LE MELANGE CONTRARIE DES ANGES

Chapitre III : L’amour

Le quotidien de cette famille recomposée qu’ils formaient s’avéra on ne peut plus excitant pour Bahia. Elle s’était vite accoutumée aux habitudes de la maison. Un intérieur peu rangé, des vaisselles interminables, des affaires partout et des enfants rois qui organisent des fêtes aussi souvent que possible, au point que Bahia avait été un peu dévergondée. Eric qui fréquentait le trio et dont on ne savait plus s’il était l’ami de Nicolas ou d’Alexandre, venait aussi souvent que possible divertir les neurones de ses amis en apportant de la marijuana, trop heureux de voir une famille ou l’on pouvait crier et rire fort jusqu’à tard le soir sans que le père dise rien, ni ne vienne jamais troubler l’intimité de ses enfants. Aussi, Eric prenait la guitare de Nicolas et y allait de sa chanson gaiement. Bien sur, c’est lui qui roulait les joints, et, maître de cérémonie qu’il était, envoyait sur la Lune les neurones de ses compères. Eric, Alexandre l’appelait le « rasta blanc », tant il aimait oublier sa vie de commercial ordinaire, pour le soir venu s’envoyer un joint dans la tête sans lequel sa timidité maladive n’eut pas trouvée à être guérie, « rasta », aussi, parce que s’il était né jamaïcain, Eric eut été plus heureux et d’une apparence en accord avec ses combinaisons intérieures. Il y avait encore Gerald et la bande du théâtre qui, maintenant, débarquaient souvent à la maison et Brice, et Mathieu, et Valentine, et Isabelle la voisine, et Zénéto, et Caroline et Catherine et Cécile forcement, ainsi que les autres amis de Bahia (qui en avait beaucoup) ,lesquels débarquaient à la maison, comme attirés par son aura. Et chaque nuit c’était la même chose. Dans le secret de leur chambre, Alexandre se rapprochait ostensiblement plus de Bahia.

La maisonnée était joyeuse dans l’ensemble et c’était dû à l’effervescence de la jeunesse de ses occupants. Un soir, pourtant, l’ambiance se brisa. Tandis que tout le monde regardait la télévision, on sonna. C’étaient les parents de Bahia qu’elle n’avait pas contactés depuis un mois, qui débarquaient pour faire un esclandre. Le père surtout était le plus véhément, et dans un français imparfait, les pieds solidement arrimés au milieu du salon, il commença à maudire la nouvelle famille de Bahia. C’était une honte pour une jeune fille de vivre au milieu d’hommes étrangers. Et est-ce qu’elle comptait se marier avec l’un d’entre nous ? Si oui, lequel ? Et ou est-ce qu’elle dormait ? C’est « haram » (contre la religion) qu’il hurlait le père : un vrai taudis ! Sa mère disait ,en arabe, à Bahia qu’elle était une prostituée ! , un déchet ! , le déshonneur de la famille ! Son père criait que ça ne se passerait pas comme ça ! Les blancs ne pervertiraient pas sa fille ! Il reviendrait les mettre au pas avec son fusil, s’il le fallait. Et il voulait leur casser la gueule et à sa fille pour commencer, laquelle il agrippa par les cheveux pour la traîner jusqu’à la sortie. Ce contre quoi Alexandre, le premier, s’interposa, suivi de Nicolas qui s’était saisi d’une batte de base ball , le bras tout de suite arrêté par son père, lequel d’humeur pacifique voulu calmer la situation qui devenait de plus en plus instable. Bahia hurlait. Alexandre avait empoigné le père. Nicolas voulait frapper tandis que son père tentait maintenant de calmer ses fils. Il parla à la mère de Bahia, alors que son mari avait lâché sa fille et se remettait de ses émotions, et comme la mère semblait encore la plus ouverte au dialogue. D’abord, il fallait demander son avis à Bahia. Elle était majeure et ses parents ne pouvaient plus l’obliger à les suivre comme ça, sans son consentement.  Bahia avait été éduquée dans des écoles laïques et authentiquement bourgeoises. Elle suivait peu les préceptes de la religion, sinon faisant le ramadan. Or, il était clair qu’elle avait été plus imprégnée par la mentalité occidentale que traditionaliste de ses parents. Qu’elle leur échappe un jour était inéluctable, et, de fait, elle répondit qu’elle ne voulait pas les suivre. Ses parents repartirent donc sans elle, non sans que la mère et le père eurent lancé des jurons , maudissant leur fille ,en la prévenant qu’ils n’en resteraient pas la… Quand ils furent partis, Alexandre pris Bahia dans ses bras. Elle venait de s’effondrer en larmes. Cette nuit là, il en profita pour glisser une main affectueuse sur son épaule, tandis qu’à son habitude, elle lui tournait le dos. Quand sa main se posa sur son épaule, Alexandre fut parcouru par un frisson et affublé d’une érection interminable. Il se surprit peu après à oser déposer un baiser dans le cou de Bahia qui s’en émut, crut-il.

Une semaine après la visite inopinée des parents , tout s’accéléra. Ce soir là, les trois avaient été invités à dîner chez la mère de Cécile. Parmi les invités, figurait Zénéto, toujours le meilleur ami d’Alexandre. Avec lui la discussion fut des plus mouvementée. On s’y empoigna sur des sujets de littérature. Personne n’était d’accord de la même façon pour reconnaître le génie de William Burrought. La mère de Cécile le prenait pour un drogué imcompréhensible au style bâclé, et affirmait lui préférer encore cet alcoolique de Bucovski. Zénéto, lui, ne tarissait plus d’éloge sur le « festin nu », les prodiges accomplis par la Beat Génération et son influence capitale sur la génération des seventies à laquelle, pourtant, la mère appartenait. « Ca n’a rien a voir, je l’ai toujours détesté » , rétorqua la mère. Sur ce, elle remplit les verres vides de chacun du vin qu’elle avait spécialement acheté pour ses invités. Tous se mirent si bien à boire que pendant le dîner trois bouteilles de rosé avaient été sifflées. Et tous d’être saouls, même Bahia, qui pourtant ne buvait jamais, avait osé, incitée par l’ambiance, se servir deux bons verres  qui avaient suffi à son ivresse. Quant Alexandre se rendit compte que Zénéto taquinait sa copine Cécile, il en fut ravi. L’occasion était trop belle. Et de fait, Cécile se laissait charmer, sachant qu’Alexandre n’y trouverait rien à redire. D’ailleurs, au moment de partir, Cécile proposa à Zénéto de rester. Et on savait ce qui se passerait. La situation n’avait pas échappée à Bahia. Cécile allait se faire tringler toute la nuit : conclusion, Alexandre était libre. Il trépignait dans la voiture en attendant, grisé, le moment où il se déshabillerait devant Bahia.

De retour dans leur petite chambre, ce qui se produisit dépassa les espérances d’Alexandre. Une réalité impossible sembla lui ouvrir les bras. Parce qu’il était saoul et Bahia aussi, toutes résistances avaient sauté. Aucune inhibition ne l’empêcha de s’allonger nu dans le lit auprès d’elle qui n’en parue pas choquée. Et tandis que son cœur battait de plus en plus fort la chamade à mesure que ça devenait vrai qu’il l’embrassait encore et encore. Pour de bon, Bahia vaincue, se livrait à lui ! Que ses baisers étaient doux et bons ! Et la peau de Bahia lisse. Enfin il tenait sa Déesse dans ses bras. Enfin son rêve des millier de fois échafaudé prenait forme. Les tétons de Bahia avaient maintenant durci, sous l’excitation. Le sein était merveilleusement beau, et le sexe humide à souhait. Il n’en croyait pas ses yeux. Il aurait pu en rester là, déjà comblé par la providence. Non, Bahia consentait à se dévêtir de sa culotte, se livrant corps et âme. Pour être sûr de satisfaire sa Déesse, il commença alors à la lécher délicatement, enroulant bien sa langue autour de son clitoris, en une danse lancinante dont la mélodie la faisait frémir. Puis vint le moment crucial après la jouissance : il la pénétrait jusqu’à la garde, d’abord très délicatement, puis agité par des soubresauts de plus en plus intenses, que semblait goutter Bahia qui s’agrippait à ses épaules en gémissant. Leur étreinte les maintint éveillés jusqu’au petit matin. C’est vers là qu’Alexandre, épuisé nerveusement par ce qu’il venait de vivre, s’affala littéralement sur le lit, et s’endormit comme une brique. Bahia semblant reprendre ses esprits ne put trouver le sommeil. Elle aurait voulu parler avec son nouvel amant, au lieu de ça, il la laissait avec des doutes et peut-être des remords. Prise de panique, à l’idée de ce qui allait se passer par la suite, elle s’en alla prendre l’air en douce, et pour cacher les sanglots que lui inspirait la réputation sulfureuse de son nouvel amant, de qui il y avait tout à craindre…Enfin, sur les coups de six heures du matin, elle vint s’endormir près du corps ronflant d’extase d’Alexandre. Et quand ils se réveillèrent, sans s’être parlés, ils se promirent un amour éternel que vint sceller un nouvel élan sexuel.

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