassé et masturbé, et déjà c’était plus qu’il n’en faut pour offusquer Bahia. Laquelle avait contenu ses larmes mêlées d’une colère terrible et sut lui soutirer les vers du nez, en lui faisant admettre qu’une fois passée cette faiblesse, à supposer qu’il ait jamais s’agit d’une faiblesse, il l’avait tout de même également dépucelée, et qu’en l’occurrence c’était impardonnable toute cette sordide aventure. Vraiment il lui avait brisé le cœur. Elle pleurait à chaudes larmes. C’était un porc ! Un fieffé salaud ! Bahia hurlait maintenant, prise par des spasmes de rage. Tout remontait à la surface de sa conscience. Mon Dieu, que n’avait-il pas gardé une occasion de se taire ? , pensait Alexandre, tout ému par le flot de reproches qui se déversait sur sa pauvre tête comme s’il eut s’agit d’un véritable sac d’ordures. Oui, non seulement elle avait dû vivre deux ans avec son abominable frère par la faute de sa fainéantise ! Non seulement il l’anéantissait toujours lorsque, comble du mépris pour autrui, et pour elle, il ne savait que se terrer dans son mutisme lors des engueulades ! Non seulement ils ne partaient jamais en vacance ! Non seulement il avait osé l’humilier devant ses propres amies en se foutant de sa gueule avec son alcoolisme ! Mais en plus maintenant et peut-être depuis toujours il la trompait, au mépris impardonnable de l’amour fidèle qu’elle lui avait toujours témoigné ! Elle était bien tombée des nues ! Mais c’était clair maintenant, elle voyait dans son jeu de salaud qu’il se foutait de sa gueule et l’avait bien prise pour la pauvre conne ! Mais elle n’était pas n’importe qui, elle se vengerait : il pouvait en être sûr. Bien évidemment dorénavant ils n’étaient plus ensemble : elle le larguait, c’était décidé.  » Tu peux me dire combien d’autres il y en a eu, maintenant… Combien ?! Combien ?! Combien ?! COMBIEN ?! Quatre ? Cinq ? Dix ? Plus ? Avoue salaud !  » …. Bahia était devenue hystérique.

La vengeance de Bahia fut effective seulement un an après et celle-ci fut terrible pour Alexandre. Avant ce temps, il semblait qu’ils s’étaient rabibochés sur l’oreiller comme à chaque fois. Mais durant l’année deux évènements mirent le feu aux poudres. Le premier : la mort de la grand-mère de Bahia l’avait mise sans dessus dessous, l’avait plongée dans une mélancolique tristesse qui lui avait semblé augurer la mort accomplie de ses années de jeunesse. D’ailleurs, c’est comme si une barrière morale de plus avait cédé en elle. Plus rien ne la rattachait, pensait-elle, à la morale marocaine de soumission des femmes à leur mari. La douleur était immense mais plus rien n’entravait sa liberté de femme occidentale assumée. Non qu’elle eut considérée sa grand-mère, si ouverte d’esprit, comme une barrière, mais plutôt comme le dernier lien qui la rattachait à sa famille, laquelle incarnait à ses yeux l’austérité et l’obscurantisme de mœurs surannés qu’elle rejetait de tout son cœur. Un deuxième évènement survint vers la fin de l’année : dans une salle de sport qu’elle fréquentait, elle retrouva un de ses anciens amis. Olivier qui s’occupait du bureau universitaire de sa fac de sociologie et de qui, il y avait longtemps, elle avait dit à Alexandre qu’elle le trouvait beau. Hardi le garçon et bien que la sachant casée, il avait tout de suite essayé de la coincer dans le vestiaire. D’abord offusquée elle s’était dégagée, et il en était resté là. Mais bougre, la chance était avec lui. Il se trouva que cet été là, Bahia pût consulter le dossier médicale d’Olivier, comme elle travaillait en qualité de secrétaire dans le cabinet médicale qu’il fréquentait. Le dossier indiquait qu’Olivier avait de multiple partenaires sexuelle, c’était un chaud lapin, un de plus décidément. Et fermement décidé à lui faire la cour, déesse qu’elle avait toujours été, lorsqu’il la vit, oubliant son échec précédant, il l’invita à diner dans un restaurant sympathique, avait-il précisé. Or, si Alexandre lui cuisinait toujours des plats succulents, il ne l’invitait jamais au restaurant. Elle avait donc dit  » oui  » , le soir même  » non  » à son baiser, mais elle avait hésité. Olivier était grand et beau et il n’en démordait pas, de tout son cœur, il la désirait. Elle se sentait faiblir et finalement devant tant de gentille insistance elle dit oui, un soir où ce lourdaud d’Alexandre avait cru qu’elle dormirait chez une amie. Finalement ils faisaient l’amour aussi souvent que possible, frénétiquement, durant de longues heures de bonheur. Et Alexandre n’y voyait que du feu. Elle éprouvait maintenant un léger mépris pour la gaucherie de son ancien amoureux, et du mépris aussi devant tant d’aveuglement. Mais comme elle avait changé dés le premier soir où elle avait couché avec Olivier, Alexandre en avait ressenti un doute dans son honnêteté envers lui, tenant à je ne sais quoi d’une attitude inhabituelle. Bien vite il avait voulu ne plus être conscient. Même si maintenant, et à son plus grand désespoir, il constatait des traces de jouissances dans ses sous-vêtements, dont il n’était pas la cause. Et plusieurs fois Bahia avait refusé de se donner à lui, ce qui finit de le blesser au plus haut point. Le coup fatal lui fut porté lorsqu’il se rendit compte combien elle était amoureuse de son bellâtre. Quand les hommes vivent de tromperies d’un soir le plus souvent les femmes ne se donnent pas à un autre sans être amoureuse. Mais le clavaire d’ Alexandre n’augmenta que lorsqu’il sut vraiment. Et ce fut lors d’un voyage de bahia en Belgique avec la nouvelle compagnie de théâtre qu’elle avait intégré pour jouer une pièce inédite, qu’il apprit au téléphone de la bouche d’une de ses camarades perfide et sans doutes un peu trop jalouse de Bahia, que celle-ci durant leur temps de repos était partie avec un homme dont Alexandre rageait d’ignorer à qui il avait à faire. A son retour, au téléphone, il fit avouer à Bahia qu’elle le trompait bel et bien et elle se rendit à l’évidence sans vouloir rien dire de plus sinon qu’elle lui en parlerait une fois chez eux. Ce qu’elle ne fit qu’à demi-mot, révélant quasiment rien de son nouvel amour. Dans la cabine, l’être d’Alexandre s’était brisé tel un vase jeté du septième étage. Il avait senti à son tour ce déchirement de son cœur dans sa poitrine. A ce moment là il le sentit : de roi , il était redevenu serviteur aux yeux de Bahia , laquelle ne voulait pour rien au monde rompre avec Olivier, même si son couple devait en périr. Cette situation tragique pour Alexandre qui, pire que tout, ignorait tout de son rival, le fit sombrer dans une grave déprime et il crut devenir fou. Fou de jalousie, se méprisant lui-même de fouiller frénétiquement dans les affaires de sa bien aimée déesse que pour rien au monde il ne voulait perdre. Jalousie dévoratrice et abaissante qui ne l’empêchait pas de sentir Bahia glisser entre ses doigts de lourdaud et le laissait plein de haine envers lui-même. Si déconcerté par ce sentiment qu’il n’avait jamais ressenti avant… Il lui arrivait de pleurer à chaudes larmes.

Chapitre V : L’installation dans l’appartement 

Après deux ans de vie commune, et au bonheur de Bahia, Alexandre, peut-être gagné par un réalisme naissant, se décida à trouver un emploi capable de lui faire assumer le budget d’un loyer. Il ne trouva rien de mieux qu’agent de sécurité, certes dans un cadre prestigieux : le Louvre. Les voilà donc enfin prêts pour le grand saut lui et sa compagne de chaque instant. Ils choisirent  un appartement et le seul qu’ils visitèrent jamais se trouva être le bon. Il s’agissait d’un deux pièces aux parois plutôt exigües, mais charmant appartement donnant et sur la rue et sur un jardin privatif accessible à tous les locataires du petit immeuble où ils allaient vivre enfin chez eux. Les cinq cents mètres carré du jardin rachetaient à leurs yeux leurs trente mètres carré de surface habitable. Cette étendue où on n’avait pas encore posé de gazon augurait de sublimes parties de barbecue avec leurs amis. Et ma foi, l’intérieur de l’appartement était vivable. On entrait dans un couloir minuscule, ne pouvant pas même contenir un vélo, lequel donnait sur ce qui ferait office de petit salon, le tout décoré sobrement d’une petite télévision, une petite table, une petite étagère pour les papiers, le téléphone et basta. Et tandis qu’à cette première pièce s’ajoutait une kitchenette coincée contre la fenêtre où on tenait difficilement à deux, le salon se continuait par une chambre, exigüe elle aussi, où pour gagner de la place trônait une mezzanine, sous laquelle Alexandre avait l’intention de faire tenir son bureau et une étagère de sa fabrication pour ses livres. Le reste du deux pièces se prolongeait par une salle de bain assez longue mais mince dont toute la place était mangée par un utile cabinet de débarras. Qu’à tout cela ne tienne, ils avaient signé le bail très enthousiaste, sans se méfier de ce que leur propriétaire était un roublard.

Après toute cette attente, ils s’étaient enfin sentis chez eux, heureux de leur nouvelle vie. Lui partait le matin travailler au Louvre. Elle faisait la grâce matinée. C’était son tour. Il n’y avait que le mercredi qui était le jour désigné de son activité professionnelle, le jour où elle devait s’activer. Mais la plupart du temps le soir venu, madame se faisait servir un dîner sorti de l’imagination de son amant préféré. Il la gâtait sa reine, elle, au début, à peine capable de faire cuire un œuf. Et le week-end quand il ne travaillait pas, ensemble, ils s’amusaient à faire le ménage. C’était nouveau et drôle, leur petite vie. Moins d’amis leur rendaient visite mais ils s’en fichaient. Ils s’aimaient au point de se suffire. D’ailleurs leurs sublimes étreintes n’avaient jamais faibli et ils avaient baptisé l’appartement à leur manière, faisant bientôt sauvagement l’amour dans tous ses recoins. Le week-end, quand ils ne s’attardaient pas dans la mezzanine pour se bécoter, s’il faisait beau, ils recevaient dans le jardin, ouvrant la fenêtre de leur chambre pour y entrer et sortir sans avoir à faire tout le tour de l’immeuble. Catherine, fidèle parmi les fidèles, venait s’étendre avec son amie Bahia sur l’herbe maintenant verte de leur jardin. Alexandre leur concoctait des rafraîchissements à base de fruits pressés. Stéphanie et son mari Norbert venaient leur rendre plus souvent visite. Stéphanie croyait que Bahia avait enfin quitté un lieu de perdition néfaste pour elle. Cécile qui venait de finir ses études de visiteuse médicale, et maintenant qui travaillait à temps plein, leur tenait compagnie, elle aussi, quand elle n’était pas accaparée par le flot de ses compliquées aventures sentimentales. Sinon, un ou deux de leurs amis commun leur étaient restés fidèles. Zénéto entre autre, lequel venait deviser littérature avec Alexandre. Il y avait aussi Mathieu, plus l’ami de Bahia que d’Alexandre. Lors de la pendaison de crémaillère, ne furent invités quasiment que les amis de Bahia laquelle avait tenu à écarter tous les zigotos avec qui Alexandre se croyait avoir un lien. Pour se venger, Alexandre lui fit honte en se saoulant pour terminer pitoyablement la soirée, prématurément, le nez dans les manteaux des invités, sur lesquels il s’abstient tout de même de montrer son dédain en vomissant dessus. Bahia tira la tronche pendant une semaine. Et comme ces femmes qui ont la rancune tenace, elle ajouta ces méfaits à tous les griefs qu’elle avait à lui reprocher depuis qu’ils se fréquentaient, s’apprêtant à lui rejeter en pleine figure les preuves de ses manquements à son égard, le moment venu, car malgré tout la liste commençait à être longue. Mais elle l’aimait, c’était plus fort qu’elle. Alors elle oubliait, jusqu’à la prochaine colère.

Les parents de Bahia ne savaient pas où les deux amants habitaient. Leur fille ne leur avait pas communiqués son adresse. Car pendant deux ans ses parents l’avaient harcelée. Au téléphone d’abord. Puis ses deux frères s’en étaient mêlés et il avait même fallu appeler la police lorsqu’un soir une rixe éclata avec Alexandre. Puis il y avait eu la suspicion de leurs méfaits. La police les avait enjoint de se tenir à l’écart, aussi il semblait qu’ils s’étaient vengés autrement. Une première fois en crevant les quatre pneus de la Ford du père d’Alexandre. Ensuite en bouchant leur serrure avec du mastique. Puis, sans doutes occupés ailleurs, ils avaient  laissé tranquille le couple. La mère continuait quant à elle de téléphoner à sa fille. Au début, pour lui faire des reproches. Son père se lamentait, sa fille l’avait abandonné. Il n’avait plus de fille. C’était fini pour elle. Et de dire aussi combien de vivre avec tous ces hommes, elle qui n’était pas encore mariée, ça jetait la honte sur toute la famille, tant ça ne se faisait pas. Puis la mère s’était, à dessein, faite plus douce avec sa fille. Ce n’était pas sa faute si elle avait arrêté ses études, la faute en revenait à la mauvaise influence d’Alexandre. Celui-ci était un mauvais garçon. Il ne l’aimait pas vraiment. Il voulait juste lui faire des choses qu’une jeune fille bien sage, comme elle l’était, ne pouvait accepter. Il fallait qu’elle revienne. Tout le monde l’accueillerait dans la joie. Elle reprendrait ses études et tout irait bien. Mais à force de lui dire qu’elle aimait Alexandre, sa mère avait fini par céder du terrain. Acceptant même en cachette de son mari de le rencontrer. Et c’était vrai, s’il n’était pas un bon musulman, Alexandre lui avait semblé être un gentil garçon. Elle lui avait dit qu’il était un peu le  frère de Bahia et qu’il devait la protéger, car elle ne pouvait accepter l’idée que sa fille puisse ne plus être vierge. Et Alexandre, pas mauvais bougre pour le coup, avait fait mine d’accepter. Puis Bahia avait revu sa grand-mère, lorsqu’elle était venue en France. Elles s’adoraient et à elle, Bahia qui était sa préférée, pouvait tout dire. Or, malgré son âge avancé et la différence de génération qui put sembler rédhibitoire, la grand-mère avait accepté Alexandre, le trouvant gentil et serviable. Elle disait seulement de lui qu’il n’avait pas d’argent. Depuis cette visite, Bahia s’était dit que sa mère ne comprendrait jamais son désir de se lier à un non musulman, elle pourtant dont le mariage arrangé avait été malheureux au début. Aussi, Bahia n’avait pas laissé d’adresse, se réservant le droit de lui téléphoner d’une cabine, de temps en temps, pour, en cachette de son père, prendre de ses nouvelles.

Sinon, au fil du temps Alexandre et Bahia avaient pu prendre la mesure du petit immeuble où ils résidaient. En fait, sur les quatre étages, les petits appartements avaient été loués à des jeunes. Située comme eux au rez de chaussée, il y avait Elise, une jeune infirmière sympathique à qui, un jour, ils déconseilleraient d’aller se marier au Sénégal avec un homme rencontré par hasard, dont ils soupçonnaient qu’il ne l’avait séduit que pour les papiers. Elise l’aimait et ne les avait pas écoutés. Elle était partie se marier, de surcroît elle en était revenue enceinte. Mais sitôt marié son colosse de mari avait pris la tangente… Sinon au premier étage, il y avait Marie, une célibataire endurcie un peu garçonne. Elle travaillait dans la confection de plans militaires, un boulot secret qu’elle avait voulu faire voir à Alexandre. Bahia, elle, s’en méfiait un peu. Elle la trouvait bizarre avec ses photos de ses chiens, uniques tableaux ornant les murs de son deux pièces. Sa passion pour le baby-foot qui lui avait fait gagner multitudes de trophées, lesquels ornaient ses étagères, lui semblait aussi un peu incongrue pour une fille. Comme on s’en doute, Marie n’était pas féminine pour un sou… Toujours au premier mais en face, habitaient Shafik et Souad, le couple de marocains duquel Alexandre et Bahia allaient vivement se rapprocher. Shafik plus âgé qu’Alexandre, lui plut tout de suite. Il était libre dans sa tête Shafik, joyeux fêtard et fumeur de haschich comme lui. Combien de fois n’iraient-il pas ensemble chercher leur opium?, Shafik faisant profiter Alexandre de ses bons plans et de son savoir faire avec les dealers de tous poils. Shafik disait aussi à Alexandre qu’il avait une petite planète dans la tête, uniquement à lui réservé, où il pouvait se réfugier chaque fois qu’il ressentait le besoin de s’isoler. Il disait qu’un homme ne doit pas donner son cœur à sa femme : un cœur ça ne se donne pas. Et il racontait toujours des tas d’histoires drôles, comme cette fois ou tombé par hasard dans les griffes de scientologues, ceux-ci , il leur avait pris la tête, et ils n’avaient pas réussi à le contredire, encore moins à le convertir. Il avait une pléthore d’amis fidèles aussi, Shafik, et adorait les inviter à partager un barbecue dans le jardin, et très vite Alexandre et Bahia étaient conviés à rejoindre leur bande. Quant à Souad, Bahia vit en elle une grande sœur et une personne prompte à l’écouter lui confier ses petits secrets de femme. Voilà pour leurs voisins proches. Les autres ne se mêlaient pas à leur groupe. Et tous allaient passer trois longues et belles années à se côtoyer, partageant chagrins et espoirs de la vie quotidienne.

Chapitre IV : Le couple

La nouvelle de la liaison entre Alexandre et Bahia ébranla tout leur petit monde. A commencer par Cécile qui, comprenant qu’elle perdait Alexandre en éprouva du ressentiment envers son amie. Gérald et Brice, eux, vinrent féliciter Alexandre de cet exploit inédit parmi la bande. Les autres amis de Bahia furent surpris, comme Bahia ne s’était ouverte a personne concernant l’affection secrète qu’elle éprouvait pour Alexandre. D’autres pensèrent que Bahia la pure avait bien changé et que c’était honte que de s’être acoquinée avec un tel vaurien. Mais celui qui en éprouva la blessure la plus piquante fut sans doutes Nicolas, le propre frère d’Alexandre, vexé d’avoir été ainsi doublement trahi, et par son amie et par son frère. Et du jour au lendemain il devint insupportable avec le couple. D’abord parce que Nicolas et Bahia, qui avaient ensemble abandonnés depuis peu la fac pour se consacrer au théâtre, s’étaient dégottés le même petit boulot, et que c’était là une occasion quotidienne pour Nicolas d’harceler et de maltraiter verbalement Bahia qu’il considérait comme déchue de son piédestal. Ensuite, parce qu’il lui semblait aussi que son petit frère méritait son courroux, il ne voulait plus lui adresser la parole ni lui faire partager ses plans de soirée. Bref, toute leur troupe d’amis était partagée quant à la conduite à tenir à leur égard. Bahia qui était vive le savait bien : c’était la fin d’une époque, le crépuscule de la bande des théâtreux, une ère nouvelle s’annonçait.

Et cette ère débuta pour le couple sous les bons hospices du sexe a gogo. Alexandre baisait Bahia tant qu’il pouvait. Plusieurs fois par jour quand elle était la. Toute la nuit durant aussi. Il ne se lassait jamais de la pénétrer et mettait du cœur à l’ouvrage. Toutes les pièces de leur appartement y été passées : pas un seul endroit où ils n’avaient joui. Bahia criait sans vergogne et adorait leurs jeux sexuels, lui ne se lassait jamais de son corps, son sexe : il la fourrageait avec passion. Tout paraissait merveilleux, chaque élan sexuel égalait ou surpassait la précédente étreinte. Toutes escarmouches entre eux se soldaient invariablement dans une effusion de sexe. Ils passaient des week-ends entiers au lit, négligeant leurs amis. Rien ne comptait plus pour chacun que le moment où ils pourraient faire jouir l’autre. Ca tapait sur les nerfs de Nicolas d’entendre gémir à travers la cloison, le père, lui, il rigolait, eux, ils suaient a grosses gouttes et leurs joutes sexuelles étaient épiques tant ils s’entendaient à merveille. Bahia la prude avait été pervertie aussi : elle ne déniait pas à l’occasion tirer sur un joint pour accroître son plaisir sexuel. Un jour où ils avaient rencontré dans la rue un dealer qui les fit tous deux fumer à l’œil, fut particulièrement marquant à leurs yeux. Lorsqu’ils rentrèrent, Bahia qui n’avait pas l’habitude de fumer une herbe aussi forte, délirait. « J’ai les bras qui s’allongent », croyait-elle. Et de lancer des « prends moi, déchire moi, coupe moi la tête ! », pendant qu’il la fourrageait. Délirant certainement lui aussi, Alexandre crut faire l’amour à un être de sable dont la fente ne cessait de couler en une eau fraîche sur sa bite émoustillée. Du sable, il croyait tenir entre ses bras, du sable ! Mais Bahia était aussi océan, lac, rivière, tempête, être de lumière, montagne et marécage… et la sensation inoubliable dura jusqu’au petit matin…

Par ailleurs, alors qu’Alexandre vivait dans une certaine insouciance des lendemains, Bahia, elle, plus pragmatique pensait à leur avenir. Plusieurs fois, elle avait tenté de motiver Alexandre pour qu’il aille chercher un travail. Mais lui ne voulait rien faire qu’écrire et leurs modestes conditions de vie lui convenait. Il n’y trouvait rien à redire. Bahia avait beau crier, rien n’y faisait, alors elle attribuait cela à la jeunesse d’Alexandre, à un certain manque de maturité et remettait son projet à plus tard. Pour le moment, après tout, rien ne pressait : ils avaient un toit et si elle rêvait de les voir vivre seulement tous les deux, dans un « chez soi » qui serait leur nid douillet, elle prenait son mal en patience. D’autant qu’elle avait quittée son boulot ne supportant plus les agressions de Nicolas avec qui elle voulait ne plus rien avoir à faire. Depuis lors, elle n’avait trouvé qu’un job, certes bien payé, mais s’agissait-il de travailler seulement le mercredi, dans une m.j.c dont, avec son bagout, elle avait convaincu la directrice de l’engager pour enseigner le théâtre aux enfants. Or, ce qu’elle gagnait était insuffisant pour subvenir au paiement d’un loyer.

Les mois passèrent. La plus part du temps, Alexandre et Bahia faisaient l’amour toute la journée. Comme l’avait prévu Bahia, le groupe des théâtreux l’avait mise de côté et ne lui restaient que ses amies de toujours : Catherine, Stéphanie qu’on voyait peu, et Cécile qui avait fini par lui pardonner estimant qu’elle n’était pas si bien que cela avec Alexandre. Sinon, la réserve d’amis de Bahia, qui était très sociable, semblait inépuisable et elle ramenait toujours des têtes nouvelles à la maison. Entre Alexandre et Nicolas la fraternité avait finie par reprendre le dessus. Même si Alexandre déplorait la rupture éternelle qui semblait s’être instaurée entre son amie et son frère, il était bien content, au fond de lui, de n’avoir pas eu à choisir entre l’un ou l’autre. Eric quant à lui venait toujours leur rendre de joyeuses visites, amenant parfois l’un ou l’autre de ses amis afin de faire se rapprocher les cercles de ses connaissances. Il y eut aussi Franck qui vint souvent durant cette période. Tous fumaient et rigolaient de joie à s’en décrocher la mâchoire. Le père d’Alexandre, lui, vieillissait dans son coin, occupé par quelques mots croisés savants et son tiercé qu’il ne manquait pas de valider chaque midi pour sa sortie quotidienne. Après des centaines de c.v envoyés en vain, il n’avait pas renoncé au travail, c’est le travail qui semblait avoir renoncé à lui. Il espérait tout de même. Même si c’était mollement. Même s’il comptait plus sur une nouvelle fortune acquise au p.m.u qu’à la sueur de son front d’ingénieur informaticien. Quant à ses enfants : il s’avouait définitivement dépassé. Il eut fallu que sa femme tant aimée soit toujours là, elle qui savait y faire pour instaurer un semblant d’autorité. Mais c’était du passé tout ça. Il n’avait plus que ses deux garçons maintenant. Et tout de même ça lui faisait plaisir de constater leur vigueur, leurs aptitudes avec les femmes. Cela le renvoyait à sa propre jeunesse. Car plus que tout, le père d’Alexandre chérissait la jeunesse. Et il pensait que rien ne devait en entraver les manifestations bruyantes de ses élans. Il appréciait bien Bahia aussi, et la tenait pour la fille qu’il n’avait pas eu, déplorant seulement qu’elle ne fut pas la femme d’intérieur qu’on pu espérer qu’elle soit. Cependant, son fils semblait l’aimer et c’était bien là l’essentiel à ses yeux. D’ailleurs peut-être que c’était elle qui lui procurerait un jour le bonheur d’avoir des petits enfants, se disait-il à son sujet. Tout n’allait donc pas si mal. Et même si les voisins se plaignaient souvent de leurs veillées nocturnes trop bruyantes. Même si les flics connaissaient la famille pour l’avoir déjà verbalisée. Même si le père d’Alexandre ne payait plus les charges à la copropriété depuis des mois, sans l’avoir dit a personne. Toute sa petite famille était somme toute heureuse.

Une des seules fois où le père d’Alexandre dut donner de la voix fut un de ces mardi gras ou les invités de la fête menacèrent, par jeu, de brûler la moquette, casser les meubles, toujours par jeu, et de faire passer les canapés par la fenêtre encore par jeu. Ce soir là, en rentrant sur les coups de dix heures, le père d’Alexandre découvrit une soixantaine d’invités déguisés, éparpillés dans toutes les pièces de l’appartement, y compris sa chambre où on avait installé le garde manteaux, et d’où il osa a peine faire sortir Zénéto qui était entrain d’entreprendre une donzelle fraîchement cueillie par lui, l’homme des cavernes, tel qu’ainsi était son accoutrement. Donzelle déguisée en libellule, que le père d’Alexandre trouva à moitié débraillée, à moitié saoule, et à moitié violée. L’appartement grouillait aussi de corsaires entre les mains desquels circulaient pléthore de bières. Le saladier de sangria, sans lequel on ne peut pas saouler les filles à moindre frais et sans en avoir l’air, était géré par Franck, ridiculement déguisé en abeille : deux raquettes en bois tenues par de la corde faisant office d’aile. Nicolas, son père le découvrit dans sa tenue de prince oriental, son sabre flottant sur le flan du sarouel. Quant à Alexandre et Bahia : l’un avait tenu à imiter son ami Zénéto avec qui il s’était déguisé de concert, en homme de Croc-Magnon donc. L’autre campait la classique infirmière qu’on retourne sur un brancard dans une pièce retirée, entre deux urgences, histoire de … Bref, tout le monde était venu. Brice, le pince sans rire en clochard. Eric en rasta bien sûr. Gérald en un énième corsaire pirate. Mathieu en pompier sauveur admiré de ces dames. Valentine, une ex d’Alexandre dont il avait été longtemps amoureux au point de désirer vivre avec elle, en pute, et ça lui allait plutôt bien trouvait-il. Caroline en princesse. Catherine et son frère en cow-boy. Cécile dans un costume de mousquetaire spécialement loué pour l’occasion. Isabelle , leur fidèle voisine qui leur apportait des petits plats quand le frigo était vide, et qui servait de confidente à Bahia en cas de dispute – en médecin, blouse blanche sur bas nylon sexy, et stéthoscope emprunté à son père, pendu au cou. Shirley l’ami anglaise de Zénéto à qui il faisait découvrir Paris aussi souvent qu’il découvrait son sexe – déguisée en écolière. Et tant d’autres amis dont quelques copains voyous d’Alexandre, seuls à ne pas être déguisés autrement qu’avec leurs casquettes et leurs jeans bouffants, ou leurs survêtements Tachini, étaient tout guilleret ou gêné d’être au milieu d’autant de tête de lard… Tandis que le père d’Alexandre, après les bonjours de rigueur à chacun des amis de ses fils qu’il avait pu reconnaître, avait réussi à réquisitionner sa chambre pour lui seul, après son esclandre ; et, alors qu’il était dérangé continuellement sur les coups de trois heures du matin par ceux des invités qui voulaient récupérer leurs effets, il dut à sa vigilance de reconnaître le bruit, dehors, de sa voiture qu’on tentait de demarrer comme pour la lui voler. Et d’un bond de se précipiter dehors pour découvrir, comble d’une soirée déjà mouvementée, que son fils Alexandre qui n’a pas son permis a décide, grand seigneur bourré qu’il est, de raccompagner Zénéto, sa conquête du moment, et Shirley, profitant de ce que Shirley et Zénéto savent conduire, pour apprendre lui-même à conduire lorsqu’il reviendrait seul, après les avoir déposés. Et d’un coup de sang du père qui une nouvelle fois élève la voix, cette fois ci pour sermonner son fils, puis, pas rancunier et toujours sympa pour autant, papa qui décide de raccompagner lui-même les jeunes amis de la famille…