LA RIPOSTE PHILOSOPHIQUE ET MILITAIRE DE LA France : LETTRE OUVERTE A FRANCOIS HOLLANDE

Monsieur le Président de la République, la riposte de la France face à l’Etat Islamique et la nébuleuse djihadiste mondiale envisagée ici prend en compte tant la problématique idéostratégique à laquelle la France et le monde sont confrontés ; que les orientations que pourrait prendre la stratégie militaire française en intégrant les visées géostratégiques des entités militaire présentes sur le sol syrien et irakien et les désirs des populations autochtones ; que les buts politiques précis que pourraient défendre la France, afin de sortir l’isthme syrien de la spirale de l’embrasement généralisé du monde musulman. Aucunes des ramifications de cette riposte ne sont cependant dissociables dans la mesure où si elle ne s’opérait que sur le plan militaire les conditions de l’émergence idéologique de l’Etat Islamique seraient intacte, aussi je vous enjoins à faire grand cas de la partie idéostratégique de cette riposte que je place en fin de partie pour des raisons d’urgence d’une détermination appropriée de la riposte militaire de la France.

STRATEGIE DE L’APPEL D’AIR REPONDANT A LA STRATEGIE MILITAIRE INSURRECTIONNELLE DE L’ETAT ISLAMIQUE :

Les américains en dehors de troupes spéciales et de formateurs n’ont pas l’intention d’utiliser leur forces terrestres pour éradiquer l’Etat Islamique et cette ligne doit demeurer celle de la coalition pour sa partie occidentale comme seules des armées locales pourraient réellement emporter l’assentiment des populations sunnites ( 5millions de personnes ) actuellement sous le joug de l’Etat Islamique. Il est donc nécessaire de les rallier et de leur offrir des perspectives politiques que les populations sunnites voudront défendre d’autant plus fermement que l’Etat Islamique maintient les populations par la terreur et la cooptation choisie de ceux qui leur prêteront allégeance, en utilisant le potentiel insurrectionnel des populations de même confession.

Aussi la stratégie de l’appel d’air consiste à vaincre en trois phase :

1)l’annonce des perspectives politiques pour la région

2) La détermination des cibles militaires de l’Etat Islamique, encore largement indéterminées, au-delà des routes d’approvisionnement, des transports et des sites de production de pétrole, des centres d’entrainement et des centres de décisions localisés ; par le recours aux renseignements fournis par les populations retournées qu’il faudra collecter.

3) la créations de zones d’exclusion aérienne dans les localités contrôlées par l’Armée Libre de Syrie et les FDS , Forces démocratique de Syrie, à proximité des zones d’influence de l’Etat Islamique, afin de créer un appel d’air aux populations et combattants de l’EI enrôlés de force, pour qu’ils puissent fuir les zones de combats, grossir les rangs de l’opposition et ainsi permettre le siège des régions et localités visées, aidés par l’appui aérien de la coalition.

Ces zones protégées sont essentielles à l’affaiblissement de l’EI dont on doit estimer que leur recrutement massif en à fait une armée de 50 000 à 100 000 mille combattants potentiels et peut-être plus.

Militairement s’agit-il en reprenant le contrôle de la frontière nord de la Syrie que l’Ei contrôle ( 100 KM), en lui barrant la route à l’ouest et au sud, de faire refluer ses troupes vers l’est et le désert que l’EI a dû traverser pour acheminer ses troupes de l’Irak à la Syrie, là où à découvert ses convoient ne résisteraient pas à une attaque aérienne massive. Cela suppose que sur le théâtre irakien l’EI ne puissent ni progresser au nord, ni au sud, ni à l’est et refluent aussi , là à l’ouest, vers la même région désertique. Mais faut-il insister, là encore :aucun soutient des populations sunnites ne sera possible sans perspectives politiques.

Si à cette stratégie est opposée celle de l’éclatement et l’éparpillement des combattants de l’Ei parmi les populations autochtones devra être instauré un système de paiement et d’incitation de toutes informations permettant leur arrestation, et parmi leur responsable : leur traduction devant le tribunal  pénal international pour crime de guerre.

PERSPECTIVES POLITIQUES :

La France ne peut renoncer par ailleurs à traduire aussi devant le tribunal pénal international les responsables Syriens, dont le régime tue, la France ne l’oublie pas, sept fois plus que l’Etat Islamique sur le sol syrien.

En conséquence, sitôt des pourparler engagés avec les oppositions syriennes, représentant politiques de l’Armée Libre de Syrie et des Forces démocratiques de Syrie principalement ; le gouvernement de Bachar-el-Hassad qui arrivera bientôt à la fin de son mandat présidentiel , se verra proposé comme solution politique vers une sortie de crise de guerre : la possibilité pour les allaouites et populations sunnites et chrétiennes des régions que son Etat contrôle encore d’en faire les nouvelles limites de la «  Syrie chiite « .

Les populations Kurdes au nord se verraient administrer  : un Kurdistan sur une zone irako-syrienne.

Et les populations sunnites : un Sunnistan aussi sur une zone irako-syrienne.

L’Irak bien sûr sera associée aux négociations, et comme les autres Etats créés devra s’engager à renforcer le processus démocratique de ses institutions, la pluralité des partis, la détermination concertée, collective et démocratique de sa constitution, cherchant aussi sur son sol à respecter la pluralité des cultes religieux, en accordant les mêmes droits fondamentaux à ses minorités.

Pour éviter une guerre entre ces Etats relative à l’exploitation des zones pétrolifères il est nécessaire d’envisager une exploitation commune et un partage équitable des bénéfices de la production entre ces quatre pays la Syrie, le Kurdistan, le Sunnistan et l’Irak , dans la perspective de la création d’une zone économique commune sur le modèle amélioré de celle européenne.

DIMENSION IDEOSTRATEGIQUE DE LA DEMARCHE FRANCAISE :

Sur le plan idéostratégique, à savoir la dimension conceptuelle du terreau sur lequel à germé la nébuleuse terroriste dont chaque famille française doit savoir qu’elle peut toucher différents profils psychologiques, sociaux et culturels individuels, il convient de promouvoir un processus de réflexion philosophique individuel et collectif dont les démocraties du futur pourront se servir pour élaborer leurs futures institutions, avec l’intention directrice fondamentale de ne jamais éluder les propres manquement des démocraties actuelles, à l’origine de cette perte de confiance de leurs populations.

Ainsi, Monsieur le Président de la République de même que le fameux « contrat sociale «  de Jean jacques rousseau est le fruit d’un concours national ayant pour intention de faire émerger des idées novatrices, faut-il que la France lance prochainement un concours national et international à l’adresse de la jeunesse, comme des intellectuels du monde, connu ou non, et quelle que soit leur confession, dans le but de diffuser les questions suivantes ; lesquelles ne sont ici que le préambule à cet effort intellectuel individuel et collectif qui doit parcourir sereinement les limites de notre monde contemporain, pour ouvrir des perspectives dans les cœurs, les esprits et les âmes :

Les démocraties modernes réussissent-elles à honorer les valeurs pour lesquelles elles ont été fondées ? Préciser pourquoi.

Quel est le but de l’organisation collective qu’on appelle Démocratie ?

La poursuite du bien est-il le seul apanage des individus et des religions ? Quel sens la poursuite du bien peut-elle prendre pour une Démocratie ?

La laïcité est-elle un danger pour la religion, la religion est-elle un danger pour la laïcité ?

Les religions respectent-elles autrui différemment des démocraties ?

Peut-on faire le bien et tuer ?

Le pouvoir temporel des démocraties est-il différent du pouvoir spirituel des religions ?

Quelles Lois pourraient permettre de concilier : économie de la consommation et valeurs de la Démocratie ?

Un droit universel pour la flore et la faune est-il le seul moyen pour les démocraties du monde de juguler les dérives du monde financier ?

(à suivre)

PATRICK RAKOTOASITERA (www.patrick-rako.net)

Attentats à Paris, contre un avion russe, ou à Beyrouth, en Irak, en Syrie, en chine, en Australie… Hier à Bamako au Mali : la nébuleuse djihadiste mondiale attaque tout azimut, partout dans le monde et sans, jusqu’à présent, qu’ait pu être coordonnée une réponse globale au mouvement idéologique le plus actif de ce début de XXIème siècle. Pourtant l’embrasement généralisé du monde musulman interrogent autant le devenir d’une religion entrée manifestement dans une période d’obscurantisme, qu’il concerne les fondements même des Démocraties du monde incapables de juguler en leur propre sein la révolte religieuse d’une partie de leurs minorités, quand leurs classes politiques semblent également décrédibilisées par leur impuissance à faire des démocraties modernes le lieu où la Loi, par la défense des droits de l’Hommes et du Citoyen, irriguerait toutes les couches de la société, et, au-delà , dans les pays anciennement colonisés, diffuserait un modèle économique et morale égalitaire propre à fédérer la jeunesse du monde…

Car ces organisations extrémistes qu’il faut maintenant combattre, et à quel prix ! – comme maintenant c’est  avec le régime syrien, auteur de crimes avérés contre l’humanité, que la France doit se résoudre à engager une sorte de coopération tacite, puisque l’alliance avec la Russie contre l’Etat islamique suppose de différer la destitution de Bachar-el-Hassad, en tentant de convaincre la Russie de desserrer l’étau autour des positions de l’Armée Libre de Syrie qu’elle bombarde allègrement – ces revirements stratégiques risquent de conforter l’emprise idéologique de ces organisations sur leurs recrues potentielles. Or, avant ici de tenter de détailler les stratégies possibles contre la nébuleuse djihadiste mondiale, faut-il encore interroger l’idéologie du djihadisme pour comprendre comment son emprise mentale peut modifier les convictions démocratiques des plus rêveurs jeunes esprits lettrés, aux plus durs des délinquants s’engageant dans le grand banditisme.

Il se trouve en effet que le discours djihadiste est stratifié en plusieurs niveaux complémentaires concourant à développer chez tout un chacun, croyant ou non, une série de réflexes de rejet tant des médias  des sociétés démocratiques, que de son Histoire telle qu’elle est enseignée aux écoliers et universitaires, afin de provoquer un déclic mentale dans un premier temps, qui fera douter le sujet, le confrontera aux incohérences de la société dans laquelle il vit , et  ira, le prosélytisme religieux aidant, jusqu’à la conversion à l’islam, la religion de Mahomet étant présentée dans cette idéologie comme le seul rempart et le seul avenir.

Le premier niveau idéologique du djihadisme est accessible notamment par internet par une profusion de vidéos tentant de mettre à nu l’existence d’un complot mondiale judéo-chrétien qui aurait fomenter les attentats du 11 septembre 2001, qui manipulerait les médiats et les gouvernements occidentaux, et serait organisé par les « illuminatis » une secte judéo-maçonique dont entre autre Mitterrand et Benoit XVI auraient fait parti. Les guerres contre le monde arabo-musulman étant la principale résultante de ce complot dont l’existence millénaire serait ontologique…

Le deuxième niveau de l’idéologie djihadiste pour lequel les vidéos qui l’alimentent sont encore plus techniquement abouties d’un point de vue visuel, sont constituées de montages esthétisant la fin du monde, la venue déjà réalisée du Maahdi, celui annoncé par le Coran qui , « simple » croyant, sera écouté dans le monde arabe, puis devra battre en retraite face à la venue présentée comme imminente de l’ante-christ, lequel finalement sera anéanti par le véritable Messie allié du Maahdi. L’ante-christ étant soutenu par une entité militaro-industrielle, sous-entendu le monde judéo-chrétien et l’Amérique sioniste en particulier …

Le troisième niveau d’endoctrinement déploie une iconographie beaucoup plus brut. Il suppose déjà la conversion à l’Islam et prépare à l’engagement politique extrémiste en magnifiant la figure du djihadiste héroïque et volontairement cruel : la mort violente infligée aux « mécréants » étant mise en scène et banalisées. Du reste comme cela a pu être le cas en Europe lors des guerres de religions entre protestants et catholiques, lors des quelles l’assassinat des impies était présenté comme un acte politique et religieux … ce qui en dit long sur la  période obscure que traverse l’Islam et avec elle le monde actuel.

Je n’aborderai pas ici la critique de fond de l’idéologie djihadiste : quasiment tous mes travaux de recherche antérieurs s’y emploient, de même que ma peinture elle-même est une ode, un appel à l’élévation de l’âme et une perpétuelle interrogation du « fait » religieux dépouillé jusqu’ à présent dans ma peinture de toutes dimensions idéologiques tendancieuses. Je rappellerai cependant qu’une telle idéologie djihadiste doit être combattue aussi, et peut-être avant tout sur le plan didactique.

Premièrement en développant le sens critique de l’utilisateur d’internet par la mise en parallèle et la confrontation des sources d’informations entre elles. Par l’étude de  » l’histoire critique des civilisations » dont le propre doit être d’identifier les mécanismes commun dans les modes de régulation de toutes sociétés, comme d’un point de vue le moins idéologique et auto-centré possible : l’approche documentée de la diversité des cultures du monde.

Les écoles, les universités doivent former l’individu à la diversité des points de vue des religions en développant une approche où chacun devrait sentir combien la Démocratie fut fondée historiquement afin de défendre la Tolérance envers l’autre et le Respect de ses Droits, sur la base reconnue alors, et toujours à réactualiser, de l’Égalité entre les hommes et les femmes, dans l’Unicité indivisible de l’Humanité qui est l’Idéal de la Démocratie originelle, auquel le Citoyen adhère en âme et conscience… .

Or l’idéologie djihadiste dénie systématiquement l’idée d’Égalité entre les Hommes car le croyant y est toujours représenté si supérieur au non croyant que cela seul justifierait le droit de vie et de mort qu’il s’octroie sur autrui. La condition des femmes car elle est déterminante dans l’évolution des sociétés, est aussi la première à pâtir de la dérive djihadiste. Les lois préconisées pour la gouvernance des États prônant cette  idéologie étant invariablement une Charia que le prophète Mahomet lui-même qualifierait de dépassée et rétrograde au regard de la jurisprudence des constitutions démocratiques …

Mais que de Al-Qaïda à l’État Islamique, en 20 ans les organisations terroristes aient pu se constituer un proto-état : le Califat sunnite irako-syrien, n’aura été possible sans le concours et l’inter-polarité de l’idéologie djihadiste avec celle des frères musulmans, vieille de près d’un siècle, additionnée au courant religieux nommé : Wahhabisme, dont le globe n’aura cessé d’être parcouru, ici et là, jusque dans les campagnes les plus reculées, par le prosélytisme de ses animateurs… l’Islam du XXIème siècle en est sorti marqué comme au fer rouge dans la chair et l’esprit de ses croyants…

Depuis la tuerie sans précédant sur le sol français, les témoignages se font plus précis à ce sujet. En Afrique, les langues se délient. Les responsables politiques reconnaissent que c’est un secret de polichinelle : les organisations terroristes du Mali et plus au sud Boko Haram sont connues pour recevoir des financements étranger d’Arabie Saoudite, terre d’élection du Wahhabisme mondiale. Les aspirants djihadistes y épousent la cause pour des raisons économiques et pas seulement idéologique, puisqu’on leur promet souvent une solde qui aidera leur famille… A un enseignement traditionnel du coran dans l’Afrique de l’ouest, a en effet succédé un wahhabisme faisant de la figure du martyre qui selon la sémantique religieuse traditionnelle est la figure de celui qui subit une injustice et la paye de sa vie – l’objet d’une nouvelle rhétorique selon laquelle le martyre meurt, certes, mais est légitimement en droit lors de la mort qu’il s’inflige ( et non plus qui lui est infligée) d’emporter avec lui les « mécréants » que son suicide condamnent à une mort justifiée. Ainsi est légitimée ce qui est présenté ( sous-entendu : l’attentat) comme une voie d’accès au paradis !

En réalité, le wahhabisme diffusé à coup de pétro-dollars a si bien révolutionné le rapport du croyant musulman à sa religion, et cela un peu partout, que seul des musulmans plus âgés pourraient se rappeler comment , jadis, même le rituel du « salut » était différent entre musulmans, avant que les prêcheurs ne dictent à chacun jusqu’aux moindres de leurs comportements et mœurs à adopter…prêcheurs d’ici et d’ailleurs pour qui l’activité de propagande est si lucrative !

Les historiens clôturent habituellement la Nahda, soit la renaissance du monde arabe, caractérisée par un renouveau intellectuel, la tentative d’ouverture de l’Islam à l’Humanisme et au renouvellement du rôle de la femme en son sein – à la période des années cinquante, car après 1950 l’ouverture intellectuelle avec laquelle il faut renouer, a pris fin pour être progressivement supplantée par un wahhabisme mondiale rétrograde et doctrinale, laissant place à une future idéologie djihadiste, primitivement impulsée par le retentissement mondiale du conflit israélo-palestinien… Du terroriste des années 70 détournant des avions pour alerter l’opinion mondiale, l’idéologie du djihad a fait la pierre angulaire d’un instrument de terreur exportable partout sur Terre, faisant glisser la figure  du terroriste politique vers celle, plus aguicheuse, de l’élu de Dieu appelé à répondre à un haut destin qui donnera sa vie pour  l’Ouma, la communauté des croyant, et l’avènement messianique  du royaume de Dieu. Cela, en insinuant dans les esprits que, si l’ante-christ ne s’est pas encore révélé ( les dernières vidéo l’assimilent plus ou moins à Poutine), le monstre militaro-industriel qui l’accompagne et asservira la Terre, est lui déjà là … Tout concourt donc à centrer cette idéologie sur le théâtre de guerre syrien… .

(à suivre)

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