LE MELANGE CONTRARIE DES ANGES : chapitre VII et VIII

CHAPITRE VII : Rencontre avec Elza

Alexandre avait les nerfs vrillés de honte et de douleur, et il sentait la dépression l’anéantir. Cet été là, il prit une décision qui allait se révéler providentielle. Pour se faire aider, il se décida à consulter un psychologue, rencontra le fantasque docteur Faurie, aussi bien accoutumé à travailler avec des enfants qu’avec des adultes. Psychiatre en vérité qui avait réussi à s’échapper de l’hôpital psychiatrique et créer une structure autonome. Faurie était drôle, d’une intelligence rare, et Alexandre avait surtout remarqué combien sa stagiaire était des plus troublantes. Depuis, c’est pour elle qui lui faisait du bien, presque plus que pour Faurie qu’Alexandre s’était mis à fréquenter son cabinet.

Le rituel était immuable. Il parlait en tête à tête avec Elza dans le salon d’attente, ensuite venait le tour de Faurie. D’ailleurs Elza se débrouilla pour être en dehors du bureau de Faurie, les deux premières fois où Alexandre s’était présenté au cabinet. Leur rencontre avait été joviale, Elza était très douce, et leur discussion à bâton rompu des plus vive : ils avaient beaucoup de choses à se dire. Et sans qu’il sût très bien à quoi attribuer ce phénomène, au bout de deux séances, Alexandre était tombé amoureux. La troisième fois, Elza ne put se libérer et il dût la voir en présence de Faurie. Celui-ci le savait, et il leur proposa deux minutes de solitude en fin de séance. Alexandre ne put dire que deux mots à Elza : « je t’aime » , elle d’en répondre cinq : « je t’aime moi aussi ».

Par la suite, Elza avait tenu à offrir à Alexandre le livre « totem et tabou » de Freud, arguant qu’il ne le tenait pas assez en estime selon elle. Seulement Alexandre avait oublié le livre dans le cabinet de Faurie, or celui-ci, qui pour l’avoir ouvert et avoir lu la dédicace, ne manqua pas de faire savoir à sa stagiaire combien c’était peu déontologique de laisser à ses patients son numéro de téléphone personnel. Mais Faurie n’avait rien fait pour empêcher Alexandre d’avoir le livre, surveillant seulement la situation du coin de l’œil. Et Elza avait pu revoir Alexandre en dehors du cabinet, la semaine suivante.

Quand ils se virent sur les quais de la Seine où ils s’étaient romantiquement donnés rendez-vous : le cœur d’Alexandre tonnait à nouveau. Il fait chaud, ma peau est moite, et gourmande, j’ai envi de te toucher … fit Elza et elle embrassa Alexandre. Peu après Elza l’invita au restaurant. Comme à leur habitude maintenant, entre deux trois mots tendres, leur conversation portait exclusivement sur la psychologie. Mais en fin de repas Elza se révéla être une petite effrontée dénuée de tout doutes. Elle narra à Alexandre, toute ouïe, l’histoire de sa romance avec son prof de faculté. Après les cours, elle avait pris son courage à deux mains et s’était décidée à inviter au restaurant son prof chéri. Celui-ci à sa plus grande satisfaction avait accepté. Or, à la fin du repas, elle dût lui avouer qu’elle avait également réservé une chambre d’hôtel pour eux deux. Il fut d’abord surpris mais pas effarouché, et l’y suivit. Il la prit violemment dans la chambre … . Comme ils finissaient leurs plats : Elza avoua à Alexandre qu’elle avait également réservé une chambre pour eux dans un hôtel près de là. Alexandre s’en trouva ravi.

Il la déshabilla sur le lit pour constater qu’Elza était d’une finesse de corps rare, avec des seins fins comme de jolis citron et une chatte pas trop dense et très belle. Ils firent l’amour trois heures durant les quelles Elza se livrait pieds et poings liés à son amant, acceptant toutes les poses, toutes les positions, toutes les formes d’amour. Entièrement soumise à son désir.

Elza était plus petite que Bahia. Elle avait un nez busqué rigolo, de fantastiques cils qui lui faisaient de grands yeux, et une bouche superbement lisse : très sociable, son visage savait prendre mille expressions, ses traits mobiles étaient l’outil majeur de son charme dévastateur : elle était jolie Elza.

Ils s’étaient revus le lendemain et le surlendemain. Et chez Faurie. Alexandre ignorait si elle en avait les moyens, mais chaque fois il se laissait inviter à l’hôtel. Puis ce fut la catastrophe pour elle. Elle raconta que Faurie avait voulu savoir ce qui se passait, et elle n’avait pu lui mentir, d’ailleurs il avait deviné le pire. Un passage à l’acte consommé, une transgression qui ne semblait jamais avoir été prise en compte, en somme. Faurie la congédia de son stage et refusa de le valider. Par amour pour Alexandre, Elza venait de redoubler son année. Elle ne lui en tint pas rigueur. Au contraire, lorsqu’elle le revit, elle s’agenouilla et lui dégrafa le pantalon, prit son sexe dans sa bouche et suça. Décontenancé Alexandre ne voulut pas lui souiller la bouche…

Elza était lascive, caressante et enveloppante. Il la désirait. Elza voulait l’accueillir en elle. Elle adorait ses mains sur son corps. Ils se chuchotaient des choses pendant qu’il la fourrait. « Tu demeures mes songes, mes plus douces pensées, mes caresses les plus renversantes, mes baisers les plus langoureux. » Ils étaient parcourus par des vibrations volcaniques à chaque fois que son sexe entrait dans sa vulve. Leurs étreintes étaient orgasmiques. Quand c’était fini, Elza disait, j’ai encore envi de toi. Je suis incandescente, attention !

Alexandre avait une haute opinion de sa maîtresse. Depuis qu’elle était libre de toutes obligations universitaires, ils se voyaient tous les jours. Alexandre était libre de ses mouvements : Bahia, elle, ne demandait plus jamais avec qui il passait ses après-midi et maintenant ses nuits. Bahia avait son Olivier , Alexandre son Elza. Tout paraissait facile. Ils ne cessaient jamais de discuter. Elza voulait tout savoir. Alexandre qui avait besoin de parler lui raconta tout sur tout. Depuis son enfance jusqu’à la situation actuelle. Il finit par apprécier mieux se confier à elle qu’à Faurie. Ils discutaient ensemble comme deux roues d’une même locomotive, indissociablement complices, et engagé d’un même élan vers une quête commune. En réalité Alexandre cessa de voir Faurie pour passer encore plus de temps avec Elza. Elza se livrait moins, mais elle agissait et d’abord voulut-elle lui présenter sa sœur jumelle, Julie.

Julie trouva Alexandre un des types les moins bizarre que sa sœur avait pris l’habitude de lui présenter depuis une éternité. Elle le trouva beau gosse aussi et aima sa conversation. Julie était légèrement plus épaisse, plus forte, plus matérialiste que sa sœur. Plus pragmatique qu’elle, moins rêveuse, elle avait créé une start-up avec son mari. Depuis peu, ils n’étaient plus en perte et gagnaient 12 000 francs par jour, ce qui augurait un bon début. Julie si elle avait semble-t-il les pieds mieux arrimés au sol que sa sœur, ne semblait pas pour autant être la dominante. C’est bien Elza qui l’incitait à découvrir de nouvelles choses. Elle qui avait eu son premier copain avant elle. Elle avait aussi perdu sa virginité avant elle. Car Elza plus que Julie était non pas attirée mais littéralement happée par l’inconnu, quand Julie n’était rassurée que par la matérialité du quotidien. Un évènement avait rapproché inconsciemment les deux sœurs et Alexandre. Ils étaient tous les trois orphelin de mère. Or leurs mamans respectives étaient mortes d’un cancer. De constater cette déchirure commune dans leur enfance, rapprocha ostensiblement Alexandre d’Elza et de Julie, aimantés qu’ils étaient par la force et le poids d’un même secret.

Julie disait : j’aime la raison du plus fort, je choisis toujours le camp du plus fort, pas toi ? Non. Tiens, Elza est comme toi ! Elle va vers le malade, le froid, et le sans espoir ! Bien souvent… Et elle n’écoute les conseils de personne ! Elle est avide de sa propre expérience. Tant qu’on lui dit que ça brûle, si elle n’a pas touché, au risque de se brûler, elle ne croit pas à ce qu’on dit de prime abord. Elza est très attachée à la religion juive, moi j’aimerais bien, mais je n’ai pas le temps. Je dois travailler, produire des résultats ! Mais j’aime ma sœur comme personne, je la défendrais toujours, œil pour œil, dent pour dent ! Et je suis contente parce qu’Elza semble heureuse avec toi. Elle t’aime et je t’aime moi aussi. Puis Julie embrassa Alexandre sur la bouche en un furtif baiser.

Son idylle avec Elza était en fait providentielle pour Alexandre qui s’en sentait revivre. L’été s’annonçait splendide pour eux. Ils visitaient les musées, allaient au cinéma, se promenaient dans les parcs, fréquentaient les bibliothèques, allaient là où les menait leurs discutions ininterrompues.

Une vision d’Elza petite allait enflammer l’imagination et le rire d’Alexandre durablement. Elza devait avoir cinq ans, et se tenait allongée au milieu du salon de sa grand-mère, la jupe relevée, se touchant le kiki longuement. Et la grand-mère de lui demander pourquoi elle faisait ça ? Elza si fraiche et déjà chipie : « parce que c’est si bon mamie !!! … . »

CHAPITRE VIII : La famille d’Elza

Elza avait très vite voulu présenter Alexandre à sa famille. Ainsi au cour d’un diner , légèrement intimidé avait-il rencontré Paul et France, respectivement son père et son amie avec qui il vivait maritalement. Le grand frère d’Elza et de Julie. Et fulvio, un cousin de la famille dont il compris qu’il avait perdu ses parents, et était souvent convié à leurs réunions, pour cela même qu’il n’avait plus sa propre famille.

Paul était superbe avec ses cheveux blancs, ses vestes noires ou ses cols roulés noirs, ses pantalons de flanelle noire aussi, et sa silhouette svelte. Il était aussi gentil qu’il était classe, et qu’est-ce qu’il en jetait ! Sa fortune, il l’avait faite dans l’édition de journaux pour adolescent. Ça avait été dur de perdre sa femme, un déchirement absolu. Mais l’amour de ses enfants aidant, la passion pour son travail facilitant, il avait su se refaire une vie. D’un naturel joyeux autant que taciturne parfois, il appréciait les bonnes tables, les vins fins, et les cigares. Plus que tout et comme le père d’Alexandre, il chérissait la jeunesse, même si elle était par trop bruyante et se précipitait vers la maturité dans l’indiscipline. Cela l’attendrissait. Fait insolite pour un homme d’affaire fortuné comme il l’était : il n’avait pas de voiture, et se déplaçait en métro, en taxi ou en avion, quand il se rendait à Londres dans sa résidence secondaire, dont officiellement il avait fait sa résidence principale pour des raisons fiscales. Il avait accueilli Alexandre par un amical « Ah c’est toi maintenant qui t’occupe de ma fille », espérant que cette fois-ci sa fille était guérie de sa torpeur avec les hommes qu’elle jetait les uns après les autres.

France, sa compagne s’habillait toujours de manière décalée : arborant souvent d’authentiques convers rouges qu’elle pouvait mettre avec n’importe quoi. Elle possédait un magasin de dessus de lit tendance et vendait partout dans le monde. Elle avait deux enfants.

Le grand frère d’Elza et de Julie était un drôle de zigue. Il avait le même âge qu’Alexandre. Mais plus prompt à se débrouiller dans la vie, dès l’âge de 15 ans, il pouvait assurer son autonomie financière en entamant une carrière de numismate. Depuis Elza ignorait l’origine des ressources de son frère, peut-être était-il entretenu par leur père. Il chérissait la liberté de l’oisiveté de son statu de jetsetheure, tout occupé qu’il était à voyager à travers le monde d’une soirée à l’autre. Sinon quand il restait à Paris, il occupait le terrain en squattant les boites branchées, à la recherche de jolie blonde dont il faisait une consommation immodérée, d’après la langue de vipère d’Elza : il faisait la « collection des poids chiches ».

( à suivre)

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