Une des pires situations est d’être à deux pas du précipice et de l’ignorer…

A ceux et celles qui pensent que l’élection à la tête de la France de Marine Lepen ne serait pas plus préjudiciable que l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis dont, pense-t-on, les mécanismes de contre-pouvoir ont pu contrecarrer les dérives, comme ce serait le cas en France si Marine Lepen était élue.

A ceux-là, électeurs indécis, déçus de Fillon, le candidat républicain hâbleur et menteur; ou, électeurs du tribun des révoltes sociales : Jean luc Mélenchon, incapables de se résoudre à faire élire Macron, je rappelle que :

Si Marine Lepen s’est dite désormais pleinement candidate à la présidence de tous les français, comme si elle voulait mettre au second plan le parti du front national, dont elle s’est servie de marche pied jusque là – il ne faudra pas ignorer que son élection plongerait la France dans une crise de l’égalité de la citoyenneté.

Alors que les gouvernements précédents ont tous butés sur le vote effectif de l’annulation de la citoyenneté française en cas de crime ou d’activité terroriste perpétrés par un individu ayant la double nationalité; se poserait la question, au lendemain de l’élection de Marine Lepen, de la remise en question de la double nationalité des générations du baby-boom, dont les enfants nés sur le sol français, tel est l’ambition de la politique d’extrême droite, n’auraient pu naitre français dans une France lepeniste ayant aboli le droit du sol.

Imaginez : plus Marine Lepen gouvernera, plus les conflits communautaires auront de chance d’être exacerbés. Ceux que ne concerne pas immédiatement l’acquisition de la nationalité française : les sans-papiers , les réfugiés et les résidents se verront appliqués une politique migratoire indigne du devoir des grandes puissances envers le reste du monde.

Ce qui sera appliqué aux plus faibles rejaillira et servira de préambule à une refonte partielle, effective ou opérée par un détournement de la Constitution, concernant l’acquisition de la nationalité française.

Sur le sol français les tensions augmenteront entre français de parents français; parents binationaux déchus de leur citoyenneté française, et leur enfants nés français, dont la citoyenneté serait fragilisée du point de vue de ses ascendants; tensions aussi avec tous les résidents dont du jour au lendemain la carte ne sera pas renouvelée ; tension parmi les réfugiés qui se verront moins nombreux à obtenir une carte de résident … .

Il faut se bien rappeler que le front national est un parti d’extrême droite, et qu’en dehors d’une politique économique dont le financement des dépenses est fondé sur des recettes hypothétiques : retour à la retraite à soixante ans, augmentation des minimas sociaux, baisse des impôts, et bien sûr : renégociation des traités commerciaux européens, en vue de pouvoir appliquer la taxation des produits importés et une protection du tissus du travail français, par une taxation de l’emploi des non nationaux, et la fin du travail détaché qui dévalue le travail national.

Ce qui en cas de conflit politique avec les autres nations européennes entrainerait, c’est le souhait de Marine Lepen : la sortie de l’Union Européenne de la France et la sortie de l’Euro, même si, au regard de la déjà grande difficulté de la tâche et de sa relative impopularité au sein de l’opinion, Marine Lepen sans l’ombre d’un début de sentiment de reniement, vient de faire savoir que la sortie de l’Euro ne serait pas nécessaire.

Il faut être précis : la politique économique du front national cherchera comme un poncif à organiser un statut de citoyen français en tout supérieur à celui de qui ne serait pas français sur le sol français. Il y a aussi à parier que Marine lepen fonde sa propagande sur le rejet implicite ou explicite de l’autre, par la négation des droits de l’Homme et l’abus de force qu’exercerait l’Etat sur les résidents les plus faibles, soumis déjà, rappelons- le, aux difficultés cumulées de logement, de précarité, d’incertitude du devenir, et que rien ne devrait prédestiner à devenir les cibles des foudres xénophobes d’un gouvernement désireux de faire des exemples.

On ne fonde pas le bonheur de ses citoyens en les confrontant à la déchéance des plus démunis comme une manière de leur faire prendre conscience de la chance de leur situation, comme on ne nivelle pas par le bas les droits sociaux. Le projet français  depuis l’origine a vocation à être universel : tous droits universel profite à l’humanité. Le champ des droits accordés aux citoyens français exprime depuis un siècle , le désir français de rendre compte de droits qui sont nécessairement ceux de l’Homme, ceux que l’Humanité devrait avoir, et que la France lui accorde de fait.

Remettre en question la visée universelle du droit français est sans doutes ce qui choque le plus les pays qui regardent la France s’empêtrer dans le piège de la géopolitique moderne : renoncer à tout en croyant sacrifier des droits inessentiels .

Or, avant de voter , réfléchissons-y : la remise en cause de la nationalité est une atteinte grave à l’intégrité des droits du citoyen déstabilisant les Libertés auxquelles peut prétendre l’individu et propageant sur la Fraternité, l’ombre du doute, de la suspicion, de la projection du sentiment de culpabilité sur autrui, du rejet jusqu’à l’anéantissement de la différence.

Bien sûr, entre expulsion des sans-papiers et encadrement des réfugiés avec reconduction à la frontière, restriction des passages par administration par l’Etat des points de contrôles à la frontière; de là à l’anéantissement de la différence, il y a un abîme.

En apparence, ce qui menace les démocraties moderne, au delà de l’état de démembrement permanent des structure industrielles, du travail, et de l’organisation de l’Etat et de la perpétuation du bien publique, sous l’effet de  réorganisation et de désassemblage industriel en biens monnayable, par le jeux des opérations financières menées par les conseil d’administration des entreprises dont les assemblées contrôlent une part importante de la masse financière – ce qui menace les démocraties est cette partie de ses forces vives prête à revendiquer le primat de sa légitimité à s’attribuer les droits les meilleurs, en croyant que l’autre a un statut qui lui imposerait de nous être redevable.

En réalité, et ceci est concomitant et compatible : les forces dont Marine Lepen a bénéficié pour atteindre le deuxième tour de l’élection présidentielle, ne sont pas dissemblables, mais complémentaires et assimilables aux forces déclarées que constituent l’ensemble des acteurs  du système financier de l’économie.

Depuis trente ans que les Lepen se disent dans l’opposition, il est certain que parmi les nébuleuses qui se rattachent au front national se distinguent ces formations de mercenaires en lien avec la mouvance d’extrême droite qui, de Mittérand à Chirac, auront été de toutes les campagnes de la « France Afrique »; incapables d’apporter aux populations stabilité et développement, mais participant  – et Marine Lepen n’en parle jamais de cette compromission – des truquages d’élections présidentielles africaines, au soutien militaire à des forces armées opposées ou opposantes; élimination bien sûr de leader charismatiques trop gênant, et compromission de ces mercenaires affiliés au parti des lepen dans des opérations financières douteuses , et destinées à détourner l’argent du continent africain….

Quelle politique mènerait-t-elle Marine Lepen, en matière africaine ? Pas mieux, mais certainement pire que ces prédécesseurs.

 

Patrick Rakotoasitera : pour un vote précieux, donc un vote pour Macron.

Cinq jours après le tremblement de terre politique qui vient de se dérouler en Europe, lors de l’élection des députés de notre parlement , vote qui concernait 388 millions d’européens , le constat est bien amère. L’Europe est parcourue par un sentiment de défiance envers ses institutions et nombres de gouvernements qui les cautionnent auront perdu un peu plus de crédit auprès de leur opinion publique , après ce vote.

Car ce qui s’est passé en FRANCE, la victoire du Front National sur les partis traditionnels, qui le place en possibilité d’occuper 24 sièges au parlement européen – n’est pas la seule des réussites des partis populistes en Europe.

Au ROYAUME-UNI, le parti de Nigel Farage , l’UXIP remporte 29% des voix, faisant de ce scrutin un précédant inédit depuis 1910, jusqu’à où il faut remonter pour ne voir l’emporter ni les travaillistes , ni les conservateurs.

Au DANEMARK encore , le parti populaire danois ( Danskfolkeparti : DF) avec 26,7% des voix améliore deux fois le score de 2009 et peut se targuer d’avoir 5 points d’avance sur les sociaux-démocrates au pouvoir.

En AUTRICHE, l’extrême droite , le FPÖ de Heinz-Christian Strache arrive 3ème avec 4 sièges au parlement européen. C’est un des partis avec lequel Marine Lepen et le Front national pourront faire alliance pour constituer un groupe d’influence au parlement européen. Au PAYS-BAS, le parti pour la liberté , le PVV, s’il apparait comme un des parti europhobe faisant un mauvais score, renforcera cette coalition du front National de 3 députés européen. 2 sièges de plus provenant du parti d’extrème droite suédois, les démocrates de SUEDE (SD) , où la part des extrêmes est plus faible qu’ailleurs – auquels s’ajouteront les 20 députés italiens du fantasque Beppe Grillo – constitueront ce groupe. A propos de l’ITALIE, il est à remarquer que la poussée des extrêmes y a été remarquablement maitrisée grâce à l’engouement sucité par le jeune premier ministre en fonction , Mattéo Renzi. Celui-ci avec une campagne pourtant ouvertement pro-européenne a réussi à remporter 41% des voix. Malgré ces résultats en dents de scie pour les alliers du Front National , c’est au bas mot  un groupe de 53 députés au parlement européen que devrait diriger Marine Lepen, et les conciliabules ne sont pas terminés.

Mais, et cela est un motif de satisfaction trés relatif, il faut percevoir que cette vague brune qui envahit l’Europe n’est pas unie. Il y aura des lignes de fractures entre les députés populistes. On l’a vu, à l’exception de la SUEDE, les partis populistes scandinaves récusent toute assimilation à l’extrême droite, refusant en cela toute alliance avec le Front National de Marine Lepen. En FINLANDE, nous redoutions la victoire du mouvement populiste des Vrais Finlandais , ils arrivent 3ème et seront représentés par 2 députés. Au DANEMARK, autre pays dont le mouvement populiste préfère se concentrer sur des collaborations à des gouvernements traditionnels, le raz de marée du Parti Populaire Danois est notoire, arrivé premier comme en FRANCE et au ROYAUME-UNI, il remporte 4 sièges au parlement.

Il semblerait que la part sulfureuse que véhicule le Front National , l’anti-sémitisme répété de son fondateur et de ses sympathisants empêche aussi, pour l’heure, tout rapprochement avec le parti populiste  anglais de Nigel Farage , l’UKIP. Celui-ci , grand vainqueur des élections avec 23 sièges gagnés a créé un séisme politique au ROYAUME-UNI où seule l’ECOSSE semble avoir résistée aux sirènes populistes dénonçant l’immigration non désirée, rejetant les élites traditionnelles , pronant la sortie du R.U de l’EUROPE. Certes, le parti anti-européen de nigel farage n’envisage pas de future victoire à la chambre des communes , mais tout comme le FN en FRANCE , l’UKIP comptera. Il se peut même qu’un effritement des voix des conservateurs à leur profit, coute la victoire à David Cameron, l’actuel premier ministre.

Marine Lepen toujours soucieuse de l’image de son parti ne s’alliera pas avec Aube Doré en GRECE pour la raison que ce parti se dit ouvertement néo-nazi et que cela ferait tâche dans sa quête de respectabilité. Aube Doré arrive 3ème avec 9,34% des suffrages et aura 2 députés. Le Jobbik en HONGRIE , lui également mis à l’écart par les autres mouvements populistes arrive 2ème en maintenant son score de 2009, il remporte 2 sièges au parlement européen.

En revanche c’est un echec de la vague extrêmiste en SLOVAQUIE, où le parti national slovaque qui devait faire alliance avec le FN se retrouve sans députés.

En POLOGNE, le congré de la nouvelle droite récolte 7,06% des voix et avec 4 eurodéputés devient le 6ème parti. Ou l’on voit que le populisme n’est pas ineluctable quand les hommes politiques sont à la hauteur de la menace, car en Pologne comme en ITALIE, un homme aura fait la différence. Il faut dire en la matière que la crise ukrainienne aura conféré une stature internationale au 1er ministre Donald Tusk qui en pronant une union énergétique afin de sécuriser les approvisionnement en gaz , et en rassurant les polonais face au géant russe , a su fédérer les voix autour du parti de centre droit au pouvoir.

Si les premières projections en siège au parlement permettent d’estimer à 140 voir 200 le nombre de députés européen issus de la mouvance eurosceptique, le plus grand groupe avec 211 députés reste celui du parti populaire européen (le PPE) qui fédère les familles de droite tel l’UMP en FRANCE ou la CDU allemande. Son chef de file Jean Claude Juncker devrait ainsi devenir le prochain président de l’EUROPE. Mais alors que le PPE a reculé par rapport à l’élection de 2009, de son côté la gauche réunies sous l’appelation des socialistes et démiocrates dont fait parti le PS français, obtient 193 sièges . Pour la gauche européenne un meilleur score qu’en 2009. Quand les centristes se maintiennent à 74 sièges et que reculent les verts avec 58 députés élus.

Il faut se tourner vers l’ALLEMAGNE pour y observer un équilibre des partis traditionnels , la CDU y gagne 36% des suffrages, le SPD 27,4 % et les écologistes sont à 10,5%. Tandis que les partis anti-européens semblent maintenus en marge. Succès tout de même de l’AFD, Alternative pour l’ALLEMAGNE de Bernd Lucke , lequel, en atteignant 7% et 7 sièges , implante dans le paysage politique allemend un parti eurosceptique qui durant la campagne aura insisté sur la nécessité de limiter les pouvoirs de la commission européenne.

Il est d’autres pays , notamment l’ESPAGNE et le PORTUGAL que la crise qu’ils endurent faisait craindre de voir vaincre un mouvement populiste. Ce n’est pas le cas. Les partis traditionnels y ont perdu de leur autorité, certes. Cependant au profit d’oppositions qui n’ont pas d’accointance avec l’exrême droite. En ESPAGNE la percée des Indignés , le nouveau parti Podemos qui arrive 4ème et empoche 5 sièges, est de nature à faire réfléchir. Car si tous les europhobes partagent l’obsession de l’étranger extra-européen, si tous fustigent les immigrés et même les immigrés trans-européens quand il s’agit des bulgares ou des roumains; il existe un mouvement , celui des indignés capable d’afficher d’autres revendications qu’un simple rejet de l’ EUROPE ou une hostilité déclarée à l’Islam. Et on en viendrait à déplorer que ce mouvement n’ait pas eu plus d’impact en FRANCE et au ROYAUME-UNI où les manifestants de 2011, alors unis d’une même indignation envers le monde de la finance et du buiseness sans morale, n’ont pas réussi à fédérer un mouvement politique qui aurait pu contrecarrer cette montée de l’extrême droite en EUROPE.

Est-il trop tard ? Cette vague brune prendra-t-elle corps pour l’élection des présidents nationaux ? Verra-t-elle Marine Lepen arrivée au pouvoir en 2017 ?

J’ aimerais pouvoir être plein de certitude , lorsque moi aussi je suis pris de doutes en décortiquant les statistiques. Car en France presque toutes les circonscription ont voté pour un représentant du FN, et même l’ILE-DE-FRANCE autour de PARIS n’échappe pas à une percée Lepenniste. Il semble qu’en sus de 2002 avec l’arrivée au deuxième tour d’un candidat d’extrême droite , cette raclée soit un palier supplémentaire significatif de l’exaspération des français et dés que l’on y regarde de plus près certains signes inquiètent plus que d’autres.

Certes le Front National affiche un discours populiste et démagogue et il n’est pas étonnant qu’il plaise au classe les plus modestes comme les ouvriers et les employés chez qui le score est respectivement de 43% et 38 % des suffrages remportés. Mais le malaise parmi cette population est d’autant plus grand que ces voix ont été rafflée au parti socialiste ,lequel s’effondre à 16% et 8% pour ces catégories socio-professsionnelles. Et même les partis radicaux de gauche ne semblent pas en profiter. Ce qui en dit long sur un président socialiste à la dérive , qui n’aura de cesse de vouloir éviter une dissolution de l’assemblée nationale que pourrait provoquer une fracture plus consommée avec sa fragile majorité. Hypothèse désastreuse qui soit pousserait les 56% d’abstentionistes à se manifester pour théoriquement faire barrage à l’extrême droite. Soit ni plus ni moins aurait des chances de voir l’assemblée nationale devenir un repère d’extrêmistes. Pari à trés haut risque pour Hollande en perspective.

L’autre enseignement de ce scrutin est l’implantation du FN au sein des moins de 35 ans , pour qui à 30% le vote FN est paru naturel. Tandis que la part des plus de 60 ans ne semble pas avoir été si sensible au discours de Marine Lepen, sinon pour 21% d’entre-eux. L’UMP , le parti de droite apparaissant comme le parti qui séduit les plus de 60 ans, avec 25% de cette classe d’âge concernée par l’UMP. D’un côté donc des jeunes que le rôle de l’extrême droite dans l’histoire contemporaine n’effraye plus. De l’autre des parents dont l’adhésion au Fn est tributaire de la catégorie socio-professionnelle, donc de l’angoisse générée par la crise et le manque d’homme fort à la tête du pays.

De plus si l’UMP se voyait pour une raison ou une autre, scandale , déchirement interne, privée de candidat carismatique à l’approche des présidentielle, cela créerait un boulevard pour Marine Lepen , dans l’actuel desaveu du président français. Et est-ce la mobilisation étudiante d’hier contre l’extrême droite qui ayant rassemblé 30 000 personnes en France,  annonce un sursaut démocratique ? A vrai dire : seuls les résultats et performances de l’extrême droite au sommet de l’EUROPE permettra de le savoir.

Pour sa première intervention sur ce site @nofraise, le jeune blogueur a décidé de réaliser un dossier sur son pays d’origine, la Norvège, en abordant la question de l’exploitation du pétrole, ressource essentielle dans l’économie de ce pays nordique.

La gestion unique des ressources pétrolières par l’Etat norvégien 

Sommaire
Introduction
I/ Gestion du pétrole norvégien à l’heure actuelle [étude rédigée en 2008]
a)      Ressources pétrolières
b)      Part de l’activité pétrolière dans l’économie norvégienne
c)      Licences et infrastructures
d)      Relations avec l’extérieur

II/ Projets pour l’avenir
a)      Solution politique
b)      Solution sociale
c)      Solution écologique

Conclusion

Sources

INTRODUCTION

Dans le cadre de ma formation en BTS Commerce International, j’ai réalisé un stage de juin en août 2007 à Stavanger dans une multinationale, Laerdal AS, pionnière et parmi les leaders du secteur des équipements de premier secours. Le chiffre d’affaires de l’entreprise était de 2 B$ en 2006. Elle possède trois filiales de production : à Stavanger, en Norvège, la maison-mère, où j’ai traité les commandes de l’entreprise au service ventes, une au Texas, et à Suzhou en Chine. La firme compte environ 400 employés à Stavanger, environ 1000 à travers le monde.

Stavanger, capitale européenne de la Culture en 2008, se distingue  depuis longtemps par ses activités de pêche mais c’est surtout la ville qui représente le mieux l’essor pétrolier que connaît la Norvège depuis l’après-guerre car c’est là que se sont installés les ingénieurs en charge de la construction de la première plate-forme pétrolière de Norvège, Ekofisk, en 1971. L’attraction principale de la ville est son musée du pétrole. Une grande foreuse trône à l’entrée du port qui est le centre de la ville. J’ai lu des écrits dans la presse et entendu des conversations sur le sujet si bien que le pétrole s’est imposé naturellement comme thème de ma note de synthèse.
De là m’est apparu une problématique : quel enjeu représente le pétrole, énergie non-renouvelable, pour la Norvège d’ici les prochaines décennies ?
I/ Gestion du pétrole norvégien
Comment se manifeste la richesse pétrolière norvégienne                  à l’heure actuelle  ?

a)  Ressources pétrolières

Le pétrole est une source d’énergie non-renouvelable. Il convient donc d’étudier les ressources pétrolières norvégiennes exploitées et disponibles.
Il y a 50 sites d’exploitation off-shore au large des côtes norvégiennes.
En 2007, la production journalière de pétrole était de 2 250 000 barils par jour.
La production exploitée à ce jour est de 19 293 millions de barils.
La production restant à exploiter est estimée à 18 662 millions de barils.
Selon un rapport de l’OCDE datant de 2007, on estime que 35% seulement des ressources pétrolières norvégiennes ont été extraites alors que la production a commencé depuis 1971.
Il reste en effet de nombreux gisements à découvrir d’autant plus que la hausse du prix du baril permet d’explorer des gisements jugés jusqu’à maintenant non rentables.
Le point culminant de la production pétrolière serait atteint en 2011.
Enfin, nous pouvons évoquer les technologies d’ « Improved Oil Recovery » (IOR) propres à la Norvège qui ont été mises en place aux alentours de 1990.
Il s’agit d’utiliser des technologies de récupération assistées. Les technologies IOR les plus répandues sont l’injection d’eau ou de gaz à travers les puits pour contrecarrer la diminution de la pression dans les gisements résultant  de leur extraction. Dans les années 1990, ces technologies ont permis une augmentation de la production de 530 millions de m3 de pétrole.
L’application de ces technologies aux exploitations non encore équipées devrait apporter dans la décennie courante une augmentation de production de 1 milliard de m3.

b)   Part de l’activité pétrolière dans l’économie norvégienne
Elle est substantielle.

Elle représentait un quart du PIB en 2005 (qui représentait en totalité  1 906 milliards de couronnes norvégiennes, et en 2012 : 499,7 milliards USD) et comptait pour un tiers des revenus de l’Etat (à travers les taxes sur les compagnies pétrolières, la taxe carbone, ses parts dans la compagnie d’Etat StatoilHydro,…).
80 000 Norvégiens travaillent actuellement dans l’industrie pétrolière soit environ 2% de la population du pays (plus, si on ne tient compte que de la population active). De plus, de nombreux autres secteurs d’activité sur le continent dépendent de l’exploitation off-shore du pétrole.
Les exportations de pétrole représentent 52% du total des exportations norvégiennes. Le montant des investissements vers le secteur pétrolier est de 80 milliards NOK (couronnes norvégiennes). Le secteur pétrolier est 35 fois plus important que celui de la pêche.
Très tôt, la Norvège a organisé une « séparation des pouvoirs » pour son activité pétrolière : le Ministère du Pétrole et de l’Industrie s’intéresse à la législation, la planification des investissements et l’octroi des licences tandis que la technologie et la réglementation sont du domaine du Norwegian Petroleum Directorate (NPD). La gestion des intérêts commerciaux est à l’origine de la création de la compagnie d’Etat, Statoil, depuis peu fusionnée avec Norsk Hydro.
Tous les documents relatifs à l’économie pétrolière sont rendus publics. Cette transparence bénéficie à la presse et, in fine, à la population.
C’est une illustration que l’économie pétrolière doit bénéficier à « tout le peuple » selon un slogan en vogue dès les années 70.

c)       Licences et infrastructures

L’octroi des licences est important dans la réussite de la Norvège dans la gestion de ses ressources pétrolières.
C’est au cours des « licensing rounds » qu’est décidée la répartition des tâches autour des nouveaux gisements parmi les candidats. Un opérateur est nommé : c’est cette compagnie qui sera nommée à la tête de l’exploitation. D’autres compagnies participeront en temps que partenaires à sa mise en place et en tireront aussi des bénéfices.
L’octroi des licences est d’avantage motivé par les programmes et les engagements pris que par la surenchère monétaire. La nomination de l’opérateur doit être approuvée par le gouvernement de la Norvège. La compétition positive entre les candidats apporte certes des conditions de vente optimales mais aussi un plus grand taux de découvertes, de meilleures technologies avec des infrastructures adaptées à chaque gisement et aux conditions difficiles de l’exploitation en Mer du Nord.

Si, à l’origine de l’ère pétrolière norvégienne, les opérateurs nommés étaient de grandes compagnies étrangères, c’est aujourd’hui la compagnie nationale, StatoilHydro, qui est quasiment toujours désignée comme opérateur.

d)  Relations avec l’extérieur

La majeure partie des ressources exploitées est destinée à l’exportation. Quelle en est la raison ?

La Norvège est le 8ème producteur de pétrole mais le 3ème exportateur derrière l’Arabie Saoudite et la Russie.
Ces données peuvent s’expliquer par le fait qu’en 2005, par exemple, il a été produit 250 millions de m3 de pétrole soit l’équivalent des besoins de 100 millions de foyers norvégiens. Or, la Norvège compte un peu plus de 4 millions d’habitants. Sa production est donc largement suffisante pour sa consommation.
Les USA, le Mexique, la Chine et le Canada qui précèdent la Norvège en production de pétrole sont des pays aux populations beaucoup plus importantes et donc moins auto-suffisantes que cette dernière. Même constat pour l’Iran qui souffre en outre de relations extérieures complexes.
La Norvège exportait 2,74 millions de barils par jour en 2005. Notons que la Norvège est le 1er fournisseur de la France en énergie.

Nous avons pu constater que la Norvège tire un grand bénéfice à l’heure actuelle de ses ressources pétrolières, très importantes pour une population relativement peu élevée. 

Mais comment pérenniser ces apports énormes sur le long terme sachant que le pétrole est une énergie non-renouvelable ?

Il y a plusieurs projets mis en place : politiques, sociaux et écologiques.

II/ Projets pour l’avenir

Le gouvernement norvégien a mis en place des projets qui le démarquent des autres géants pétroliers ne se basant que sur une recherche de profits immédiats sans rechercher les moyens de prolonger leur durée de vie par des politiques efficaces sur le long terme.

a)       Solution politique

Le gouvernement actuel a mis en place une « doctrine » pour renforcer sa politique pétrolière sur le plan mondial.
Le gouvernement a conduit récemment les deux grandes compagnies norvégiennes, Statoil et Norsk Hydro, à fusionner pour devenir un groupe mondial de premier plan : StatoilHydro. Ce faisant, le gouvernement norvégien entend être plus actif à l’étranger ; ceci s’est traduit récemment par l’entrée de StatoilHydro dans une joint-venture avec le Russe Gasprom (et le Français Total) pour le développement d’un gisement gazier situé dans l’Océan Arctique au large de la Sibérie et dont la production sera transformée en GNL (Gaz Naturel Liquéfié) dans une usine de liquéfaction à terre. Pour se faire, StatoilHydro a pu se prévaloir d’un schéma de développement équivalent du champ de Snöhvit en Mer de Barents norvégienne, récemment mis en production.
Il y a également aujourd’hui une multiplication des prises de participation de l’Etat dans les grandes entreprises parapétrolières privées, entrepreneurs norvégiens travaillant également à l’international sur des projets dans d’autres pays pétroliers. Désormais, l’Etat propose aux acteurs privés des « pactes » où il est prêt à supporter les risques. Ainsi, l’Etat a pris des parts dans l’entreprise de travaux pétroliers Aker Kvaerner, au risque de réduire la concurrence dans le domaine parapétrolier.

b)      Solution sociale

Un fonds alimenté par les revenus que l’Etat perçoit grâce au pétrole a été crée pour assurer une équité intergénérationnelle lorsque les réserves de pétrole seront épuisées.
Le fonds pétrolier, « Oljefondet » ou « Petroleum Fund », crée en 1990 par l’Assemblée Législative, est devenu depuis 1996 le « General Pension Fund – Global ». Voyons pourquoi :
D’une part, le taux de fécondité est d’environ 1,9 enfant par femme, ce qui traduit un certain dynamisme démographique. D’autre part, l’âge de retraite est fixé à 67 ans, ce qui est relativement élevé. Cependant, selon les prévisions des autorités norvégiennes, on devrait passer de 2,6 cotisants pour un retraité actuellement à 1,6 d’ici 2040. C’est pour éviter cette inégalité intergénérationnelle qu’existe le fonds de pension, instrument de stabilisation budgétaire et de transparence dans l’affectation des recettes pétrolières qui devrait permettre de préfinancer l’augmentation du coût du système des retraites sans devoir augmenter les prélèvements.
Le fonds puise ses réserves à partir de l’impôt sur le revenu des compagnies pétrolières, du prix d’attribution des licences pétrolières et des parts que détient l’Etat norvégien dans le groupe StatoilHydro. D’après le discours du gouverneur Sven Gjedrem à la conférence « Investing for the future » début janvier 2008, le fonds, actuellement estimé à 350 M$, couvrira, dans 50 ans, 60% des besoins de trésorerie liés aux retraites.
Le fonds est le premier fonds européen et le deuxième mondial après le Government Pension Investment Fund (GPIF) japonais. En moyenne, chaque semaine, ce sont 1 milliard de dollars qui se rajoutent au fonds. Depuis 1998, l’Etat peut investir jusqu’à 50% du fonds en bourse (en fait 40% en 2003), le Ministère des Finances étant chargé d’établir les grandes orientations pour ces investissements que la Banque Centrale appliquera. La diversité des placements (sur près de 75 000 entreprises) et l’aspect durable des investissements est un gage de sécurité pour ceux-ci.

Certains Norvégiens voudraient voir l’Etat utiliser une plus grande part des revenus pétroliers dans son budget plutôt que dans le fonds. Il est difficile pour eux de voir les files d’attente pour les crèches et les hôpitaux s’allonger, le domaine de la santé étant particulièrement sensible. D’autres répliquent que plus de dépenses publiques entraîneraient une surchauffe de l’économie, une augmentation de l’inflation, voire une hausse du chômage et le ralentissement du dynamisme économique et des initiatives privées. Et ce serait oublier les promesses d’une équité intergénérationnelle…

c)     Solution écologique

La Norvège et son industrie pétrolière s’intéresse aux énergies renouvelables afin de compléter l’apport énergétique norvégien.
StatoilHydro a investi en 2008 75M NOK dans la compagnie norvégienne d’éoliennes Sway. Cette dernière installe des éoliennes off-shore. Le vent est puissant et continu au large des côtes norvégiennes, ce qui constitue un grand potentiel énergétique.
Il faudrait 100 000 éoliennes pour remplacer la production énergétique journalière norvégienne de pétrole et de gaz. Le nombre déjà installé constitue donc juste un complément pour le moment aux énergies non-renouvelables et destiné uniquement au marché norvégien.
Des avancées technologiques permettront cependant des débouchés plus importants.

CONCLUSION

Le système de gouvernance hautement développé de la Norvège est la clé de voûte de sa gestion de ses ressources pétrolières couronnée  de succès. Les femmes et hommes politiques norvégiens ont su se mettre d’accord sur les outils et les réformes à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs à long terme de développement de l’économie norvégienne et de sa société. Le slogan pour l’exploitation des richesses « pour le bénéfice de tout le peuple » est devenu une réalité. Le fonds pétrolier a largement contribué à atteindre ce but.

Cette réussite se base donc sur le consensus politique qui a amené tous les gouvernements successifs à combiner pression pour exploiter toujours plus de pétrole et plus vite et préservation de la société des chocs sur l’économie et la façon de vivre norvégiennes que cette stimulation entraîne.

ARTICLE ECRIT par @nofraise

SOURCES

  • FACTS – The Norwegian Petroleum Sector document du NPD
  • MANAGING PETROLEUM RESOURCES – The «Norwegian Model» de Farouk Al-Kasim ; edition : Oxford Institute for Energy Studies
  • Plaquette du Musée du Pétrole à Stagvanger
  • ETUDE ECONOMIQUE DE LA NORVEGE 2005 publication de l’OCDE
  • Stoltenberg-Doktrinen ( «La doctrine Stoltenberg») tiré du journal Verdens Gang (VG) paru le 30 juillet 2007
  • La Norvège et son or noir L’Express du 18/09/2007

ADDENDUM de Patrick Rakotoasitera

Que rajouter au brillant et exhaustif article de @nofraise ? Peut-être faut-il insister sur la note de synthèse, laquelle rappelle qu’en Norvège le slogan pour l’exploitation des richesses se fait  » pour le bénéfice de tout le peuple  » , en précisant la période où a régné ce consensus : celui de la social-démocratie. En une phrase, pour reprendre le jeu de mot de l’écrivain JAN KJAERSTAD : il s’agit de la période où le parti travailliste norvégien ( det noske arbeiderpartie – en abrégé : DNA ) était ni plus ni moins que l’ADN de la Norvège.

Un ADN porteur de sens pour les 4 millions de Norvégiens depuis l’après-guerre. Tandis qu’aujourd’hui, et à ce titre les attentats perpétrés contre la jeunesse du parti travailliste par le nationaliste d’extrême droite BREIVIC sont symptomatique d’un véritable malaise – il semble qu’ à l’idéal d’une répartition équitable des richesses en vue d’assurer l’avenir des futures générations, se soit substitué un modèle d’accumulation des richesses et des gains financiers tout azimut , en vue d’une redistribution immédiate. Or, ce changement de modèle s’est imposé sous l’impulsion notoire du parti du progrès, le parti populiste norvégien qui, après la victoire récente de l’opposition de droite, devrait entrer au gouvernement.

Malheureusement ,   » le tout , tout de suite  » , soit  l’importance accordée à la liberté individuelle de jouir de facto des bénéfices d’une croissance continue , semble avoir relégué les autres fonctions vitales que doit assurer la société – l’éducation, la santé, les soins aux personnes âgées, et le domaine des infrastructures notamment – à des activités devant répondre prioritairement à des exigences de gains financiers. Où l’on constate en la matière une sorte de faillite morale dont n’est pas exempte le reste de l’Europe, minée par les même populisme, toute soumise qu’elle semble être aussi aux même impératifs financiers.

Exit en Norvège comme ailleurs les questions écologiques, le problème que posera la période post-pétrole, exit les vœux pieux d’une économie propre ! La coalition à laquelle participaient les verts a été largement balayée aux dernières élections .  La tendance est européenne, qui propulse dans les sondages les partis populistes de tout bord , pour ne pas dire d’extrême-droite. Ainsi de l’Italie à la Grèce, en passant par l’Autriche, déjà en Grande Bretagne et bientôt peut-être en France, l’air du temps est aux discours prônant le repli communautaire, une redistribution des richesses immédiates et ciblées, un retour au protectionnisme. Et le discours fait mouche au sein de populations que les motivations unilatérales d’une financiarisation de l’économie, ont acculé aux portes d’une misère grandissante.

Mais pourquoi la Norvège au fait ? Ses ressources en pétrole font d’elle un pays riche qui occupe le 2ème rang mondiale du PNB par habitants… Il faut donc croire que cet idéal nouveau qui a relégué au second rang les principes moraux de l’égalité, la justice, et la solidarité au profit d’une liberté essentiellement financière, soit aussi l’autre fondement de ce discours d’extrême-droite qui gangrène l’Europe : ainsi, sous-jacent à la préférence nationale et au rejet de l’étranger, l’individualisme forcené est un sous-entendu qu’il n’est surtout pas question de remettre en cause.

En France l’influence des postulats d’extrême-droite dans la vie politique française est lui aussi notoire. On sait que le parti d’extrême-droite y est déjà arrivé au second tour d’une élection présidentielle. Avec un gouvernement de gauche de plus en plus décrié, un Président dont la politique est très mal acceptée au sein de la population française, c’est bien la prolongation de ces politiques néo-libérale jugées surannées et préjudiciables qui semble devoir annoncer de futurs bons scores pour le parti d’extrême-droite. Comme si du socialisme libérale au capitalisme de droite l’absence de voie intermédiaire créait un boulevard vers le pouvoir pour le populisme.

En outre, au-delà d’un vide idéologique qui conforte ce populisme plusieurs facteurs concourent au ras le bol des populations. Le bouleversement économique des modes de production et de distribution qui remodèle le tissus industriel de l’Europe comme du monde , génère un surcroit de tensions sociales , de par la précarité du travail qu’il impose et l’inégalité croissante des revenus qu’il accentue. Tout en favorisant une crise durable de la gouvernance en Europe pour des partis traditionnels incapables de se démarquer d’un pouvoir financier sans principes. Le malaise est d’autant plus important dans les grandes villes que le métissage et le caractère pluri-ethnique des populations dénoncé par l’extrême droite à mot couvert ou non , est une réalité de la mondialisation.

Certaines vérités sont donc à rappeler à tous ceux que le vote extrême tente. Les bouleversements sociaux et économiques que nous vivons n’ont pas pour origine unique les dits « étrangers » que les tensions sur le marché du travail n’épargnent d’ailleurs pas. L’extrême droite a beau jeu de canaliser la frustration des électeurs sur la question, elle n’est pas plus capable que les autres partis de dire comment elle compte modérer l’ hégémonie de ces grands groupes industriels dont l’impôt échappe à l’ Etat, tandis que leur position internationale accentue la concurrence entre salarié, en propageant un modèle social fondé sur la coexistence de l’inégalité et la précarité. Pas un mot non plus sur notre mode de vie responsable d’un épuisement annoncé des ressources de la Terre et de l’aggravation du dérèglement climatique qui tôt ou tard se rappellera bruyamment à nous…

Là où la concentration des moyens de production dans les mains d’une élite mobilisait la conscience internationale de la classe ouvrière au début du XXème siècle, cent ans plus tard, tandis que le processus est comparable l’individualisme forcené est devenu roi ; et malgré les enseignements de l’histoire, l’Europe lors de l’élection prochaine de son président , risque de donner à voir le triste plébiscite des partis d’extrême droite.

En cinquante ans, la nécessaire adaptation du salariat au développement mondial des stratégies industrielles et financières internationales a bouleverser jusqu’au mode de consommation du citoyen français. Ou peut-être est-ce le mode de consommation qui est le grand responsable de ces stratégies industrielles et financières ? Car, dorénavant le citoyen est dépendant de la perpétuation du système de production industriel de la filière agroalimentaire qui le nourrit. Comme à un échelon collectif, le destin financier de la France, à l’instar de celui des autres états, est, lui, dépendant d’un mode de gestion financière caractérisé par un système d’internationalisation des risques financiers, supportés en dernière analyse par le salarié lui-même.

Dit autrement : en cinquante ans, le mode de vie et de consommation de masse aura été si systématiquement adopté et formaté de par le monde, que le revenu de l’Homme du début du XXIème siècle, comme l’autonomie financière du pays qui l’abrite, sont strictement déterminés par des stratégies industrielles et financières qui semblent devoir leur échaper. Et si impérieusement que ces stratégies favorisent l’enrichissement d’une oligarchie mondiale composée de dynasties d’industriels, de magnats de l’énergie, de cercles d’actionnaires en tous genres. Lesquels sont en apparence d’autant moins concernés par le développement d’une nation ou d’une autre que leur empire terrestre chevauche les richesses de plusieurs pays, dont le niveau de dépendance au système économique international interdit la possibilité pour leur classe politique nationale ( quelle que soit sa tendance) de voter et d’appliquer les lois qui protègeraient leurs citoyens.

Or, si disparates soient-ils de par leur origine religieuse, ethnique; si différentes soient les affinités historiques des pays alliés dont ils sont issus, ce qui les détermines en groupes rivaux, les membres de cette oligarchie s’accordent sur le postulat de la nécessité d’une hégémonie collective sur le monde qui soit pérennante. Comme ces hommes et ces femmes semblent capable, afin de se maintenir radicalement, de se combattre , en tous les cas de ne pas empêcher la destruction partielle et redoutée du système économique actuel, si tel est le prix du maintien de la domination de leur membres les plus redoutables. Système économique qui aura, en un demi siècle, réussi à relever tant bien que mal le niveau de vie mondial, faisant reculer au moins partiellement la pauvreté endémique ( même si l’avidité de cette oligarchie a fait progresser artificiellement la misère dans les pays industrialisés eux-même ces dernières années) ; système ayant contenu les conflits traditionnels entre états par un maillage économique mondial vecteur de commerce et de paix relative. Mais notamment en Europe et potentiellement partout où les agissements de cette oligarchie induira une crise de la gouvernance ( conséquence inévitables du modèle de consommation sur lequel s’est fondé leur emprise mondiale) , il semble que soit déjà atteint ce stade paroxystique où la subordination de la loi démocratique à la loi économique dévoyée, a si bien décrédibilisé la fonction politique, si bien dévalorisé le travail salarié, si bien appauvri la qualité du bien de consommation, si bien épuisé les ressources du monde – que pour contrecarrer la révolte des salariés et déjouer les mécanismes institutionnels de taxation des gros avoirs financiers, cette oligarchie mondiale sera tentée de laisser s’instaurer les conditions idéales d’une relance économique internationale effective seulement après une révolution ou plutôt une guerre majeure. Dessein que servirait la confrontation de n’importe quelle idéologie contraire : le monde musulman contre le monde occidental, les anciens pays industrialisés contre les pays émergents, les U.S.A contre la Chine, etc … Du moment que la destruction soit suivie d’une reconstruction des économies alors dévastées. Comme alors s’agira-t-il d’édifier un nouveau et pourtant identique système économique dominé par cette partie de l’oligarchie qui aura vaincue ses concurrents.

L’impératif de l’accumulation du capital et le dogme fou de sa nécessaire rentabilité maximale est bien à l’origine des manœuvres incessantes de concentration-fusion, redéploiement de l’activité industrielle, et revente des activités les moins rémunératrices, au sein des grands groupes que leurs membres se partagent. Le tout, financé par la démultiplication des montages financiers sur les marchés à risques si rémunérateurs, et dont les pertes sont jusque là toujours compensées par l’intervention coupables des états désireux de maintenir le système financier international tel quel. Tandis que les collusions particulières entre économique et politique nécessaires à cette stratégie mondiale , auront été accentuées à mesure que s’opérait un repli communautaire au sein des pays eux même. Repli corollaire de l’affaiblissement des états, de l’affaiblissement de la cohésion nationale mise à mal. Par suite d’un accaparement mondial des richesses qui a contraint les états a écorner leur projet social, faute d’argent. Qui a provoquer l’endettement des ménages désireux de maintenir leur niveau de vie par le recours de l’emprunt. Qui a ruiné le petit entrepreneuriat sur qui aura pesé le véritable poids de l’impôt collectif. Petit entrepreneuriat seul véritable créateur d’emploi. Celui auquel le système bancaire dévoyé n’accorde déjà plus le financement nécessaire au développement de son activité.

Pour dire vrai, à l’égard d’une situation économique et politique mondiale qui menace d’aboutir à la destruction du système économique actuel, et plus spécifiquement à la destruction du système démocratique fondé sur l’intervention d’un état-nation déjà plus capable de répondre correctement au souci social de la juste redistribution des richesses ; destruction qu’on pourrait nommer  » l’écroulement infini du capitalisme » comme l’oligarchie dominante a déjà prévu d’investir ses avoirs dans les systèmes économiques qui survivront – le cas de la France est emblématique.

Depuis trente ans, la politique économique et financière de la France a correspondu à un dogme économique et international suivant lequel les Etats devaient promulguer des lois de dérégulation financière qui ont finalement favorisé l’émergence d’un système financier de l’ombre. Réputé incontrôlable, et dont l’origine des avoirs qu’il capitalise sont in-traçables, mal imposable. Avoirs, dont il est sûr à ce jour, qu’ils sont le moyen par lequel l’économie souterraine issue des commerces illégaux ou de la collecte des évasions fiscales par les paradis fiscaux, se retrouvent légalement investis sur des marchés financiers pesant directement sur le destin des Etats. Car tel est le deuxième volet du dogme financier qu’a suivi la France : réduire la fiscalité pesant sur les grandes multinationales. Et financer le déficit de ses recettes dû à cette défiscalisation du capital, par le recours d’emprunts sur les marchés. Une manière de payer à crédit le bâton qui vous battra. Car additionné à une politique économique passive, c’est-à-dire laissant libre cours aux actionnaires de remodeler le tissu industriel, en démultipliant les gains de leurs dividendes par le levier de la délocalisation notamment, c’était encourir le risque politique insoupçonné d’une crise durable de la gouvernance.

En effet, un an après son élection favorisé par le rejet de la politique de son prédécesseur; jugé alors partial, inique, et sectaire, François Hollande semble lui aussi incapable de trouver grâce aux yeux des Français. Pourquoi ? Et comment la prolongation d’une telle situation politique peut elle mener la France et les pays européens englués dans une situation économico-politique similaire sur le chemin de la révolte ?

Il faut dire tout d’abord, qu’au delà d’une réelle difficulté à communiquer à la nation française un élan, ou l’envie d’affronter le XXIème siècle avec la vigueur d’un pays à la grande Histoire, que ce qui reste de clairvoyance à la discipline économique dont la faillite intellectuelle est pourtant patente depuis quinze ans, devrait faire dire aux économistes combien François Hollande se fourvoie en voulant fonder la relance économique française sur les principes asphyxiant d’une politique économique aux relents d’austérité, en croyant aux chimères d’une croissance impossible en l’état.

Ce que j’annonçais dans ma précédente lettre à François Hollande fait en effet maintenant consensus dans la communauté économique : la restriction budgétaire, l’affaiblissement programmé des dépenses sociales, pèsent directement sur le budget des ménages. Donc sur la consommation, ce qui explique en partie la paralysie de la machine économique, et l’atomisation de la croissance. Croissance dont par ailleurs, il faut se demander de quelle nature elle peut être. La finitude des ressources interdit de penser que la production puisse être en perpétuelle croissance. Car la croissance de l’économie, où l’augmentation des bénéfices des entreprises dans un monde dont la raréfaction des matières premières entraîne leur renchérissement, ne peut être qu’une croissance des prix des produits vendus, provoquée par la stagnation de la production à terme. Ce qui en connaissance de cause motive les politiques industrielles d’obsolescence programmée des produits vendus. A dessein de maintenir et d’accroître artificiellement les niveaux de production. Politique industrielle insoutenable sans l’instauration d’une économie du recyclage, et parallèlement, sans l’accentuation des politiques sociales des Etats, pour contenir l’effritement du budget des ménages qu’impliquent de telles dépenses programmées. Où l’on voit ainsi, l’absurdité qu’il y a à attendre la croissance, dans un pays dont les ménages sont fournis en biens d’équipement, disposent d’un revenu stagnant, pays quasiment sans sources d’énergie exploitables sur son sol, pays situé sur ce versant du monde dont l’hégémonie économique semble prendre fin en ce début de XXIème siècle.

Pire : au delà de la conscience collective française d’une impasse économique dans laquelle serait la France, l’impopularité de François Hollande tient également à son incapacité à adopter des mesures même symboliques pour apaiser le sentiment d’injustice que provoque l’inégalité effective qui s’est accrue au sein de la société française. En France, comme dans le reste de l’Europe, une oligarchie détient dans ses mains d’actionnaires l’essentiel du tissu industriel français. Et comme dans le reste du monde, ces possédants échappent à l’imposition nationale en devenant des exilés fiscaux; sans qu’aucune politique n’ait réussie à inverser cette tendance. La taxation de cette économie virtuelle comme la régularisation annoncée du monde de la finance n’ont ainsi pas estompé les soupçons d’incompétence, voire de trahison ressentis par le salarié.

Quant aux retraités dont il est coutume de dire qu’en France leur rôle est décisif lors de l’élection présidentielle, ils feront peut-être pencher la balance en faveur d’un vote nationaliste d’extrême-droite. Avec d’autant moins de remords que le système de retraite par répartition, instaurant de fait une amputation du revenu pour le retraité, plus l’implacable dureté du monde du travail envers les plus de 50 ans, a vu apparaître une nouvelle catégorie de pauvres. Pré-retraités au chômage et retraités au revenu insuffisant obligés de prétendre à des emplois sous-payés. Constituer un nouveau vivier d’opposants à une Europe de la monnaie unique dont les bénéfices pour le moins n’auront pas été d’amoindrir le coût de la vie, mais l’occasion d’une hausse généralisée des prix, impliquant une guerre commerciale dans tous les secteurs. Suivi de la mort de l’éthique du commerce chère aux générations que la jeunesse a fui.

De la génération la plus jeune, il faut rappeler que, soumise déjà à une reconduction du destin social familial, cette génération n’ignore pas qu’elle risque de surcroit d’avoir un niveau de vie inférieur à celui de ses parents. Peut-être est-ce là une des raisons du résultat surprenant du sondage concernant les 18-25 ans, organisé lors de l’élection de Hollande, lequel indiquait que plus de 30% de cette classe d’âge se disait prête elle aussi, à voter pour le parti d’extrême-droite qu’elle considérait « dé-diabolisé »

A contrario, le nivellement du taux de chômage à la hauteur du taux record atteint lors de la fin des années 90, n’a pas fait grossir le rang des syndicats ; ni mobilisé lors des dernières manifestations au-delà de la base militante. Au mieux pouvait-on sentir dans les rangs un frémissement, l’espoir, la croyance en une mobilisation possible de toute l’opinion publique. L’ immolation récente d’un chômeur en fin de droit n’a pas elle-non plus fédérée l’indignation collective. Le fait-divers n’a pas même un temps soit peu , truster les unes des journaux. L’augmentation en dizaine de pour cent de la demande de nourriture gratuite distribuée par les associations caritatives , vrai marqueur de l’augmentation de la misère en France, n’a pas causé d’émeutes de la faim cet hivers. En 89, ( 1789 ) l’augmentation du prix du pain, certes,
alors nourriture de base, suffisait à provoquer la révolte des Parisiens. Depuis 10 ans que le coût de la nourriture augmente d’une année sur l’autre, d’un magasin à l’autre, d’un quartier l’autre, c’est à se demander ce qui pourrait bien pousser le français du XXIème siècle à la révolte, tant l’atonie collective est patente. Il semble donc bien que le sursaut collectif français doive passer par un vote inhabituel.

L’échec de François Hollande, l’échec du gouvernement socialiste augure donc, si un remaniement ministériel n’en change pas la donne, un cataclysme politique en 2017 ; dont la caractéristique consistera à la consécration des extrêmes par les urnes. Revirement à l’extrême gauche ou à l’extrême droite qui risque de décomplexer le vote extrême en Europe, et dont on peut prédire qu’il emporterait avec lui le radeau de la zone Euro, déjà ballotant d’une critique à l’autre.

Mais cette triste hypothèse ( à minorer tout de même si l’extrême gauche prend le pouvoir : c’est à souligner ) ne constituera jamais que l’occasion attendue par l’oligarchie du monde pour accélérer la destruction partielle de l’économie mondiale nécessaire à toutes reconstruction, ou consolidation d’une zone économique dominante et,
politiquement sous contrôle. Le transfert des avoirs financiers faisant partie du jeux complexe d’accaparement des terres arables , des sols riches en énergie, des entreprises d’une même filière – auquel sempiternellement se prête sans vergogne cette oligarchie économique et financière.

Alors que reste-il au citoyen en ce début de siècle par delà la certitude que la société qui l’abrite ne se révoltera pas pour conquérir sa liberté sinon par suite d’un chômage touchant plus de 20% de la population active ? Sinon à la condition elle aussi peu probable du dérèglement d’une matrice économique informatique ruinant en une seule journée des milliers d’entreprises ? Sinon à la condition déjà plus plausible de l’épuisement subite de plusieurs zones de pêche, cumulé avec une sécheresse inédite induisant et une révolution alimentaire et une révolution tout court … sinon … que reste-il en dehors d’un vote présidentiel de tous les dangers, tentation du pire qui ne mènera qu’au pire, oui, que reste-il au citoyen en quoi croire ?

A n’en pas douter doit demeurer en chacun, ou plutôt s’instaurer la conscience claire que notre mode de vie comme le mode de vie de notre société ne sera révolutionné qu’à la condition sinequanon que d’abord le mode de consommation industriel, auquel chaque consommateur-citoyen apporte son obole, soit infléchi là où il ne s’agit que d’une dérive économique et morale.

Car avec certitude aucune révolution sociale n’ébranlerait plus le système économique corrompu qui gouverne le monde qu’une  » révolution des assiettes « , suite et avant-gout de ce que pourrait être le prolongement du mouvement des indignés. A l’échelle individuelle et familiale cette révolution est déjà praticable pour les revenus moyens et les personnes de bonne volonté prêtes à consacrer un peu plus de temps à cuisiner, en privilégiant les produits le moins manipulés industriellement, produits de saison, et le plus possible provenant d’une filière courte d’acheminement ; cela, en suivant un régime alimentaire moins protéinique. A considérer le succès des émissions culinaires, le dégoût qu’a inspiré aux Européens le scandale d’une filière agroalimentaire industrielle corrompue proposant à la consommation publique ce qu’il y a de pire du moment qu’un goût acceptable est chimiquement garanti, il y a des raisons de penser que cette révolution est en marche.

Et tant pis, tant pis s’il est peut-être déjà trop tard. Tant pis si l’oligarchie a déjà devancé ce retour à l’authentique en tentant d’asservir les paysans du monde entier par l’instauration de brevets sur les légumes, la nécessité qui leur est imposée d’acheter des semences dont auparavant ils disposaient librement.

Tous dévoiement de la filière alimentaire devraient être l’occasion d’un combat politique et en aval, d’un sacerdoce citoyen. Il en va ainsi des farines animales que l’Europe a décidé de recycler dans la filière aquacole en l’autorisant dans la nourriture des poissons d’élevages. Cette pratique inique et dangereuse comme le recyclage de la viande avariée dans la filière surgelée, n’auraient pas de raison d’être sans le manque de vigilance du consommateur. Sans le coupable assentiment de notre fainéantise. Et certes, la plus part du temps, sans la nécessité imposée aux moins bien lotis de consommer ce qui coûte le moins cher. Il demeure vrai cependant la plus part du temps que cuisiner un plat est quantitativement et qualitativement plus profitable que de l’acheter tout fait.

Alors qu’attendons nous pour nous révolter ?
Qu’attendez-vous cher consommateur ?

Le XXIème siècle a commencé par le partage mondial de l’information, et c’est par la démocratisation des moyens de communication que s’échangeront les idées qui consacreront la démocratisation des moyens de production, ou l’hégémonie d’une oligarchie sur la Terre pour encore trois cents ans … .