LES COLLEGUES DE BANLIEUE : nouvelle sur les barres d'immeuble, la drogue, l'amour ou le néant, la foi.

Nous avions des discutions immenses avec mon ami d’enfance ALI , lui, toujours un joint pour me faire re-basculer dans la folie, moi, toujours un mot de remerciement pour le rendre fou de rage , avec ces phrases qui sortaient de ma bouche comme des lames de feu. Mais ALI ne supportait plus notre bled , alors il est parti s’installer à LA ROCHELLE ! Combien de joints avons-nous fumés ensemble ? Oh mon ami ALI , avec qui j’aimais fumer et parler, avant qu’il ne s’installe à LA ROCHE,ELLE ! Après avoir passé six mois chez moi, dans le cadre d’une collocation qui fut toujours pacifique et agréable, ALI, comme beaucoup de mes collègues de banlieue s’est révélé etre un contemplatif qui ne demande rien à personne et ne réclame à autrui que d’exercer son droit à la reverie et à l’amitié , aussi bien qu’à la solitude, pour ne pas dire au recueillement.

CHICHI, lui, on l’appelle comme-ça, parce que quand il est question de chichon : CHICHI , il aime. Il y a aussi que CHICHI fait du chitchit en matière de chichon , toujours pret qu’il est à explorer les milieux interlopes , à la recherche d’un produit de la meilleure qualité possible et surtout au meilleur prix. CHICHI a dans la tete une cartographie de la capitale et des moeurs qui y règnent, de première main. Il sait que gare du NORD des gitans recrutent de jeunes desoeuvrés, leurs fournissent des appartements en ayant eu soins de les délester de leurs papiers en manière de gage , tandis qu’ils leur demandent de participer à des entreprises illicites. CHICHI me dit aussi que dans le 93 à SEVRAN BEDOTE  existe une cité où : 20 euros peuvent donner droit à 12 grammes pesés de hachich , ouah ! j’en suis éberlué : business idéal pour les dealers qui peuvent s’y approvisionner dans le but de revendre au détail, faire un coup, ou un commerce régulier , c’est aussi du pain bénit pour n’importe quel toxicomane comme moi.

ALI, lui, n’est pas CHICHI. Bien plus docte et pieux, il ne vit de rien, mais ne serait pas capable de voler la bourse d’un autre pour se nourrir. CHICHI n’a pas les meme considérations éthiques. Il lui est déjà arrivé de raquetter des lopettes et meme de faire de la prison pour ça. Les flics lui ont cassé les dents de devant à force de le frapper : il n’en a cure. Il sait qu’il est un beau gosse. ALI est beau, lui, parce qu’il en impose par sa piété et sa gentillesse. CHICHI chit sur tout ce qui ne vient pas de lui , je veux dire de ce qu’il croit etre son for intérieur. Il ne croit pas à l’enseignement des blancs. Je me dois d’etre son exception seulement parce que je  suis jeune , ou du moins, parce que je le parais.

Mais ALI comme CHICHI croit vertement à l’existence des Djins, ces démons évoluant dans une dimension parallèle, mais soumise au meme alléas que les hommes. Du reste les hommes, je veux dire les etres humains, ne sont plus de pur etre humain : les deux populations se sont mélangées au point de se confondre. Grande nouvelle pour moi : il n’y a pas que des etres humains ! Et d’après d’autres collegues de banlieu, l’entente entre un Djin et un etre humain peut etre à ce point subtile que pour certain elle est désirable. Pour les autres, les Djins s’infiltrant dans les reves et manipulant le mental de leur victime, cette présence est préjudiciable.

Que dire de mes déboulonnés de la casquette encore, qui n’a pas été dit relativement à leur rapport étroitement tordu à la loi, qui n’a pas été largement évoqué ? Peut-etre cette précision essentielle concernant leur libre arbitre. Pour eux je suis un blanc qui sens des pieds, et un ami de beuverie incomparable, du moins c’est ce que me laisse entendre leurs invitations répétées. Et surtout je suis curieux de tous leurs tics, leurs habitudes, leurs moeurs. Mais je pense et j’éspère ne pas donner l’impression de les juger, pas plus que je ne me sentirais capable de juger la plus part des gens. Je crois que c’est cela que mes amis apprécient.

Vais-je relater les grandes fetes que nous avons eu dans les années 90, dans mon appartement famillial largement ravagé par les soins de leur bonne conscience de fetard, tel que je le décris dans mon livre « le Crepuscule de la Littérature et le Delirium Tremens » ? Non, ou plutot oui, juste pour faire une prétérition.

ADBER me dit combien au sein  de la religion musulman, quand celle-ci n’est pas fantasmée, mes collègues de banlieue trouvent un terrain où déployer  ferveur et littéralement ils se plient en quatre pour etre sinon bon, du moins pas mécréant. Je lui rétorque que pour l’etre égaré si la religion est un pis allé c’est que les institutions religieuses profitent du repenti pour nourrir des visée idéologiques contestables. Il n’aquiesse pas mais me dit  qu’il est vrai que le converti ressemble souvent plus à un lobotomisé qu’autre chose.

ABDER me dit: quand on ne respecte pas une chose on la perd. On ne respecte pas la nature et c’est elle qui nous perd dans sa furie. On ne repsecte pas des valeurs communes et c’est toute la société qui trinque. Il n’y a pas de conscience de l’objet sans respect de celui-ci. En fumant des joints dans sa cuisine, la fenetre ouverte sur les barres d’immeuble, sono magreb à fond, nous apprenons à nous jauger. ABDER, ancien bourgeois travaille maintenant dans une grande surface, depuis qu’il a quitté sa région natale. Il considère qu’à son age il n’a pas réussi. Peut-etre est-ce la raison pour laquelle il se drogue et recherche mon amitié, y compris l’amitié d’un blanc. Un peu de sang neuf parmis tout ce qu’il entend . Ou juste le plaisir des junkie à etre ensemble. Oui, meme s’il n’aime pas que je parle de nous comme des junkie, c’est plutot de cela qu’il s’agit… A moins que nous nous soyons rencontrés, je veux dire vraiment rencontré: que nos ames se soient trouvées ?

En France, en plus de n’etre plus entre etre humain, rapport aux Djins, le sheat a brassé toutes les catégories sociales dans le meme brulot, d’où il ne sort rien, que des sentiments de révoltes qui partent en fumée à mesure que l’élixir se consume dans le joint. Meme lorsque la banlieue bouge, les zones de deal, parce que ce n’est pas propice au commerce, restent inertes, comme amorphe, trop occupées à businesser pour faire autre chose que compatir à la douleur, à la rage des compatriotes. Quand elle se révoltent, pour l’instant, c’est seulement parce que les dealers ne peuvent plus travailler.

Parmi les collègues de banlieue sinon, pas un seul qui n’est pret à parler révolution sans s’exiter, mais pas un seul qui soit pret à se lever pour autre chose que des biftons. L’argent a mangé nos cervelles. IL est interdit par la loi divine de faire du bénéfice sur le taux de THC en le démultipliant artificiellement, comme je me plais à le répéter à ABDER, il est d’accord, ça ne rentre pas. Tous veulent leur part du gateau et pas d’un gateau uniquement pour les blancs. La maitrise du deal est une sorte de revanche.

Mais j’allais parler de libre arbitre. Tous et sans exceptions mes collègues de banlieue affichent un libre arbitre dont on peut prendre la mesure dans leurs choix. Le deal, les études ou le travail. Pour le deal, rare sont ceux qui ont fait des études longues. Pour les études, rares sont ceux qui ne les suivent pas pour fuir le deal. Pour le travail, rare sont ceux qui ne sont pas déçus, ou n’en sont pas dégoûtés ( je pense aux plus jeunes). Mais reste ce libre arbitre qui leur semble défier toutes lois sociologiques et jalone toute leur vie. Un libre arbitre dont la première vertu, je crois, et de les mener sur le chemin de la rencontre. Tandis meme qu’aucune rencontre n’est fortuite… .

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Belle ame qui regardes-tu : la flamme ou le porteur

Belle ame comment aimes-tu : à en saigner ou à enseigner

Belle ame qu’y a-t-il dans ton regard lointain : un terrain de vague ou un trempoline pour ta pensée

Belle ame comment te détaches-tu du corps : à l’heure venue ou par intermitence

Belle ame que caches-tu : la pensée ou la conscience

Belle ame que manges-tu : la faune ou la flore

Belle ame m’aimes-tu assez pour que je te copie

Des yeux gris chamarés d’ennuis des yeux aigris chamaillés avec la vie    Des vieux aigris se chamaillant des dents pourries et sans repis, une tranche de jambon hachée et  ces sales pattes qui ne veulent plus avancer : O jeunesse tu n’a d’éternité que dans les yeux de mes photos jaunies

Encore cinq gouttes d’eau encore cinq gouttes d’eau

et la terre sera englouti

encore une bouffée et j’aurai la tete tranchée

encore un rale et on montrera mon cou sanglant à la nuée

encore ce con qui exige de moi la morale

encore ce chale que je respire pour penser à toi

encore cinq gouttes d’eau et cinq gouttes d’eau

et rien de la Terre engloutie ne me survivra

Un type qui ne vaut pas un rond :

Un coup sur la machoire et elle casse, mes doigts sont en sang  mais son nez est déjà tordu.

Hupercut pour le faire chuter de tout son long et après je le dépècerai à coup de cuter.

Quel mauvais combattant, quelle lopette, deux fois ma taille, un ventre comme je n’aurai jamais,

et merde ! rien dans son porte feuille ! Mais bouge toi gros lard ! Bouge ! O putain, il ne réagit plus.

Déterer, apporter du sable, beaucoup de sable, faire du ciment, emmerder tout le voisinage pendant des mois, et pof, sans que personne ait rien remarqué le batiment se tient insolent sous vos fenetres. Triste non ?

enlève ta culotte, allez desapes-toi et montre moi ta chatte, oui ton minoi si tu préfères, mais fait vite, je n’ai pas le temps de discuter. Alors agis , certes, mais délicatement. Oui, OUI je te regarde et je t’aime toujours.

Fumer une clope par jour pour toujours et à jamais. Mon cul ouais ! J’en tiens une j’en tiens deux. Je n’ai plus d’argent, j’en taxe. Je ne peux plus en taxer. Je ramasse les mégots dans la rue. Je ne peux plus ramasser les mégots : alors là oui : je suis mort.

Risoler les haricots, peler les tomates et ajouter le sel, la bave, la morve, des étrons et ne me faite plus chier avec vos estomacs délicats !

Le type n’a pas fait l’amour avec sa femme depuis 21 ans. Il la décapite alors qu’elle est encore vierge. Dans ce cas là on eut mieux fait de conseiller le viol. Mais là. De la à lui couper la tete au sabre. Moi je dis c’est un peu précoce. C’est beaucoup plus tard qu’on peut se le permettre. Pas quand elle n’a jamais voulu, quand elles ne veulent plus du tout… Je plaisante une femme est aussi sacrément chiante.

Quel avenir pour quelle jeunesse ? La mienne se fane, mais ne finit jamais mon avenir. Dieu merci.

La musique pue par moment, il suffit de se boucher le nez et d’espérer de nouvelles vagues plus odorentes.

En ce moment rien ne me plait, ni moi meme, ni mon chien, ni mon vin blanc, ni mon clope : je n’ai plus qu’à changer de femme.

Pourtant je l’aime tellement, toutes ses habitudes qui me font la vie si rude me sont si familières que je respire son oxygène et qu’il n’y en a pas de meilleur à mes yeux !

Moi, je ne peux pas vivre sans amour des livres. Je n’en lis plus, mais ça ne fait rien, cet amour est éternel. OVIDE comme tes métamorphoses sont géniales. J’aimerais me métamorphoser en shit et loger dans le cerveau d’un oiseau. Pas une perdrix. Un oiseau qui vole haut et plane autant que je peux le faire lorsque je fume. Non,non,j’aimerais pouvoir ressentir le coeur de millier d’oiseaux.

En quoi peut-on se métamorphoser : pour les amants : en dauphin et en oiseau ; pour les fougueux : en cheval. Pour les plus tendre, en fleur. Et pour ceux qui n’y croient pas : en vers et en mouches.

Sinon, l’homme social n’en finit jamais de se métamorphoser. En chien quand il a peur. En aigle quand il a le dessus. En charognard quand il se rend dans une administration.En porc quand il fait la fete. En gredin quand il offre une fleur volée.Et en rien du tout, lorsqu’il est out socialement, lorsque seul la mendicité auprès de ses proches lui fait ravaler ses métamorphoses comme un gosse morveux. Le jeu entre hommes sociaux étant de toujours faire croire que l’homme social peut se refaire sur le dos d’un autre. Pas de lien social sans acte de prédation.

Pourquoi aimer alors ? Juste parce qu’elle est trés belle finalement !

Elle a mangé tout mon argent et si j’en étais mort, elle m’aurait arraché mes dents en or. Sacré bonne femme ! Elle en impose avec ses tenues toujours soignées, son maquillage à coup de harpon, ses chaussures sans nombre, et son bagout avec les commerçants. En somme rien ne m’appartient, elle vit pour me survivre. Et moi je n’ai que mon vin, mon tiercé, mes affaires vieillissantes et moins fructueuses, et elle. Comme elle était belle le première fois que je ne l’ai pas vu avec mon coeur.

Je t’aime, prends soin de nos enfants, soit un homme courageux et le père que je t’ai toujours vu etre. Je n’emporte rien, je suis amère, vexée, desolée, perdue, furieuse,mais ce n’est rien. Tu es là, nos enfants sont là, meme si je pleure de devoir vous quitter si tot. Sans avoir rien vécu, mais tu n’es pas rien. Tu es mon bien, mon amour, ma carte du paradis. Tout mon espoir. Tout mon bonheur ! Toute ma joie. Alors je dois te délivrer de moi, de notre amour pour que tu soignes mon absence auprès d’une autre femme. La mort approchante délit les langues. Elle ne défait pas les coeurs, mon amour. Adieu. Ta femme qui t’aime.

O mon Dieu, priez pour moi, couvrez moi de bien et je dirais partout que vous n’etes pas un con.

Par Belzebut, cet enfant est predisposé; il tue les mouches, les cafards, les mulots, les oiseaux, j’en ferais bien un président.

J’aime tes seins, moins tes fesses, moins tes jambes, moins tes pieds, mais tout cela réuni convient parfaitement à mon bonheur.

Je suis fou de vous croire fou. Vous etes un escrot et moi un repenti. Alors ne me la faite pas. Devenez mon meurtrier ou cessez de croire que je suis dupe. Vous n’aurez jamais mon argent, jamais ma maison. J’ai peut-etre un pied dans le tombe mais je vois encore clair. En mettant la main sur ma fille vous croyez gagner. Mais je la connais elle vous aura desossé avant que vous ne vous proposiez de me desosser. -restes avec tes illusion vieux grigou ! Je parle pour elle et elle n’ignore rien de mes manigances. Vous terminerez seul et sénile dans un asile, voilà tout, n’en parlons plus. Le chapitre est clos. Voici le rapport du médecin.

Il y a une chose belle chez toi. Laquelle ? Quand je m’en souviendrai je reviendrais peut-etre sur ma decision de divorser.

Il y a une chose belle chez toi. Laquelle ? La gentillesse de ton coeur.

Qu’aimes-tu dans la vie : la musique, les filles, les fringues, les vacances, la liberté de ne rien foutre, très bien : vas exercer tes talents ailleurs !

Mince alors, le voisin du cinquième est plein aux as. – Jettes toi par la fenetre tu habites au rez-de-chaussée.

Dans l’ascenceur profond et large les gens sont aussi polis que silencieux ou pret à badiner. Je prefère quand ils sont silencieux.

Les couloirs sont encombrés de cadits, de bric à brac, il y a de la pisse dans l’escalier, pas un joint à saigner et pourtant des tonnes de produits miraculeux pour les neurones dans ces barres d’immeubles : le monde est mal fait, non ?

En m’aprétant à traverser j’ai dit bonjour à la voisine, son mari m’a dit bonjour, le chien a remué la queue. Le feu est passé au vert et j’ai quand meme traversé obligeant tous les automobilistes à se stopper dans leur élan. Seule une audi m’est passe devant. Quelle aventure !

Elle est si belle pourtant. Bien que flétrie, les cheveux sals mals collorés et bientot tout blanc. Bien que courbée sur sa canne . Bien que dure dans ses propos lucides. Elle est si belle. Pourquoi est-elle seule ?

Aujourd’hui je me refais. Pour une barette vendue je gagne trois fois la mise en faisant deux arnaques. Et pas de chichi. J’encule tout le monde moi. Je connais personne et personne ne me connais, alors bouge !

Trois fois rien ma chérie. Trois fois rien. Pas de viande, pas de légumes, pas de fromage. Il n’y a que des gateaux apéritifs. On va se faire un plateau télé et on mangera tous les gateaux, tu veux ? et pendant on regardera un très beau film. Viens embrasse moi vite ma chérie. Non, maman ne pleure pas.

Hier un homme s’est défenestré non pas hier il y a des années mais la tache sur le ciment n’est jamais partie. N’est-ce pas étrange ?

Mille bougies pour vous mamie ! – Comme vous y allez ! – Alors une seule et n’en parlons plus !

Cadavre découvert devant les anciennes usines. Assassinat. La victime a 25 ans. Personne n’en parle. Tout le monde se tait.

Le jeune me dévisage avant de m’envisager comme son client. Il me sort de la merde. Je lui dit merde. Il se fache, puis lache l’affaire. La prochaine fois pour une crotte de pigeon je suis capable de dire oui. Ainsi vont les affaires des junkies.

Le dimanche suivant, je parle à DIA un alcoolique de 20 ans, poete, et chanteur à ses heures. Il traque les proxénètes. Mais il n’y a que des dealers ici DIA ! Regarde moi je traque les agents double et j’en fais des agents triples. Tout est ok DIA !

Nous trinquons, lui avec ses gants pour ne pas salir ses verres en plastiques moi avec mon verre d’herbe de provence.

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7h30 Les reveilles sonnent. Les gars des chantiers avoisinant s’agitent. Le soleil inonde l’appartement, je prie.

8h Petit dejeuner de megots de cigarettes. Je me lave les dents puis je prie.

9h Je sors de chez moi et passe devant un clochard, je prends mon temps et je prie devant lui.

10h Je passe pres d’un marchand de fleurs, m’assois à l’ombre d’un palmier; je prie.

11h Ma position est menacée par une tripoté de vendeurs et vendeuses zélés, je repère que des flics assistent à mon petit manège depuis un certain temps. Je continue à prier tout de même.

11h05 Après avoir fui l’attroupement naissant, les mains jointes comme dans la prière chrétienne, je laisse passer l’officier et le croisant invente une prière dans ma tête.

11h07 Je prie la rue perpendiculaire après la station Michel ange auteuil et avant que les flics ne se rendent compte que j’étais le fauteur de troubles : j’avais traversé trois rues.

De toutes façons j’avais 20 euros de marchandises sur moi, pas de quoi réveiller Maigret… .

Ce n’est que par la suite que j’ai saisi qu’on ne faisait pas la prière de cette manière. Surtout pas à même le sol des rues, encore moins sous un palmier de fleuriste, alors que dire de la prière devant les passages cloutés ? Abder était furieux, j’étais sa pire recrue. Un con qui se donne en spectacle et obtient l’inverse de l’effet désiré : l’inconsidération et la rancoeur, sans parler de la honte pour l’ensemble de la communauté des croyants. Et que j’ai pu faire la prière une vingtaine de fois, ce jour là, n’avait aucune incidence sur mon salut, selon lui. Je ne pouvais pas alors lui expliquer qu’il s’agissait d’un happening mystique, d’une démarche artistique expérimentale où ma foi naissante je devais la confronter au paganisme ambiant. Non, son oreille ne voulait et ne pouvait visiblement pas l’entendre. C’est comme lorsque je sifflais sur n’importe quelle des musiques qu’il me faisait écouter. De tout son être, il abhorrait cette impiété supposée.

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Elle repasse , écoute la télé, répond au téléphone, crit sur les gamins, comme Shiva, elle est partout ma femme. Et quand je mourrais, il faudra qu’elle ait son propre chemin et s’il le faut : je la suivrais.

Après tant d’alléatoire, tant de trajectoires : où se fige la flèche de Cupidon ? Dans le coeur d’une adolescente qui manque la classe avec le même libre arbitre que son prétendant. Parce qu’elle a choisi entre lui et son copain, un peu trop rond, un peu trop pataud, et mauvais comme une teigne lorsqu’on ne lui obéit pas. Alors elle aime l’autre. Et des clefs de l’appartement du 7ème, à la capote, tout est planifié au moins implicitement. Mais Dieu qu’elle l’aime ! Dieu que c’est beau comme elle l’aime !

Une fillette roule à bicyclette autour de la fontaine située au milieu du demi-cercle d’immeuble. Mais une fontaine sans eau. Ou si : quand il pleut. Disons plutôt, un receptacle d’ondes entouré d’arbres rares. Trois enfants y  jouent au foot entre deux sapins.

Je chope la balle et la crève au couteau, attrape un gamin par la jambe et le propulse dans la gueule de la bêcheuse à bicyclette. Tous hurlent. Trois jeunes tentent de me tabasser. J’en casse deux avec le dernier môme. L’autre, je le finie à coup de vélo. Hip-hop, ni vu, ni connu autrement que par les caméras de surveillances. Nouveau bras de fer avec l’administration : peut mieux faire …. .

Un homme a étranglé sa femme avant de se donner la mort par pendaison. Quelle famille qui laisse des enfants encore ! Remarque David a perdu son père à 16 ou 18 ans. Ce dernier s’est brulé la cervelle devant lui. Et depuis, David prie, rit, dance, chante, baise autant qu’il peut ; aime dépenser son fric dans les jeux de loto sportif. Il fait ce qu’on lui ordonne. Pourquoi vouloir le tuer ? Parce qu’il débale tout sur nos techniques de distribution. Personne n’a le droit de saper le commerce. Bientôt il trinquera avec des flics ! Je n’ai plus confiance en lui : tue-le !

Mais où est-ce que j’ai entendu cette phrase ? c’est ça ! Dans un train de banlieue. Un mafieu black que je suivais. Il parlait ouvertement à ses sbires certain de son impunité. Après, course folle. Je le perds. Perds ma liaison radio.

Merde : des escaliers mécaniques bondés de pellerins et lui qui est déjà au bas de l’escalatore. Comme un rider, je me glisse contre le mur et suit la pente, accroupi, glissant sur mes deux pieds le long de l’escalatore.

Avant que la rame de métro ne se referme derrière ma cyble, je m’engouffre inextremise à sa suite. Il ne me remarque toujours pas. Ne me regarde pas. Fixe le vide. Voyageur parmis les autres. Insoupçonnable, réflechissant seulement à mille à l’heure.

Les trois gamins tapent toujours dans le ballon. L’adorable fillette sur son vélo piaille. Les jeunes zonent. Je passe avec mes demi-rêves en tête.

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Le gros chat qui vous dit c’est l’heure : l’heure monsieur de vous faire sodomiser pour réussir dans la vie, par l’entremise de la prière , après et avant l’acte. Ce gros chat c’est Ovide. Les petits le tannent pour se faire enculer et réussir dans la vie. Mais lui est vieux. Son foutre intéresse les médecins parce qu’il a déjà guérri des enfants. Mais là c’est trop, le succès le surpasse. Les jeunes lui tournent autour, les parents désespérés voient en lui l’opportunité de sauver leur progéniture d’un destin social attendu. Alors, les gamins il les renvoit à leur jeu de goremiti et ne se fit qu’à son instinct de médium pour repérer les plus talentueux et donc nécessiteux à ses yeux. Tout le monde le connait. Tout le monde lui témoigne du respect. Drôle de cité. Drôle d’Ovide.

Depuis qu’il m’a vu en pantalon serré, Ovide il me promet un enculage de choix, avec prières pour se concilier les esprits et plan de carrière dans la vie, à la clef. Il dit que c’est un songe qui l’a averti de cette nouvelle mission à mon endroit. Il dit que j’en ai impérieusement besoin, qu’il en a guerri d’autre que moi, et que tous sont reconnaissant, parents y compris, d’avoir pu bénéficier de son sperme magique. Seulement moi je ne veux pas réussir. Mon ambition est un encéphalogramme plat. L’argent ne me fait pas pulser. Et je ne suis disposé à en faire un ami qui aime les adolescents que parce que je sens que les jeunes l’aiment vraiment. Et puisque c’est un poète bien sûr. Qui d’autre pourrait présenter son sexe comme l’organe idéal pour accoucher les âmes ? Sinon un poète espiègle, rigolo, et sans états d’âme trop encombrants ? Un brave type en somme le Ovide et qui rend service !

Mais combien y a-t’il de cas dans ces barres de béton ? Peut-être autant que d’habitant ? Le cas d’Ovide est-il même un secret de polichinelle ? Il semble qu’en ce moment et depuis un certain temps on parle plutôt  à mots couvert de ce violeur qui hante les ascenceurs de la cité et s’abat dans la pénombre sur de très jeunes femmes isolées imprudemment dans le labyrinthe . Violeur  insaisissable dont les manières laissent à penser qu’il a l’apparence de monsieur tout le monde. Abder comme beaucoup dans la cité pense que c’est un blanc, des fois, j’ai l’impression qu’il a  même envisagé l’hypothèse que je pourrais être ce vicieux malade comme il le dépeint.

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En attendant dans les lits conjugaux on ne parle pas de ça :

Ne touches pas à ma bouteille. N’y touche pas bordel ou je te fous une rouste. Tu sais que je veux pas que quiconque touche à mon jaja. Toi tu as la télé. Moi j’ai mon jaja et il me faut ma dose. Tu vois je suis lucide. Alors au lieu de jacter derrière mon dos avec tes copines tu ferais bien de toujours vérifier mon approvisionnement. Mais je ne fais que ça Gégé ! C’est moi qui t’achète tes bouteilles ! … Normal tu en bois quand j’ai le dos tourné, après tu mets de l’eau, tu me prends pour un con, tu crois que je ne t’ai pas jauger, fausse femme. Lorsqu’on m’arrêtera tu seras la première à me charger. Mais tu peux te gratter si tu veux partir. J’ai tes papiers et je te les brule si tu me fais chier. Allez va me chercher une autre bouteille. Demain j’ai du travail.

Tu me donnes de l’argent, dis tu m’en donnes, tu es plein aux as avec tes trafics. Et minute poux fiasse, toi et moi ça fait deux. Tu veux la vie de chateau, que je crache ma tune pour toi, alors que ça soit clair : moi, ma copine elle ne me suce pas pour du fric. C’est parce que je suis généreux et que j’ai du fric,  qu’elle me suce.  Il y a une différence. Je suis un sapeur moi, pas un loulou de banlieue. Toutes les sapes que tu vois sur mon corps sont parfaitement ajustées, parce que c’est ça la classe. Pas ta vulgaire propension à vouloir me sucer ma tune. Allez, mets tes habits de Reine, on va danser dans une boite de sapeur. Après la soirée tu sauras ce que c’est qu’être généreux petite vipère.

Tu dors. Non je pense à la journée que j’ai passée. J ‘ai mal partout. Mon dos est en miette et je suis tellement dégouttée de passer 7h dans cette salle bruyante où nous sommes tous à téléphoner 5 jours sur 7, que je me demande comment je vais affronter tout cela. Fais toi porter pâle, invente ta maladie avant qu’ils ne t’en créent une véritable. Et mon mal de dos c’est rien ? Pousses le vice jusqu’à simuler. Mais tu es con ou quoi ? Comment veux tu que je  simule un mal qui me cloue déjà au lit ? Ca parait anodin mais ce n’est pas si simple mon mal – Ah pardon. Je peux me coller à toi ? Non et je préfèrerais que tu dormes sur le canapé. Tu ronfles et je ne peux pas être menacée de tous les côtés, par tes ronflements qui dérangent mes nuits, par mon mal qui m’empêche de me rendormir. Dis tu m’excuses. Je ne suis pas trop dure. C’est que j’ai mal tu sais. Je sais et je ferais tout pour t’être agréable, après tout c’est toi la travailleuse.

Dans les endroits enclavés et sombres de la cité de béton s’agitent des ombres. Les dealers les plus jeunes se font réprimander par un plus vieux, parce qu’ils ne sont pas en place et ne fournissent pas le travail qu’on attend d’eux. Faire le guet et l’intermédiaire entre clients et revendeurs. Il n’y a pas Tunis qui m’a enchanté les neurones tout l’été par son produit. Je suis alpagué par un sous fifre pret à m’arnaquer. Je n’ai pas le temps de discuter et accepte. Tunis me voit trop tard. Tant pis. J’ai juste besoin d’un peu de sheat pour continuer. A quand Sevran Bedote : 20 E , 12 grammes ; dans le quartier ? Pas tant que les consommateurs refusent de se déplacer dans le 93, en tous cas. Et comment arrivent les tonnes de produits miraculeux ? Personne ne veut parler. Pas par bâteau ce n’est pas une rade ici. Pas par camions. Depuis que des enfants ont été abimés par des visiteurs automobilistes, toutes les entrées de véhicule sont règlementées. Reste l’estafette, les scooters et leurs vas et viens incessant pour les livraisons et les approvisionnements. Mais ça grignote bien la tonne assez souvent les clients de cette cité. Alors par quels moyens ? Je dirais que ça rentre à deux pieds, à deux roues, à quatre roues, de tous les côtés, la nuit et sans doutes le jour, au moment où les gardiens sont les mieux disposés.

De toutes les façons, il y a des voies d’accès partout, certaines fermées, mais pour qui dispose des clefs, il n’est pas difficile de faire entrer, la nuit, n’importe quelle marchandise.

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Les âmes bestiales :

Il a égorgé sa mère. Son père a tenté de le maitriser il lui a infligé 150 plaies par couteau, dont quatre mortelles. Les experts l’ont déclarés  incapable de juger de la valeur de ses actes, donc irresponsable aux yeux de la loi. Après avoir fait de la prison préventive, on le transfère dans une U.M.D : une unité pour malade difficile. Et là, on l’humilie, on l’oblige à se plier à toutes les règles. Aucune violence ne lui est permise. Tous ses actes sont sensés être observés, surveillés et l’arsenal thérapeutique avec lequel on le soigne a pour but de le briser, pour le reconstruire.

– Tout ce qu’on peut écrire, on peut le décrire seulement par nos sentiments. Et tout ce qu’on peut sentir n’est décrit que par de vains mots. Silence ! me dit Abder, à notre quatrième joints. La radio se tord sous les ondulations de la guitare. Les cafards se changent en guitare. Bizarre tous ces lézards blafards qui grattent dans le noir.

Elle, elle suce tous ses petits amis pour recueillir leurs précieux nectars. Et même si se livrer à plusieurs hommes ne lui fait pas peur. Même si les sexes masculins la maltraitent trop souvent. Comme si elle devait se prouver quelque chose, quitte à s’oublier. Elle est drôle… . Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’hurlais dans la rue, et elle, du haut de ses 1m50, elle m’a lancée aussi fort que moi :  » Mais il va la fermer sa gueule !  » – et moi, je lui ai dit :  » Belle entrée en matière ! « , et nous nous sommes aimés tout de suite.

Ne sais-tu pas que tous les yeux sont sans valeurs. Seul compte ton propre regard et son miroir à elle.

Tu ne risques pas de vieillir plus vite : la vieillesse est en nous comme le conscient et l’inconscient. Mais elle affecte toute l’organisation organique du corps.

Quelle marque la vieillesse n’a-t-elle pas laissée en nous ? Comme une expérience malheureuse qui nous a ridiculisé aux yeux du monde, et que nous avons gravée dans notre capital génétique. Une fêlure incroyable. En plein milieu du corps. Un des nombreux coups infligés par la vie. Comme autant de rides.

Il vaut mieux vieillir que mourir Mamie !

Non des fois il vaut mieux mourir que vieillir , me rectifia-t’elle.

Vous avez raison. Tous les murs doivent s’écrouler. Il faut que rien ne subsiste de cet avant goût du désastre. Quand nous ne serons plus, alors tout commencera. Bonne journée Madame Georgette.

Elle : des bagouzes plein les doigts. Un estomac d’anaconda . Un chien : Méphisto, aussi rusé que lâche avec elle, sa maitresse absolue. Le chien cesse d’agiter la queue en me voyant et lève la tête vers sa maitresse. Barbara, non mais qu’est-ce que tu fais par ici ! Je reviens du Sénégal. J’ai vu mon marabout et j’ai réglé certaines affaires avec Auguste. Et toi ? Tu fais toujours de la musique ? Toujours… là je joue dans un bar. Tu me donnes l’adresse. Tu m’appelles et on se fait une soirée spaguettis. Auguste sera content de te revoir.

Si tu parles de ma silver scream, crime, crime,crime, entends mon doute,guoutte,guoutte.Si tu crois que je suis le full, foule de questions, d’opinions, de discutions, tu te mets le doigt dans l’oeil. Passes moi mon fric et tires toi. Pas par là. Par là !

Changer de chaussettes. Changer de chaussettes. Sinon j’aurais toujours le mal de toi, autrement. Ne pas pouvoir s’aimer parce que je sens des pieds, tout de même. A quoi ça tient. Mais tu ne vois pas tout ce que tu me fais subir. Notre amour est Haram !

Détruisez ce pan de mur. Toi tu t’occupes du burain. Le plafond. Là tous ces isolents vous les enlevez tous. Je veux une grande pièce avec un beau chandelier qui le surplomberait. Et au plafond une fresque : des nuages avec des cités dans ces nuages et la main tendue de tous les anges pour nous les faire connaitre.

Et ouli ouli ouli il joue avec Bécassine et elle elle aime bien quand il l’a taquine. Bombe de chez balle : elle fait du vélo dans les piscines pendant que les autres nagent. Même dans la cabine, elle joue à Bécassine et la dernière fois qu’il l’a sucé, c’était dans cette cabine. Elle le corps tendu vers le haut, une jambe appuyée contre le banc où se changer. Ils sont serrés, mais leurs jambes s’accrochent comme des serpents. Le goût de son sexe est à sa convenance, elle elle se retient de ne pas hurler. Le coeur bat sacrément la chamade. Tout le monde se change. Et nous nous faisons l’amour après une agréable séance au bain.

Sortis de l’hotel de la honte, les amants se sentent un peu ridicules ou affichent un sourire non feint. Ils peuvent recommencer dans un jardin la nuit tombante. Faire l’amour dans la jungle de ses bras. Quel pied, quand l’arbre est un sapin. Le feuillage est riche et personne ne peut supputer que deux amants s’aiment sous cet arbre planté au milieu du parc, presque au milieu : un peu décalé sur le côté. Près d’un chemin en pierre, emprunté, mais sans que ces usagers ne voient rien de ce qui se passe sous l’arbre. Ô jeune fille en fleur comme tu est belle sous cet arbre !

Et pourtant tu me dis qu’avec toi je suis béstial. Mais ne l’ai-je pas toujours été ? Et tu ne regrettes rien ? Pas de t’avoir défleurée en tous cas ! Où sont nos sacs ? On se voit dehors. Ok ?

Un peu de boudin noir et de haricots verts, s’il vous plait Jacqueline. Quel endroit divin. Des mets tous plus bons les uns que les autres. Des entrées multiples étalées tout le long de la vitrine donnant sur la rue. Des plats de résistance sur le comptoir centrale, surmonté ce comptoir d’un étage réservé aux deserts. Un stock de charcuterie à y contenir un mouton. Dieu des Dieux. Merci pour mes mains, mon coeur, et mon âme et mon estomac.

A ou a ou a oh ! a ou a ou a oh ! Tu m’as maintenant. Tu m’as cassée. Mais lève tes bras. Ce soir on se fight pendant toute la night.

O la la la la lou le plat de nouille come on. Let’s go to the party. Get what you want. Nous avons des femmes et des hommes dans nos clubs. Le plat de nouilles est à tout le monde. Get fourchettes et fuck off ! Demain comme après demain les éboueurs ramasseront les détritus de notre fête.

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Toni Abder ne le connait pas. C’est un taulard avec 10 ans de zonzons dérrière lui  et grand Dieu 15 ans devant lui s’il ne se départit pas de cette idée fixe de gagner sa vie pas autrement qu’avec une cagoule et un calibre.

Mais il le sait lui-même, il est pris à la gorge. Quand il travaille avec fiche de paye et tout le toutim, le juge de tutelle lui tombe dessus et son salaire reste emputé jusqu’à ce qu’il paye ce qu’il doit aux flics pour s’être défendu quand il le pouvait. Pourquoi serait-il le seul à se faire tabasser quand les flics tombent sur son vertigineux casier et commencent à se croire tout permis à son endroit ?

Un jour, il avait traversé la voie ferrée et était tombé sur deux C.R.S . Plutôt que de faire la vérification de ses papiers, les deux le balayent et le mettent à plat ventre pour le menotter et dans leur repère, après avoir compris à qui ils avaient à faire, on le laisse attaché à une chaise et tous lui mettent le visage en sang à coups de poing. Puis on le jette à gare d’Austerlist avec les romain michel, les sans-papiers, comme il dit. Cellule minuscule, des êtres hérintés partout, allongés sur le sol, les bancs, un stade de la déchéance de plus. Ce jour là, Toni sort parce qu’un des flics s’étonne qu’on l’ait mis là et semble le prendre en pitié.

Il n’y a rien après la sortie de prison. Pas de prise en charge, pas de suivi, pas de possibilités véritables d’éviter le travail au noir, les embrouillles, les dettes qui resurgissent, les ennemis, et ce putain de fric qui dort dans des poches à détrousser !

Je suis le mal incarné. On a eu beau m’incarcérer dans un putain de car serré, j’ai eu beau faire des  putains de quarts pour me desincarcérer, rien à faire avec ces murmures entre les murs qui me rendent dingue, dingue, dingue ; comme une putain de pendu… Je donne grâce à Dieu, à tous les hommes. A ces matins d’hivers passés à Fleury, en attendant la libertado que les murs se refleurissent pour avoir enfin la libertado, libertado.

Toni n’habite pas les barres d’immeuble, il squatte à droite, à gauche, dans un parking, dans un hall d’immeuble. Pas de poing de chute. Pas de traces, c’est sa logique. Etre insaisissable. Un calibre caché là.Des papiers ici. Et sa fille qu’il a eu à 16 ans qui du haut de ses 19 ans maintenant, l’apprécie quand même, malgré les séparations, les interdictions de se voir. Ce putain de noir de 10 ans de cabane qui l’a empêchée de se construire, elle son bel ange, sa dernière raison de se battre avec toutes ses armes ou plutôt sans ses armes.

Mais il est jeune Toni, 35 ans qu’il dit et on dirait qu’il a fait le tour du système carcérale. Fleury lorsqu’il est violent, la Santé lorsque ça s’arrange et Nanterre quand son degré de dangereusité a chuté nettement. Des gardiens qui lui disent d’aller fracasser du pédophile, avec la complicité du mirador. Des quartiers pour baveux, hommes d’affaires et tout le gratin, avec au dernier étage des transexuels qui se font défonser par cette population de privilégier. Un quartier entier avec son bordel, quelle bande de salauds ces nantis !

Comment revenir à la réalité de monsieur tout le monde ? comment ne pas remettre la cagoule et le couvert de la délinquance ? Un peu d’alcool, deux boites de rivotril et toutes peurs, tous remords, tout ce qui retient le bon citoyen volent en éclats : il est prét pour le braquage. Et ça le dérange la vie minable du SDF peau dans laquelle il se glisse sans illusions, sans être capable d’atteindre ce seuil de déchéance où l’on boit pour passer le temps. Sans être capable de se mélanger à eux.

Des copains à droite à gauche, dans les barres d’immeubles, quelques clients par-ci par-là, un jeu de balto pour gagner un bifton sur quelques coups de cartes, et un regard. Un regard qui peut être terrifiant de sentiments de terreurs, un regard fou ou totalement décomplexé, décontracté, gentil, presque affable; Mais toujours secret. Toni vit dans le secret, ce qu’il dit est secret, il est au secret. La conscience prise entre silence d’honneur et auto-protection, il ne peut pas tout me dire et le souligne souvent.

Nous fumons et buvons du vin de table jusqu’à 2 heures du matin, puis je rentre chez moi, plein d’interrogations, plein de regrets face à ce système carcérale qui ne cherche qu’à se survivre à lui-même et que la main de l’état a prévue d’étoffer, histoire de mieux étouffer la rebellion des gangsters ou futurs gangsters qu’elle forme et dont elle attend, sourde et vicieuse, qu’ils tombent et viennent allimenter son clientélisme.

Tiens, lorsque nous avons pris notre 20 E Abder et moi il s’en est fallu de 30 segondes. En trente segondes nous avions tournés au coin dans le passage perpendiculaire au lieu de deal. Pas le temps d’être surpris, 11 flics et fliquettes sortent d’un autre coin d’immeuble dans notre direction, au pas de course et se dirigent vers le trou. Des couillons pas même capables de les prendre en tenaille. Résultat : personne dans leur filet. Que des fuyards qu’on appelle par leurs prénoms et qui ne s’arrêtent pas de courrir. Autant de Toni en puissance qui seront pret à passer au braquage lorsque les dettes menaceront leur vie.

Toni, un des flics l’a prévenu : ça se terminera avec une balle dans la tête. toni ne s’est pas dégonflé; il lui a dit non seulement qu’il ne lui en donnera pas l’occasion, mais que si l’occasion se présente ce sera lui qui le désoudera.

Frene fleurit la santé me dit toni.

La santé est une couronne sur la tête des hommes, mais seuls les malades la voient, me dit Abder.

Les limites de la liberté finissent là où commence l’injustice, mais la justice existe, insiste-t’il.

Il me manque une vie. Je n’aime pas et on ne vit qu’à travers ceux qu’on aime. Tu me manques et si je suis un mauvais homme qui, comme chacun sera jugé, je ne veux plus jamais te manquer, ma fille. Je m’inquièterai le jour du jugement dernier, car il n’y aura que Dieu, crit Toni dans la nuit.

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Ô mon amour, ma belle de jour, l’encre d’amarage qui me fait couler en dessous du niveau de la réalité, me fait flotter sur le cour des nuits d’écume, moi ton cheval de feu, toi ma tigresse sans tresses, déplis ta délicate silhouette sur mon corps que je nage en toi, à jamais écho de ton  long sentiment.

j’aime la regarder quand elle prépare le repas : elle est ronde et ne manque pas de bravour. et hop c’est servi, avalé et je fais la vaisselle, je l’embrasse en ayant eu soin de déplier le lit, mettre le drap, sa couverture, son coussin, je la borde et lui dit au revoir parce que sa journée de travail l’a avalée.

quand je plonge dans ses yeux : je vois notre avenir, le plaisir de sentir sa peau si douce encore de longues années et comme un fait extraordinaire cet avenir s’assemble merveilleusement avec notre passé. Il se déploit dans toutes les directions et dénote une infinité de possibles comme l’assurance de sa propre disparition. Disparition de notre avenir que j’accepte si tu acceptes de m’aimer.

Elle, elle l’aime mais par morceaux et par moments : soit lorsqu’il ne fume pas et quand il est propre, et par préférence : les poches pleines. Elle n’est pas veinale.Elle ne veut juste pas souffrir. Et manquer c’est souffrir. Alors, elle s’arrange toujours pour qu’il y ait quelque chose à manger. Elle se défend contre la vie comme une lionne. Et à eux deux, au milieu de ces barres d’immeuble, ils se défendent pas mal. Ils sont loin d’être assez riche pour avoir un enfant. Mais ils s’aiment et chaque instant passé ensemble dans leur deux pièces du 7ème, ils veulent les vivre pleinement.  Ils savent qu’ils n’auront pas accès à tous les fruits de la Terre, mais tant que le sol ne tremble pas sous leurs pieds, ils continuent à s’aimer.

C’est le couple mixte de cette barre, le plus jeune. Elle a 20 ans, il en a 25. L’appartement leur a été alloué parce que, elle, c’est une maligne. Elle sait y faire avec les administrations. De toutes façons, le caractère social de leur demande ne faisait aucun doutes. Dans la main courante il avait été relaté la détermination de son oncle qui jusque là s’était occupé d’elle, à l’injurier et même à la frapper pour la punir d’avoir perdu sa virginité et il avait bien fallu lui trouver un logement à elle et à son coquin, puisqu’ils étaient pour ainsi dire jetés à la rue.

Elle avait sympathisé avec Rania, une locataire qui vivait seul dans son 80 mètres carré, poussée à la dérive par un malheur qui semblait à ses yeux des plus ignoble. La perte d’un de ses enfants, suivi de quatre années d’alcoolisme et d’embrouilles avec les services sociaux, jusqu’à ce qu’on lui retire la garde de ses deux derniers enfants. Les bierres, les alcools forts, le parfum, Rania était toujours défonsée, mais elle aimait bien la voir de temps en temps parce que malgré la différence d’age, Rania avait gardé un esprit jeune, était d’agréable compagnie et ne paraissait pas saoule en sa présence. Du reste Rania n’avait pas le vin mauvais. Elle dégueulait partout et s’évanouissait n’importe où, c’est tout. Mais elle ne l’avait jamais vu se rouler par terre. Rania réservait ça pour les pompiers.

Encore la cinglée du premier qu’est ivre morte dans le hall, j’appelle les pompiers ! Encore heureux que dans cette cité les pompiers puissent intervenir. Elle n’a rien à foutre ici ! Ils n’ont qu’à l’envoyer dans un centre de desintoxication.

Le lendemain Alice pleura toute la nuit quand je lui appris ce que j’avais entendu de la bouche d’un voisin. L’incapacité des pompiers à la réanimer. L’insupportable  nouvel affront de la vie pour ses enfants. Et notre impuissance qui me tue, et tue la joie de mon Alice.

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Trois jeunes controlent l’entrée, indiquant un escalier. Je monte, ça colle presque sous les chaussures tellement c’est sale. L’escalier, large et en colimasson, ne donne sur rien : pas d’appartements, de rares portes blindées et sinon, ses murs sont larvés de traits d’un liquide visqueux qui aurait laissé des milliers de lignes sur l’intérieur du cylindre qui contient l’escalier. De la pisse ou un produit lavant. Il y a des jours entre les marches, sur le côté de l’escalier, et si on pisse, l’urine glisse contre le mur jusqu’en bas.

Qu’est-ce qu’on glande ici, Abder ?

Cool… il y en a pour dix minutes, montes.

Un peu plus tard : Vous attendez depuis longtemps ? Oui, je viens assez souvent, il n’y a qu’ici que je trouve de l’herbe. Et vous ? Ah d’accord … Vous êtes allés voir plus haut s’il y avait quelqu’un ?

La file s’allonge dans l’escalier tournant. On attend. On échange un peu. Un jeune pose un  tabouret en haut des marches. Le type qui nous est passé devant lui demande si ça va être encore long, mais le jeune parle avec quelqu’un qui se tient en haut des escalier et que nous ne voyons pas.

Tu te fous de ma gueule et tu crois que je  vais rien te dire ? non mais putain d’enculé, tu m’as pris pour l’Abbé Pierre ? Je te file 5000 et toi bordel tu me dis que tu n’as plus rien !

L’autre jeune qui est sur la chaise, fait la moue en revissant sa casquette.

Qu’est-ce que tu veux que j’dise, j’l’ai plus !

Je vais te fracasser la gueule putain de ta race !

Ok ok on se calme, intervient celui qui nous est passé devant en montant à la rencontre de l’autre. Faus pas dire ça frère, moi j’habite ici, t’étais même pas né….

Mais t’es qui toi, pour intervenir dans notre discussion ?

T’énerves pas, je connais ton grand frère, tu n’as rien à craindre de moi. On est pas là pour s’entretuer. Sers moi, c’est tout ce que je te demande.

Là, je résume en langage, disons, soutenu, parce que leur dialogue dure bien dix minutes. Le jeune ne se calme pas insulte tout le monde. Abder demande à son copain s’il peut nous servir. Celui-ci commence à s’embrouiller avec Abder.

Viens, on se tire. Il va se calmer dit Abder. Je l’ai déjà vu faire ça. Et effectivement le jeune avec ce masque que mettent parfois les cyclistes, qui leur cache le nez et la bouche, masque pendant à son cou, la capuche de son survêtement vissée sur la tête : il dit :  » Bon, je vends » et prend le sac devant son pote d’où il sort une pochette remplie de sachet de beu et d’olives.

Pour 140 Euros Abder s’acquitte d’un sachet de skunk et d’une olive, ce qui se fait de mieux en matière de shit m’annonce-t’il. Puis nous quittons la tour aux miracles, longeant en descendant la file des clients.

Ce n’est pas comme dans l’autre barre d’immeuble de la ville, où tous les jeunes se sont fait pincés. Ils vendaient dans la cour. Aglutinés à dix. Douze. Squattant même le trottoir de la rue, à siffler le client pour l’alpaguer aux vues et sus de tout le monde. Les flics les avaient photographiés un à un depuis un appartement de la cité. Leur conversation téléphoniques étaient écoutées et interprétées. Et lorsqu’ils avaient fait une descente chez Ben le receleur. Lui, seul adulte arrêté, il avait balancé tout ce qu’il savait, ou presque. Pour qu’on le laisse tranquille et qu’il ne fasse pas de préventive. Les mineurs en ressortant de prison avaient fait une grosse fête dans une cours plus reculée. Tous les potes de Ben étaient tombés. Mais la chaine des responsabilités s’arrêtait là : quelques types et les dix jeunes, parce que pour les adultes parler c’était risquer plus gros que d’aller en prison. Risques du bizness, ils l’assumaient; Mais encore une case retour en prison dans leur vie, finalement.

Dans le voisinage on en avait parlé, parce que tout le monde, les gens honnêtes, se sentaient en insécurité depuis si longtemps, que l’annonce de leur interpellation avait été vécue comme un soulagement. Mais pour autant, une fois tombée la nuit c’était toujours le couvre feu pour la plus part des femmes. Alors quand ils sont revenus, les jeunes, encore plus insolents que jamais, certains ont eu des sueurs froides et ce dégout de la justice qui plonge les pays dans l’absentéisme éléctorale ou le vote extrémiste.

Alice se reveille tous les jours à six heures du matin. Moi je suis insomniaque. Soit je reste dans le fauteuil à la regarder dormir, soit je suis en vadrouille la nuit, chez Abder à regarder des films, discuter religion ou fumer des joints, ou ailleurs en balade dans les rues. Je ne fais rien de mal mais rien de bien non plus. Je n’ai pas trouvé ma voie et je ne vois pas ce que je pourrais faire à part toucher le R.S.A. Rien ne m’intéresse dans le travail. Je ne mange pas de ce pas de ce truc là. Non pas que ce soit pour les cons, le travail : Alice n’est pas conne, même si elle est conne de ne travailler que dans des magasins de fringues. Mais je n’ai de patience pour rien ni de passions pour aucune activité rémunérée. Je suis un spectateur. Pas le spectateur absolu : le spectateur absou par lui-même et résolu à n’être que spectateur.

Je ne veux pas participer à toute cette mascarade. Un empilement d’intérêts qui ne tient que grace à la peur. Je n’ai rien contre le travail : je suis sûr que ça peut soigner, et rendre service. C’est le travail plutôt qui n’a rien contre moi. Pas d’armes. Pas de crochet planté dans ma chair mentale, assez solide, pour venir à bout de ma paresse.

Et plus je fume plus j’en suis persuadé, ce n’est pas la fin du monde, c’est le début d’un autre monde. Tout peut ne craquer que par endroit, en surface, même si ça hurle à l’intérieur, le monolithe de la civilisation peut resister s’il se réforme. Si le mental humain n’est pas trop affecté par l’appropriation de son destin par l’argent.

Alice me dit que je suis immature. Que je suis un rêveur. Elle croit qu’un tier de la planète disparaitra sous les bombes, le manque d’eau, de nourriture ou d’argent ; afin que 1/5 des hommes s’accaparent toutes les richesses, qu’on y peut rien, qu’il faut continuer à s’aimer, qu’il en a toujours été ainsi et que ça ne peut pas finir, parce qu’elle m’aime et ne veut pas me perdre.

Alice ne regarde le journal que le matin, jamais en journée, surtout pas au moment de diner. Moi je suis  » open bar » avec tout ce qui vient : information de rue ou télévisée, radiophonique ou sur support papier voir informatique. Alice ne fait que travailler. Elle ne veut plus rien voir de toutes ces guerres et tous ces deuils. elle n’adopte pas le point de vue de mon oeil elle receuille l’emprunte de mon coeur dans mes attentions à son égard et ça lui suffit, lors même que je suis rassasié pour deux.

Pas rassasié, la gueule dégoulinante d’un sang qui m’est étranger et pourtant avec lequel je me sens en empathie quand je ne travaille pas. Quand je n’actionne pas ma roue de hamster pour faire tourner le monde dans la boue où il tourne péniblement. Ou plutôt, sans peine, sans remords, ou sinon que ça : du chagrin. Cette roue enflammée chargée du chagrin universel écrase mes rêves, mes illusions professionnelles. A 25 ans, je ne suis pas un STF, un sans travail fixe comme doivent s’attendre à l’être tous salariés : je ne suis même pas un chômeur. Je suis un cactus de 80 kilos, comme on en voit si on prend la peine de regarder les rues.

Mes amis sont des fumeurs, des buveurs, des vendeurs, des dealers, des clodos, des fous ou des artistes, voir même des gens biens . Et tous nous attendons que nos vies se transforment encore comme lorsque nous étions enfant et que les trucages des films ne nous semblaient pas encore des trucages si nous ne faisions pas la différence entre fiction et réalité.

parfois j’ai quand même l’impression d’être différent parce que je ne veux pas de mon morceau de réalité. Je ne veux que cette fiction que nous avons créé de toutes pièces, avec Alice. Un foyer stable et tranquille même si un peu bancale.

Alors quand Alice m’a mis à la porte , moi son boulet, j’ai roulé jusque chez Abder. Il m’a ouvert. J’ai cru que ce serait temporaire mais Alice a refermé son coeur comme la porte de son frigidaire et je suis inconsolable depuis.

Je croyais avoir un avenir mais tout ce qui me reliait à celui-ci s’est échoué. Je suis un nauffragé Alice depuis que je me suis éventré sur la réalité de nos mensonges. Toutes ces promesses d’amants. Tous ces sourires complices. Toutes les fois où je t’ai prise en espérant que ce serait pour toujours. En souhaitant que tu oublis ma marginalité. tous tes efforts pour supporter mon rythme de vie pas plus absurde qu’un autre. Et maintenant, ta détermination à te faire une place dans la société, sans moi. Ô mon dieu quel gachi j’ai fait… je ne veux pas travailler. Je ne veux pas travailler.

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D’abord il y a eu le problème du couchage. Soit mes amis n’avaient pas de domicile eux-même. Soit ils ne souhaitaient pas me recevoir. Soit ils me sucaient ma paye en quatre jours.

Ensuite ou presque aussitôt est survenu le problème de la nourriture. Je ne pouvais pas manger toujours chez Abder car Abder ne cuisine que des oeufs et de la viande, quand je suis presque végétarien. Or comme tous mes amis se nourrissent mal. Je me suis donc mis à me mal nourrir. j’ai du linge partout, à droite à gauche, mais que des affaires sales et mes pieds ont commencés à sentir comme mes pantalons et mes dessous de bras. J’ai renoncé à me laver les dents. De plus en plus de personnes parlent derrière mon dos, disent ou pensent que je suis un minable. Et c’est vrai : je suis un minable. Mais ils ne savent pas que c’est parce que je ne veux pas abimer la vie.

Maintenant même les dealers me traitent comme un vaux rien. ou plutôt leur indifférence est patente. J’ai encore des amis parce que je claque tout dans le shit, mais je n’ai plus d’amour propre.Je suis seul dans la ville et trop souvent je partage la bouteille du clodo. Et quand j’en ai fini avec ma conscience, je me pisse dessus ou je me reveille sur un banc.

Ovide m’a receuilli chez lui l’autre soir, pour que je mange et me lave. II a une télé bizarre Ovide. Des chaines que je n’ai vu chez personne où les gens se présentent comme si ils pouvaient vous voir. Des gens d’importance d’après Ovide. Quand il s’est mis à me carresser je n’ai rien fait. Mais comme je ne bandais pas il a laissé tmobé et voyant que j’étais un pauvre affamé : il m’a nouri. J’ai refusé de me laver chez lui. Je suis parti. J’étais un peu plus reposé.

Pourquoi ce même soir ai-je croisé la route de Toni. Les ornières de Dieu sont si sinueuses, si complexes avec leur manière de nous faire tourner en rond et l’embourbement de l’être qui tout entier se voile à la lumière.

Toni était plein aux as. Avec sa manière de parler entre les lignes, j’ai capté qu’il s’était refait une santé à défaut d’une conduite. Il m’a trouvé  amaigri et mauvaise mine, en revanche. mais comme il voulait me prendre à témoin de sa résurrection : il m’a conduit sur les Champs Elysée sur un skooter fleurant la pince montseigneur et les réseaux de distribution clandestins.

Il prenait des risques Toni. Je lui ai dit qu’il n’avait pas le droit de quitter la région pour aller sur Paris, que ça tournerait mal et qu’il conduisait comme un putain d’enculé.

Mais il était trop heureux d’être fier, le Toni et de toutes façons tout le monde pouvait aller se faire niquer. On mangerait des huitres à l’Alsacienne, point barre. Le plateau de fruits de mer fut merveilleux et Toni m’en mis plein la tête avec le rosé et le champagne. Et sans me raconter rien, il me raconta tout et l’espace d’une segonde saoule je crus que depuis bien longtemps c’était la première personne que je voyais heureuse.

En revenant, il se fit flasher sur les berges de la Seine, et conduisit aussi dangereusement qu’à l’allée. Mais même dans ses actes les plus fous,  Toni toujours disposait d’une reserve consciente, d’un self controle qui faisait de lui, par ailleurs, un bandit à sans froid considéré dangereux. Et si je n’avais pas peur de lui. Je n’avais pas confiance en tous les ennemis qu’il pouvait avoir.

Parce qu’il devait bientôt le quitter, Toni me proposa de dormir dans son squatt. Une dépendance dans un parking, où était entreposé du matériel de ménage et dont il avait la clef. Comme il était trop tard pour me rendre chez quiconque et presque en titubant tant j’étais rond, je me suis assis dans un coin et je crois que j’ai du m’assoupir. Parce que je n’ai pas entendu lorsqu’ils ont débarqués et que même la détonation dans la porte ne m’a pas tout de suite reveillé, sans savoir pourquoi : je n’ai pas été surpris. C’était la re-décente.

Ce que j’ai dit aux flics de ce qui s’est passé après était partiellement vrai. Ils étaient trois ou quatre. Tous cagoulés. Toni leur a dit de me laisser partir que je n’étais pas une balance et tout un tas d’autre conneries. Habillé comme je l’étais, ils n’ont pas pu me prendre pour autre chose qu’un insecte. l’un m’a fait un signe avec sa batte de base ball. Sous le regard masqué de celui qui tenait le flingue pointé sur nous , j’ai abandonner Toni. Et pendant que je fuyais le parking j’ai senti les coups de battes qui s’abattaient sur mon ami. Il était question de fric, d’enfant dans le dos, de dettes toujours reportées. Toni ne criait pas, il ralait, et je crois que s’ils ne l’ont pas tué ce soir là c’est parce que j’étais un témoin qui n’avait rien vu, mais pouvait quand même parler.

Les flics n’ont pas homis de me le faire savoir. Un sans domicile fixe comme j’étais est vulnérable. Et si j’avais été  témoin ce jour là, j’étais peut-être en mesure d’identifier ceux qui avaient fumer Toni, une semaine plus tard.

Ces gens là ne sont pas n’importe qui, ils peuvent te retrouver. Nous on l’a bien fait. Réfléchis. Tu les as vus, entendus, eux ils peuvent savoir où tu loges n’importe quand. Cette racaille de Toni a eu les yeux plus gros que le ventre. Il n’a eu que ce qu’il mérite mais toi mon garçon, tu n’es pas comme lui. Identifis les et nous te protègerons. Tu dois forcément avoir vu, remarqué quelque chose.

Je ne veux plus rien avoir à faire avec cette histoire, ai-je répondu et ma déposition est venue clore un dossier de débauche épais comme mon bras. Le flic a laissé tombé son idée de faire d’une pierre deux coups. et comme si on crachait sur son corps, le cas de Toni s’est terminé dans la fosse commune et les dossiers de la police. De toutes  façons pour les flics c’était toujours un salaud de moins. Je crois que c’est pour ça qu’ils ne se sont pas trop acharnés sur moi.

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Je voudrais te presenter cette femme

que l’on appelle  » Madame »

Elle est blanche et excentrique

avec ses cheveux rebelles d’un noir electrique

Madame aime se poser

Dans un troquet à rigoler

Tout en buvant un café

Elle enroule autour d’une clope ses doigts de fée

Puis elle fume, elle hùme l’air du pringtemps

Elle reste des heures dans ce troquet, car Madame aime perdre son temps

Au bout d’un moment elle en a marre

De l’odeur de cigare qui reigne dans ce bar

Alors elle se lève et tout le monde la regarde

Mais elle s’en fiche, elle va dans les toilettes et se refarde

puis elle va flaner dans son jardin d’Eden

ce joli jardin façon americain qui s’appelle le « Flower garden »

Toujours la cigarette à la main, elle s’assoit sur un banc

Et commence à rêver tout en regardant les cygnes blancs

Madame rêve d’amour,

De croiser son homme de toujours

Mais Madame a du caractère

Et elle ne sait pas se taire

Car à chaque homme qu’elle rencontre, elle raconte son passé de câtin

Certains en profitent pour la faire rêver juste pour la tirer

D’autres pensent qu’il lui reste des restes et ont peur de se faire piller

Alors Madame est seule sur son banc

Elle voudrait être un de ces cygnes blancs

aujourd’hui sa tête éclate

Elle voudrait brûler sa baraque

Et pendant que le feu prendrait

Avec une corde elle se pendrait

On retrouverait son corps en cendre

Dans ce terrible méandre

C’est une façon de se faire incinérer

Madame a fini comme un clope dans un cendrier

Madame quand elle m’a rencontré j’hurlais dans la rue, et elle, du haut des 19 ans de ses 1m50, elle m’a lancé :  » Mais il va la fermer sa gueule !  » ; et moi j’ai baissé la tête et je lui ai dit :  » Belle entrée en matière !  » , et nous nous sommes aimés tout de suite. J’étais à Avignon, il faisait chaud, elle était belle Madame et en plus de me plaire je pensais qu’elle pourrait peut-être m’aider à retrouver la fille de Toni, avec ses dread logs et ses pantalons en toile, larges et colorés intensément, son petit air, et son popotin charmant.

Le ciel est né le jour où tes yeux se sont ouverts. Ils scintillèrent tous trop, bleus comme une mer des caraïbes. Autour il y avait une espèce d’écume blanche que l’on appelle le ciel et c’est pour cela que tu as des ailes.

– si j’étais multi-milliardère, je louerais une navette spatiale et toi et moi on irait décrocher des étoiles pour réchauffer nos vies misérables.

Viens on s’en va à la montagne, se finir au champagne, au bord d’une cascade d’eau naturelle, on s’y baignerait à poil et on ferait l’amour seuls, dans les bois, contre un arbre, dans la rivière ou à même le sol, pourvu que ce soit intense.

– Mais chaque moment avec toi est intense mon amour.

– dis, lui ai-je dit sérieusement :

Belle âme qui regardes- tu : la flamme ou son porteur ?

Belle âme comment aimes-tu : à en saigner ou à enseigner ?

Belle âme qu’y a-t’il dans ton regard enfantin ?

Veux-tu mon âme ou mon enveloppe de nerfs ?

Es-tu assez claire pour me différencier de ton verre ?

– Oh ! Oh !  A ta santé, moi aussi je t’aime.

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