Une des pires situations est d’être à deux pas du précipice et de l’ignorer…

A ceux et celles qui pensent que l’élection à la tête de la France de Marine Lepen ne serait pas plus préjudiciable que l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis dont, pense-t-on, les mécanismes de contre-pouvoir ont pu contrecarrer les dérives, comme ce serait le cas en France si Marine Lepen était élue.

A ceux-là, électeurs indécis, déçus de Fillon, le candidat républicain hâbleur et menteur; ou, électeurs du tribun des révoltes sociales : Jean luc Mélenchon, incapables de se résoudre à faire élire Macron, je rappelle que :

Si Marine Lepen s’est dite désormais pleinement candidate à la présidence de tous les français, comme si elle voulait mettre au second plan le parti du front national, dont elle s’est servie de marche pied jusque là – il ne faudra pas ignorer que son élection plongerait la France dans une crise de l’égalité de la citoyenneté.

Alors que les gouvernements précédents ont tous butés sur le vote effectif de l’annulation de la citoyenneté française en cas de crime ou d’activité terroriste perpétrés par un individu ayant la double nationalité; se poserait la question, au lendemain de l’élection de Marine Lepen, de la remise en question de la double nationalité des générations du baby-boom, dont les enfants nés sur le sol français, tel est l’ambition de la politique d’extrême droite, n’auraient pu naitre français dans une France lepeniste ayant aboli le droit du sol.

Imaginez : plus Marine Lepen gouvernera, plus les conflits communautaires auront de chance d’être exacerbés. Ceux que ne concerne pas immédiatement l’acquisition de la nationalité française : les sans-papiers , les réfugiés et les résidents se verront appliqués une politique migratoire indigne du devoir des grandes puissances envers le reste du monde.

Ce qui sera appliqué aux plus faibles rejaillira et servira de préambule à une refonte partielle, effective ou opérée par un détournement de la Constitution, concernant l’acquisition de la nationalité française.

Sur le sol français les tensions augmenteront entre français de parents français; parents binationaux déchus de leur citoyenneté française, et leur enfants nés français, dont la citoyenneté serait fragilisée du point de vue de ses ascendants; tensions aussi avec tous les résidents dont du jour au lendemain la carte ne sera pas renouvelée ; tension parmi les réfugiés qui se verront moins nombreux à obtenir une carte de résident … .

Il faut se bien rappeler que le front national est un parti d’extrême droite, et qu’en dehors d’une politique économique dont le financement des dépenses est fondé sur des recettes hypothétiques : retour à la retraite à soixante ans, augmentation des minimas sociaux, baisse des impôts, et bien sûr : renégociation des traités commerciaux européens, en vue de pouvoir appliquer la taxation des produits importés et une protection du tissus du travail français, par une taxation de l’emploi des non nationaux, et la fin du travail détaché qui dévalue le travail national.

Ce qui en cas de conflit politique avec les autres nations européennes entrainerait, c’est le souhait de Marine Lepen : la sortie de l’Union Européenne de la France et la sortie de l’Euro, même si, au regard de la déjà grande difficulté de la tâche et de sa relative impopularité au sein de l’opinion, Marine Lepen sans l’ombre d’un début de sentiment de reniement, vient de faire savoir que la sortie de l’Euro ne serait pas nécessaire.

Il faut être précis : la politique économique du front national cherchera comme un poncif à organiser un statut de citoyen français en tout supérieur à celui de qui ne serait pas français sur le sol français. Il y a aussi à parier que Marine lepen fonde sa propagande sur le rejet implicite ou explicite de l’autre, par la négation des droits de l’Homme et l’abus de force qu’exercerait l’Etat sur les résidents les plus faibles, soumis déjà, rappelons- le, aux difficultés cumulées de logement, de précarité, d’incertitude du devenir, et que rien ne devrait prédestiner à devenir les cibles des foudres xénophobes d’un gouvernement désireux de faire des exemples.

On ne fonde pas le bonheur de ses citoyens en les confrontant à la déchéance des plus démunis comme une manière de leur faire prendre conscience de la chance de leur situation, comme on ne nivelle pas par le bas les droits sociaux. Le projet français  depuis l’origine a vocation à être universel : tous droits universel profite à l’humanité. Le champ des droits accordés aux citoyens français exprime depuis un siècle , le désir français de rendre compte de droits qui sont nécessairement ceux de l’Homme, ceux que l’Humanité devrait avoir, et que la France lui accorde de fait.

Remettre en question la visée universelle du droit français est sans doutes ce qui choque le plus les pays qui regardent la France s’empêtrer dans le piège de la géopolitique moderne : renoncer à tout en croyant sacrifier des droits inessentiels .

Or, avant de voter , réfléchissons-y : la remise en cause de la nationalité est une atteinte grave à l’intégrité des droits du citoyen déstabilisant les Libertés auxquelles peut prétendre l’individu et propageant sur la Fraternité, l’ombre du doute, de la suspicion, de la projection du sentiment de culpabilité sur autrui, du rejet jusqu’à l’anéantissement de la différence.

Bien sûr, entre expulsion des sans-papiers et encadrement des réfugiés avec reconduction à la frontière, restriction des passages par administration par l’Etat des points de contrôles à la frontière; de là à l’anéantissement de la différence, il y a un abîme.

En apparence, ce qui menace les démocraties moderne, au delà de l’état de démembrement permanent des structure industrielles, du travail, et de l’organisation de l’Etat et de la perpétuation du bien publique, sous l’effet de  réorganisation et de désassemblage industriel en biens monnayable, par le jeux des opérations financières menées par les conseil d’administration des entreprises dont les assemblées contrôlent une part importante de la masse financière – ce qui menace les démocraties est cette partie de ses forces vives prête à revendiquer le primat de sa légitimité à s’attribuer les droits les meilleurs, en croyant que l’autre a un statut qui lui imposerait de nous être redevable.

En réalité, et ceci est concomitant et compatible : les forces dont Marine Lepen a bénéficié pour atteindre le deuxième tour de l’élection présidentielle, ne sont pas dissemblables, mais complémentaires et assimilables aux forces déclarées que constituent l’ensemble des acteurs  du système financier de l’économie.

Depuis trente ans que les Lepen se disent dans l’opposition, il est certain que parmi les nébuleuses qui se rattachent au front national se distinguent ces formations de mercenaires en lien avec la mouvance d’extrême droite qui, de Mittérand à Chirac, auront été de toutes les campagnes de la « France Afrique »; incapables d’apporter aux populations stabilité et développement, mais participant  – et Marine Lepen n’en parle jamais de cette compromission – des truquages d’élections présidentielles africaines, au soutien militaire à des forces armées opposées ou opposantes; élimination bien sûr de leader charismatiques trop gênant, et compromission de ces mercenaires affiliés au parti des lepen dans des opérations financières douteuses , et destinées à détourner l’argent du continent africain….

Quelle politique mènerait-t-elle Marine Lepen, en matière africaine ? Pas mieux, mais certainement pire que ces prédécesseurs.

 

Patrick Rakotoasitera : pour un vote précieux, donc un vote pour Macron.