Qu’auriez-vous éprouvé si à l’aube des aubes vous aviez pu voir Eve, la première femme, celle dont MAREK HALTER dit qu’elle a subtilisé le fruit de l’arbre de la connaissance, sous le regard amusé de Dieu, pour offrir le savoir à l’Humanité, croquant dans la pomme comme si elle ouvrait à jamais le livre immense de la culture, le seul qui surplombe l’esthétique et enveloppe la Beauté de mots qui la sondent, la répertorient, visant au-delà du mur symbolique des idées, parmi lesquelles siège le concept de Beauté, visant au-delà l’incommensurable trône de Dieu, celui par qui : tout ce qui est divin est beau quand tout ce qui est beau n’est pas toujours divin, mais doux comme une liqueur au regard – qu’auriez-vous éprouvé si vous aviez rencontré une telle femme ?

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Si vous l’aviez vue, majestueuse, sublime et décidée, à la fois douce et sachant user de fermeté ; tel que dans mon songe, elle marchait sur un sentier inusité, débroussaillant pour préparer sa natte, bêchant pour cultiver, la bouche habile et prompte à narrer à ses enfants l’histoire du commencement, la manière dont, un jour, elle échappa aux archontes en les obligeant, eux qui étaient venus l’enlever, à se précipiter sur un double immatériel d’elle-même, un hologramme que Dieu lui permit de créer pour s’échapper; elle narra à Abel et Caïn, combien l’Univers est immense comme un fleuve qu’on ne finit pas de longer, elle narra qu’en comparaison du divin, cet univers est une jarre d’eau qui n’existerait pas sans son contenant et l’Univers tient dans la bouche de Dieu, mieux : il siège dans son coeur !

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Caïn, tout jeune qu’il était avait le tempérament saturnien, il était vif, nerveux parfois, et si sensible à l’injustice qu’il ressemblait à une eau martienne dont  la surface , en ces temps reculés, était parcourue de tempêtes surhumaine, titanesque, sitôt que le garçonnet se jugeait victime : un pétale de fleur suffisait à rompre le cristal de son être s’il était tombé inopportunément, quand Caïn qui aimait ordonner et ajuster lui-même les choses entre-elle, aurait secrètement voulu que tout fût ordre, luxe, calme, volupté et amour maternel; conscient de la petite personne qu’il était, Caïn savait, là, loin de l’Eden dont sa mère lui avait narré les délices et les félicités, que parmi les autres enfants de l’Humanité , lui seul, avec son frère était un fils de Dieu.

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Abel, au regard plus doux sur les choses, était à la fois moins conscient de son statu et plus simple de caractère: le soleil du matin était une occasion de jouer avec les volutes de la poussière qui s’agitait dans les rayons lumineux, bonheur simple et direct comme avait pu être doux et voluptueux le plaisir du sein maternel, celui de boire une eau fraîche comme la neige , celui aussi, plaisir chaque jour renouvelé de goûter les mets préparés par sa mère, fleuve d’amour et de savoir intarissable, mère protectrice et si aimante dont la douceur était aussi simplement lisse que le caractère d’un jeune Abel fasciné par l’étrange altérité du monde nouveau, dans lequel sa famille s’étaient installée : les abeilles le fascinaient, comme les industrieuses fourmis, et sans jamais se montrer cruel avec les animaux, Abel jouissait de la nature qui se déversait dans ses yeux, comme s’il eût reçu chaque image directement depuis le coeur pensant de l’Univers.

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Le songe ci-présent montre Eve, Abel et Cain unis dans les joies de la relation mère-enfant, portée par les seuls soucis de l’Amour et de l’Apprentissage. Tous trois flottent dans l’Univers , baignant dans une lumière douce et divine : rien n’annonce le drame …

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Dimanche 11 décembre 2016 :

Avant de peindre avec des mots ou de mettre des mots sur ma peinture, quelques phrases, mille pensées, c’est bien le moindre que je puisse faire, pour rendre hommage à la résistance des derniers combattants vaillant d’ALEP, décidés à mourir libre, c’est à dire les armes à la main, plutôt que d’être emprisonnés, torturés pour finir exécutés comme des esclaves par le régime syrien dont les forces alliées ont encerclée les dernières poches de résistance d’ALEP assiégée.

Ironie de la guerre : ces hommes et femmes résistants d’ALEP avaient réussi à chasser de leur cité l’Etat Islamique. Or, libre de ses mouvements et non inquiété par les armées russes, iraniennes, et du Hezbollah, toutes occupées qu’elles sont de ce côté là de la Syrie à assiéger ALEP, les armées loyalistes charriant 50 000 soldats autour et dans la ville martyre, l’Etat Islamique même si il est en déroute sur de nombreux front, n’a pas eu de peine à réunir les centaines d’hommes, de blindés et de pick-up nécessaires à la conquête ultra-médiatique de la si belle PALMYRE, cité antique défendue par une armée syrienne fantomatique, désorganisée et peu motivée qui, militairement s’entend, n’est plus, semble-t-il, que l’ombre d’elle-même, vouée durablement à rester dans l’ombre de ses armées alliées russes et consort.

De par et d’autre de la tragédie humaine les sorts des hommes sont inégaux : à ALEP où les lambeaux certes flamboyant de l’armée libre de Syrie et des milices affiliées ne contrôle plus que 15 % de la ville,  les soldats de la liberté et les populations qui sont restées à leurs côtés s’apprêtent à périr jusqu’au dernier, encerclés qu’ils sont de toutes parts , inexorablement voués à un massacre : rue après rue, des viols : appartement après appartement, des tortures systématiques sur les prisonniers qui ne sont pas immédiatement exécutés. Là, on meurt, âme et idéaux piétinés par la brutalité des assaillants ; tandis qu’à PALMYRE les soldats du djihad peuvent faire bombance, et se livrer à mille facéties destructrices ou bravache fanfaronnade filmée : leur armée, avec la fuite de l’armée syrienne, vient de mettre la main sur un stock d’armes substantiel, essentiel pour la poursuite de leur combat. La guerre est toujours injuste.

Mercredi 14 décembre :

Voici le décors de mon tableau, « Eve, Abel et Cain », qui se pare d’une structure complexe, présentant derrière les personnage un réseau de tiges épaisses entrelacés selon un calcul destiné à rendre compte de l’architectonique de l’Univers, comme si étaient visibles finalement  la théorie des cordes.

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On dirait une toile d’araignée en or soudée par la main de l’homme; on dirait un trône mystique sur lequel Eve, reine de l’Humanité rendrait une justice idéale ; vue de près, on dirait un tableau ésotérique, allégorique : ainsi devait-on voir Eve, la mère des hommes, ainsi devait-elle rayonner de toute sa splendeur sur ses terres conquises après la fuite de l’Eden…

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Qu’on y ajoute un fond noir et le tableau, même inachevé, livre ses buts : réaliser un portrait non pas psychologique mais mystique d’Eve, où l’aura du personnage serait perceptible et nous plongerait dans un mystère  d’une profondeur  abyssale que seul peut illustrer la voûte céleste.

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Encore quelques savants coups de pinceaux et devraient naître sur la toile : la Terre vue de l’espace, Saturne, Mars, et des nébuleuses, et d’autres sphère célestes encore dont je réserve la réalisation pour ces jours prochains : qu’EVE, ABEL et CAIN , littéralement flottent dans l’espace ….

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Voici quelques étapes du dernier tableau que je me suis attaché à peindre durant ce mois de novembre 2016, bien au chaud dans l’alcôve que forme mon petit atelier, n’ayant d’autre souci que de me lever avec le soleil, attendre que ses rayons inondent l’atelier, pour peindre jusqu’à 17 heures, puis remettre au lendemain mon ouvrage.

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Je ne connais pas de plus beau métier que celui de peintre, d’ailleurs je ne sais faire que peindre. Et plus les années passent, plus je ressens viscéralement le besoin de peindre. Sans avoir à toucher le pinceau ni triturer mes tubes de couleur, je suis capable entre deux créations de dessiner et peindre mentalement mon sujet, ce qui m’évite de faire des croquis. Donc même si je ne peins pas je pense peinture, quand je sors c’est pour me rendre à une exposition : la pâte de la peinture est devenue à l’égale de ce qu’étaient pour moi les mots durant mon adolescence : un paradis de trajectoires imaginaires, doux, précieux et chaud comme un sexe de femme à combler d’efforts délicats , dans la ferveur de l’élan créateur….

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Mes proches sont souvent frappés de constater dans les traits de mes personnages des ressemblances avec eux-même : ainsi mes sujets masculins prennent-ils souvent l’apparence de mon père et par certains aspects on peut dire qu’ils sont tous des versions de lui-même, tantôt complètement réinterprétées , tantôt plutôt fidèles.

Et certes, sans que cela soit ni conscient, ni volontaire, je ne peux m’empêcher de peindre avec le coeur, traçant tel trait non avec l’esprit conscient et rationnel, mais à la lueur irradiante des sentiments.

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Vision d’ensemble de : « Ève, Abel et Caïn »

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Me voilà reparti dans une nouvelle aventure plastique. Le sujet : « Eve, Abel et Caïn » : Eve trônant avec ses deux enfants assis sur ses genoux sur un trône mystique suspendu dans l’espace au milieu de la voie lactée. Son trône transparent y est confondu avec la substance même de la matière. Mon idée première étant de faire apparaître sur ce tableau, la trame de l’Univers ; comme si les trois corps représentés étaient en relation intime avec la dimension quantique d’un système de cordes, constituant ultime de la matière situé dans cet au-delà du réel où le symbolique, l’infiniment petit, et l’énergie primordiale sont voisins des mondes multiples et des différentes pliures du réel. Il s’agirait d’être assez suggestif et habile pour, plastiquement, mêler le plan mythologique à la physique quantique, que le souvenir d’Abel et Caïn et de leur mère nous conduise sur la piste ontologique de la naissance de l’Univers, que le drame qui se jouera dans cette fratrie face écho dans son insondable perplexité et profondeur, à l’écho de l’immense espace étoilé où d’incompréhensibles drames extra-humain peuplent le devenir de ces autres êtres, inconnus et si lointain que même leur existence revêt un caractère énigmatique. Il s’agirait de peindre si bien qu’on ne puisse effleurer le mystère adamique et son incidence quasi minimale sur la destinée du Cosmos qu’en le confrontant, audace et vanité d’humain, à la naissance des étoiles, des planètes, l’explosion des trajectoires infinies du déploiement de l’Univers. Il serait question d’atteindre à l’intérieur de la conscience , ce point où prend naissance l’intelligence humaine en se délestant de sa gangue inconsciente, là où, exactement, les rivières de l’infini, les archétypes mystiques, réserve d’images et d’énergie du Cosmos, sont partie constituante des neurones, tout autant que ce point imaginaire est relié à cet espace quantique, champ d’infinis possibles, par lequel nous abonde l’univers de ses sensations qui ne nous semblent pas venir de nous, de notre fort intérieur, mais bel et bien de ce que notre inspiration est en étroite communication avec cette part imputrescible et divinement pure de nous même : à savoir, ce qu’il convient de nommer comme ce qui nous relie aux monde supérieurs : notre âme ….

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Il m’aura fallu deux jours de réflexion, à tergiverser devant la toile, incapable de décider si je devais peindre le décors de mon dernier tableau de manière impressionniste, ou, suivant l’exécution déjà réalisée des personnages, si je devais peindre d’une manière plus classique. Rien ne sortait de mon pinceau. Je restais comme pétrifié devant la toile, mi-hypnotisé, mi-inconscient et perdu dans les méandres colorés de rêves de bord de mer lointain dont aucun ne suffisait à me restituer mes certitudes. Épuisé par ces agitations neuronales stériles, je reportais au lendemain le désiré festin de couleurs. Et dès le matin je me jetais sur mes pinceaux et, à coup de traits vifs, nerveux, et sûrs je créais ce paysage imaginé des côtes indonésiennes luxuriant de végétation, dont ne manque, à ce jour, que la peinture du ciel et de cette plante, la  » monstera » , dont sur la gauche du tableau se devine la silhouette vierge de peinture.

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Pour ce qu’il en est des personnages du tableau : ils sont peints. Voici les visages des protagonistes finis : d’abord le chef Papou, métaphore du Christ supplicié ; le bourreau qui le poignarde; puis son complice, chétif et au regard mal assuré et plein d’interrogations ….

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Voici maintenant le troisième personnage que j’ai choisi de représenter torse nu comme le chef Papou …

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Utile pour comprendre la scène et d’où est tirée cette interprétation de CARAVAGE : la photo du tableau original prise au musée de Rouen, suivie d’un cliché du même tableau, d’une copie ou peut-être de l’original, ce qui signifierait que la version que possède le musée de Rouen est une copie, d’ailleurs peut-être de CARAVAGE lui-même. En tous les cas l’on remarquera les différences : notamment les muscles mieux dessinés sur la deuxième version et d’autres détails qui n’apparaissent pas sur la photo que j’avais prise.

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Voici enfin le tableau tel qu’il est avant peinture du fond, qui, c’est décidé, montrera les côtes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée baignant ( si possible) dans une lumière crépusculaire ou d’aube, au moment où le soleil se levant, les côtes sortent de l’ombre, leurs arêtes venant juste de pénétrer dans l’aube ; la scène étant éclairée par une lumière oblique, jaillie depuis la gauche de l’horizon…

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Le clair-obscur tel que le travaille CARAVAGE, dont je me suis inspiré du tableau représentant la flagellation du Christ exposé au musée de Rouen –  s’apparente à une saillie de lumière pure dans une scène baignant dans l’ombre et l’obscurité que Caravage peint en utilisant des noirs profonds ; la lumière éparse se déposant délicatement sur les membres et les visages qui, en sortant de l’obscurité, confèrent aux sujets bibliques choisis par Caravage, une dimension lyrique, spirituelle, solennelle et profondément grave qu’aucun peintre n’a vraiment réussi à égaler . Je suis , pour ma part, trop peu habitué à utiliser avec brio le nuancier des gris et des couleurs à l’huile noires pour croire que je puisse être ce peintre ; par ailleurs qui pourrait être GUILLAUME BRESSON, lequel peintre contemporain,  possède un véritable doigté pour traduire réalistement des scènes de guérilla de rue, ou de bagarres violentes se déroulant dans d’improbables parkings souterrains,  lui offrant des occasions saisissantes de peindre en clair-obscur des scènes d’un réalisme époustouflant…  Plus modestement, j’ai peins le deuxième personnage de mon tableau « assassinat d’un chef papou en Indonésie », en  me demandant, au vue de ce que j’avais déjà peint du chef papou supplicié, si je peignais réellement du clair-obscur. Il ne m’ apparaît pas du tout naturel de jouer avec le contraste violent du noir et des clairs, pour obtenir mes effets, quand, habitué à travailler les ombres qui pourraient se projeter sur mes personnage avec de la couleur,  je remplace habituellement, en effet, plus volontiers un noir par une teinte moins claire de la même couleur que je viens d’utiliser, ce qui, dans mes précédentes créations conférait une certaine ambiance par laquelle, le réalisme de l’éclairage laissait généralement place à une lumière irréaliste, chaude et lumineuse en même temps qu’orientant la sensation vers l’appréciation du travail sur les couleurs… Or, pour ce tableau, je n’ai pu m’empêché de nuancer les noirs profonds en les remplaçant par des gris, là où Caravage excellait à poser des couches d’un intense noir ; et pour les ombres se portant sur un vêtement de couleur, je me suis borné à noircir ou, du moins griser mes couleurs, ne réservant le noir  d’ivoire que pour les parties où les ombres s’ajoutent, comme par exemple lorsque deux corps se font face.

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Je remarque que pour peindre ce tableau, alors qu’habituellement j’emploi des pinceaux très fins, je me suis cantonné, là, à brosser mes personnage avec des pinceaux moyens, réservant l’emploi du pinceau zéro ou très fin à la peinture du collier et des plumes du papou. Mon souvenir du tableau de CARAVAGE n’est plus certain, cependant je n’ai pas souvenance  que Caravage y ait grandement employé des pinceaux très fins pour le réaliser, au contraire des clairs-obscurs de REMBRANDT dont je viens de voir l’exposition au musée Jacquemart André. REMBRANDT est cet autre maître du clair-obscur qui a vécu au XVIIème siècles, dont je ne peux m’empêché de louer le génie et l’habileté de dessinateur, en admirant l’exceptionnel labeur sur certain clair-obscur, si saisissant de réalisme émotionnel, nécessitant une minutie et une dextérité au pinceau bien souvent sans égal. Et quel mérite n’attendant pas le nombre des années chez Rembrandt ! : à 21 ans, il peignait une petite toile du repas d’Emmaüs, où Jésus est reconnu par ses fidèles, après sa résurrection, suivant un clair-obscur déjà sublime d’originalité. Pour ma part à seize ans mon premier tableau à l’huile n’était qu’une « réussie » copie de photo, de chasseur de miel d’Amérique centrale ; et à Treize ans, (voir ci-dessous) une tout juste passable peinture à l’eau de Adam, pour laquelle mon frère aîné se fit modèle d’un jour.

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En comparant les techniques du CARAVAGE et de REMBRANDT, je me dis que mon tableau gagnerait en originalité si j’employais des pinceaux très fins pour peindre les visages en usant de touches directionnelles afin de suggérer l’épaisseur de la tête des personnages, je laisse en effet juge le lecteur de ce que en l’état mes visages sont un peu plats et irréalistes…

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Par contre, je crois profondément que mon hommage à CARAVAGE serait pleinement original et surprenant si je réussissais à concilier clair-obscur et manière post-impressionniste. Les peintres impressionnistes – si les maîtres du clair-obscur sont ceux qui ont sculpté la lumière avec des nuances de noir- sont ceux qui ont le mieux traduit géométriquement et avec quelle sensibilité !, la lumière du soleil. Incapable d’apprécier et de réaliser des clairs-obscurs marqués, je veux dire où le noir contraste avec les clairs et baigne la scène représentée dans l’obscurité ou la pénombre : je suis persuadé de réussir à contrario à représenter une scène se déroulant le jour à l’aube ou à l’aurore, bien mieux et, dans un décors naturel qu’il faudrait abouti, que si je me contente de recouvrir la toile de noir autour des personnages. Or, ce sera la gageure de mon hommage à CARAVAGE : peindre la lumière du jour et du soleil et ciseler des ombres propre à la lumière ambiante, là où l’original est une scène comme extirpée d’un néant obscur et profond et intemporel, pour le resituer en un lieu défini( les côtes de l’Indonésie) et en un autre temps, celui actuel de l’oppression des papous … à suivre donc.

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Chers lecteurs, et lectrices du site, je n’ignore pas que vous semblez délaisser la fréquentation du blog, sans doutes pour la raison que depuis des mois, précisément depuis que le classement du site dégringole, je n’écris plus d’articles de fond.

Je ne retranscris plus l’actualité, ni ne vous présente autre chose que des articles sur la peinture : que les déçus me pardonnent, je ne fais que peindre et si l’actualité me fait réagir c’est bien seulement dans le secret de mon tréfonds intérieur.

Certes, alors qu’à ALEP en SYRIE, l’armée de Bachar el Hassad massacre les insurgés, j’aurais pu écrire, que dis-je crier, dénoncer une stratégie militaire qui bouscule, foule du pied allègrement les conventions de Genève. J’aurais pu essayé de faire savoir aux lecteurs russes comme il est honteux qu’une armée, non contente d’utiliser de nouvelles armes, capables de s’enfoncer dans le sol, d’exploser en grondant comme un tremblement de terre et d’emporter, d’effondrer des immeubles entiers – que cette armée et ses généraux méritent d’être conduits devant le tribunal pénal international, car, sans pitié, cette stratégie consiste à bombarder les écoles et les hopitaux et les marchés et les réseaux d’approvisionnement en eau … que l’ennemi crèvent de soif, de faim, de peur et de terreur et soit broyé dans le feu hurlant ….

J’aurais pu parler de cette campagne présidentielle américaine dont les protagonistes laissent l’électeur incrédule et dépité, hésitant à choisir ou ne pas choisir entre le choléra, la brutalité et l’imbécillité, et l’incarnation de la compromission politique que,bientôt, le fondateur de wikileaks a promis de confondre et faire chuter…

J’aurais pu… J’ai pourtant décidé d’ouvrir une lucarne sur un monde méconnu, un monde absent, oublié des scoops de l’information : le monde des Papou de Papouasie-Nouvelle-Guinée, morceau de terre splendide annexé par l’Indonésie.

Mon tableau doit décrire une scène qui a lieu la nuit, en un endroit un peu reculé, bien isolé des regards : deux hommes, sans doutes des militaires, vont poignarder un chef Papou.

Pour réaliser cette violente scène, une fois n’est pas coutume, je réalise une réinterprétation d’un tableau de CARAVAGE, le génie du clair-obscur. Comble des combles pour moi qui jusqu’à peu bannissait l’emploi du noir et des ombres dans la représentation de mes sujets…

Je me suis inspiré du tableau qui montre trois hommes : le Christ et ses deux bourreaux, dont l’un semble s’apprêter à le flageller. Là le Christ devient le chef Papou et son agresseur enserre dans sa main un couteau, il va le poignarder dans le dos.

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Chose étrange, alors que je crois tenir le modelé du torse de mon Papou, un cliché photographique va tout remettre en question. Mon ami, Lionnel qui aime a suivre mon travail et me conseiller dans l’exécution de mes tableaux est émerveillé devant le résultat. Le modelé, l’épaisseur du torse, la lumière, la façon dont la carnation est rendue: tout lui plait, (ce qui d’habitude n’est pas le cas, quand je commence un tableau). Je lui dis que je suis aussi satisfait, mais mon tableau représente un blanc et les papous sont noirs, donc certainement que j’aurais des corrections à effectuer.

Par acquis de conscience sur son portable, Lionnel consulte les images correspondant au travail de CARAVAGE, comme il méconnait son oeuvre . Et là, catastrophe!, il tombe sur une reproduction du tableau. Je suis stupéfaits : la photo que j’ai faite, je l’ai réalisée au musée de Rouen, or elle semble plus claire, les abdominaux du Christ y sont pales, pas cernés d’ocre, ni saillant comme dans sa reproduction qui confère à la scène une impression de vif lyrisme. Les muscles du Christ y sont indiscutablement plus perceptibles et présents… Je suis dépité : mon travail est en comparaison assez médiocre et insipide.

J’attends une journée, en réfléchissant, perplexe et un peu déçu… Le lendemain, je commence par le drapé que je fais violet. Puis j’entame le torse à coup d’ocre et de rehaut marron clair : je suis décidé à donner de l’intensité à mon Papou, en me rapprochant d’une carnation foncée, forcément ce qui m’éloigne du modèle de CARAVAGE, comme les peaux noires ne  réfléchissent pas la lumière identiquement aux carnations des peaux blanches.

Le résultat, ci-dessous, sans qu’on puisse dire qu’il s’agisse fidèlement d’un papou , montre , en tous cas un personnage qui n’est pas blanc. Mission presque atteinte…. .

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TABLEAUX SIGNES ET DATES DE PATRICK RAKOTOASITERA

« Révolte papoue en Papouasie-Nouvelle-Guinée » 2016
65 X 80 CM HUILE SUR TOILE

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DETAIL :

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« Papoose Genocide » 2016 70 X 100 CM
HUILE, FEUTRE, PASTEL SUR BOIS :

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« INITIATION CHAMANIQUE » 2016 60 X 73 CM HUILE SUR TOILE :

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« ABEL ET CAIN » 2015 70X70 CM HUILE SUR TOILE :

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« LIONS » 2016 36X136 CM HUILE SUR BOIS :

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« ELEPHANTS » 2016 48X97 CM HUILE SUR BOIS :

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« L’ARBRE DE LA PAIX » 2016 56X207 CM HUILE SUR BOIS :

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DETAIL :

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« DANSEURS AFRICAIN AU TROCADERO » 2015 65X81 CM
HUILE SUR TOILE :

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« LA FAMILLE DE NOE » 2013 80X145 CM HUILE SUR TOILE :

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« EVE, CAIN ET LES ESCLAVES » 2OOO 136X210 CM HUILE SUR TOILE :

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« L’ALLEGORIE DU SECRET DU POUVOIR DE L’ECRITURE » 1995
TECHNIQUE MIXTE SUR TOILE 100X120 CM

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Alors que j’ai déjà peins tout le haut du tableau  » révolte papoue », je me suis attaché à brosser le personnage du premier plan, le policier indonésien, ici, spectateur un peu perplexe de cette révolte papoue dont, hasard de l’actualité : un ami m’a dit avoir entendu parler comme en Papouasie nouvelle Guinée des troubles viennent de débuter entre papous et autorités désireuses de taire aux yeux du monde la situation désastreuse et indécente des papous , considérés comme des citoyens de seconde zone, maintenus dans des réserves, quand leur pays , la Papouasie Nouvelle Guinée a été envahie par une Indonésie bien heureuse de faire main basse sur autant de richesses minières….

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Pour le sol, j’ai commencé par peindre une série de cercles jaunes, entourés de vert figurant la verdure tachetée de lumière, après avoir fait baisser d’un ton la fumée s’échapant des fumigènes qui flotte à hauteur des hanches des Papous, en ajoutant du blanc sur une fumée trop nettement rouge et orange dont la teinte nuisait à la bonne distinction des corps des papous, car trop proche de la couleur ocre de leur carnation.

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Magie des tableaux peints sans croquis préparatoires ni esquisse peinte, lorsqu’il m’a fallu m’attaquer au premier plan où je devais changer la teinte de l’herbe pour un vert plus sombre afin de figurer une sorte de pente, l’idée a surgie de réaliser une étendue d’eau qui séparerait le groupe de manifestants du policier : voici en gros plan, à hauteur de jambes, le résultat de la partie gauche du tableau.

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La partie droite :

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Et maintenant l’ensemble du tableau dont ne me reste plus à finir que les shorts et les chaussures de mes révoltés.

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