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L’année qui vient de s’écouler a vu se dérouler la célébration des 50 ans de peinture de Jean Andrianaivo Ravelona en France. Après une célébration inaugurale en septembre dernier lors des journées de Madagascar à l’Unesco, l’artiste peintre s’est illustré en décembre au château historique d’Asnières, une ville qui a aussi  accueilli dans son passé le célèbre Van Gogh. Il a  accordé, ici, de retracer l’évolution de sa peinture, le rayonnement de son style « Ay fanahy »  et ses projets en chantier. Interview.

*Les Nouvelles : Si vous deviez résumer votre carrière en quelques périodes, ce seraient lesquelles ?

– Jean Andrianaivo : Je me souviens comme si cela datait d’hier. C’était en décembre 1968 que j’ai fait mon premier tableau à la gouache. Ce fut le «Début» de mon aventure picturale sous le guide Ernest Rakotondrabe, plus connu sous le nom de Dadanesy, mon premier prof de peinture aux Arts appliqués malgaches à Ampasampito.  Dans la foulée, ma manière de peindre a évolué vers le «Classique réalisme».

Ensuite, depuis mon séjour en Italie à partir de 1976, mon style tend vers le clair obscur, marqué par l’influence des maîtres italiens dont Michel Ange et des peintres flamands comme Rubens. Ce fut ma période appelée plus tard «Tourment». À partir de 1979, j’ai passé à une période très éclectique dite «Découverte» avec l’apparition de différents styles à savoir le cubisme, le surréalisme, l’art abstrait, le tachisme et bien d’autres. C’est pendant cette période que j’ai reçu le message intuitif me confirmant la peinture comme ma future carrière. Au même moment, j’ai quitté l’enseignement à l’Ecole des Arts pour aller travailler au Centre national de l’artisanat malgache. Y restant 21 mois, j’ai démissionné de mon poste de chef de service promotion pour réaliser ma vocation d’artiste. Ma carrière professionnelle de peintre a ainsi démarré le 3 mars 1981, une étape décisive et significative qui a marqué ma période  dite « Espoir ». Vers 1986, ma façon de voir le monde a complètement changé. Par ailleurs,  j’ai découvert  les thèmes visions futuristes et cosmiques qui m’inspiraient beaucoup durant cette période «Lumière», située entre 1985 et 1988.

*Le « Ay fanahy » est-il issu de ces 6 périodes précédentes ?

– Effectivement, elles donnent lieu à une synthèse pour faire naître un style nouveau. Le «Ay fanahy» se définit comme une osmose du visible à l’invisible, rencontre du réel au spirituel. Avant la création du nom du style, je me suis préparé quelques mois auparavant par mon guide. Puis quand est venu le moment fort de l’inspiration, le mot Ay fanahy s’est imposé en moi, lequel va être le nom de mon style de création. Le mot «Ay», signifiant intuition, est d’origine malgache très lointaine depuis le continent de la Lemurie.  «Fanahy» se traduit par esprit, âme. J’ai déjà ressenti le «Ay fanahy» depuis ma petite enfance. Il symbolise la vibration de l’âme, l’amour et m’a fait visionner différentes choses dans ma vie… qui ont été vérifiées après…

*Comment les occidentaux perçoivent-ils votre propre style ?

– Le Ay fanahy prend graduellement sa place dans le milieu culturel occidental. Depuis les 20 années que je suis en France, les œuvres Ay fanahy ont été 24 fois primées, entre autres par le Prix du conseil général, la Médaille de la ville de Paris, le Prix du public dans beaucoup de salons. En juin dernier, mes œuvres ont gagné le 1er Prix Manet au Salon Arga. La promotion culturelle en Occident n’est cependant pas gagnée facilement. Le chemin est long, tout en sachant qu’il faut vraiment de la patience.

*Après les rétrospectives, les perspectives.

– L’exposition des 60 œuvres rétrospectives Asnières sur Seine constitue le pilier du jubilé du mois dernier. Dans l’ensemble, cela a été un réel succès. Ce fut ma plus grande et importante réalisation événementielle depuis 50 ans, avec l’appui indéfectible des artistes participants, de la diaspora et de la ville hôte. Dans mes perspectives d’avenir, les célébrations dans ce cadre sont prévues en Allemagne, en Belgique et bien évidemment, à Madagascar. Par ailleurs, la formation artistique en France et la poursuite du programme de formation des futurs artistes à Madagascar font partie de mes projets.

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Je certifie sur l’honneur être le créateur de tous les tableaux que vous verrez dans ce dossier.
Patrick Rakotoasitera

Tel : 0641909103

site : www.patrick-rako.net

Patrick Rakotoasitera

2017 : début de cotation : vente de « assassinat d’un chef papou en Indonésie » par la maison de vente JONCQUET de Boulogne
Exposition « des signes, des symboles et des corps « ( 140 créations exposées) Ferme neuve à Grigny
Exposition à L’Eden, Brasserie de Boulogne
2016 : Exposition et vente aux enchères ; PIASA faubourg Saint Honnoré
2015 : 10 éme salon des arts Afro-caribéens de Grigny
Exposition collective : Mairie de Boulogne
2014 : Portes ouvertes, Mairie de Boulogne
: Participation prix André et berthe Noufflard, Nogent
2013 : « Prix coup de coeur » Chorum et handicap
2011 :Exposition galerie « ETAIS » Chatelet, Paris
« Art en Capitale » au Grand Palais
Exposition Mairie de Boulogne
2010 : Artiste permanent Galerie Everarts Paris
2009 : « Art en Capitale » au Grand palais
Exposition Mairie de Boulogne et atelier ouvert
5ème salon des arts Afro caribéens de Grigny
Salon des arts Plastiques de Grigny
2008 : 4eme Salon des arts Afro-caraibéen « Prix des artistes » pour le tableau « l’allégorie du secret du pouvoir de l’écriture »
2006 : Participation aux ateliers ouverts de Montreuil organisée par la Mairie de Montreuil
2005 : Participation aux ateliers ouverts de Montreuil
Exposition au Centre Culturel « l’Albatros » Montreuil
2004 : Exposition peinture à l’huile à l’Espace Culturel de Villejuif
Exposition « Les Hommes nus » dans un atelier à Boulogne
2003 : Exposition collective « For intérieur » au Centre Georges Gorse Boulogne
Exposition rétrospective au « chat perché » Montreuil
2002 : Exposition « perspective » Centre Georges Gorse Boulogne

Exposition Paris XIII restaurant « Sainte Marie »
2001 : IX Salon d’art plastique au Centre Culturel de Dreux
2000 : Exposition au Centre Culturel Georges Gorse de Boulogne
Exposition à la Mairie de Paris XIII
1999: Organisation d’une exposition d’art et d’artisanat malgache au Centre Culturel du Lièvre d’Or à Dreux
Rassemblement d’un collectif de jeunes peintres à Montreuil
« Vision de l’environnement »
1998 : Exposition salle des fêtes de Clamart
VIII ème Salon d’arts plastiques au Centre culturel de Dreux
1997 : Exposition en plein air Parc Eric Satie organisée par la Mairie d’Arcueil
Exposition Centre Culturel Wladimir d’Ormesson à Ormesson
VII ème Salon d’arts plastiques « Prix du jeune créateur »
pour « la marche vers le soleil »
Exposition malgache à la Mairie du XIV
1996 : Exposition au siège de la Poste à Montparnasse
Participation à la peinture du décor de la pièce théâtrale « Juste un cri » de Serge Poncelet au Lavoir Moderne Parisien
Exposition au VIème Salon d’Arts plastiques de Dreux
1983 : Exposition au Petit Palais pour concours Victor Hugo

Démarche artistique : l’ETHNO-SURREALISME
D’André Breton, à Salvador Dali, en passant par Marcel Duchamp, les surréalistes sont mes prédécesseurs sur les chemins de création que j’explore depuis plus de Vingt ans. Du surréalisme, j’ai hérité le goût de plonger dans la civilisation africaine, à laquelle m’enracinent mes origines malgaches. N’étant jamais retourné à Madagascar depuis ma naissance, mon propos sur l’Afrique ne pouvait qu’épouser la démarche surréaliste, comme il épouse les limites d’un rêve éveillé.

Le rêve d’une conscience qui placerait l’ Humain au cœur d’une forêt de symboles directement reliés aux signes de l’Univers. Le rêve d’une Humanité, une et indivisible, détentrice d’un savoir ésotérique que l’on retrouve universellement chez toutes les civilisations primordiales.

Depuis 1997, date de la remise du prix « jeune créateur » pour ma participation au VIIème salon d’arts plastiques de Dreux, récompensé alors pour le tableau ici présenté : « la marche vers le soleil » ; il s’est agi de rendre compte d’un maximum de peuples premiers, en un détour mystique et ethnographique qui compose, depuis, l’ETHNO-SURREALISME dont je suis le représentant.

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L’ETHNO-SURREALISME s’inscrit dans le courant de l’ART CONTEMPORAIN AFRICAIN. IL permet de procéder à des décalages des repères bibliques et mythologiques occidentaux grâce à la mise en avant des symboles primitifs et ancestraux, et à l’abondance de références à d’autres civilisations : ainsi dans « l’Allégorie du secret du pouvoir de l’Ecriture », tableau de 100 x 120 cm, des années 90, la question du rapport des intellectuels au pouvoir, et de leur usage de l’Ecriture dans leurs combats – est transférée dans un contexte égyptien et africain , où la question est explorée dans l’allégorie représentée ( Prix des artistes au salon afro-caribéen de Grigny en 2008 )

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Faute d’avoir pu entrer en contact avec les peuples premiers ou primordiaux , ma démarche repose pour l’instant sur l’étude des travaux d’anthropologue et de leur documentation photographique dont j’extirpe là un visage, là une main, ici une parure afin de reconstituer de toute imagination les personnages qui peuplent mes peintures suivant une création qui se veut toujours originale et inédite.

Toile représentative de mon travail en l’an 2000 : « Eve, Caïn et les esclaves », peinture à l’huile sur toile de 200×150 cm, qui présente Eve et ses enfants sur un trône porté par des esclaves devant la mer, illustre cette intention ETHNO-SURREALISTE qui est aussi la mienne de provoquer chez autrui le déclenchement des spirales du rêve sans recourir à l’iconographie onirique habituelle du SURREALISME.
Ici (ci-dessous) Les verrous de l’imagination sont forcés grâce à l’utilisation de la « _8éme couleur » à savoir le titre du tableau qui doit sensibiliser le spectateur à une approche incongrue mais respectueuse de la GENESE. Eve est noire de peau , premier pied de nez surréaliste ; et l’on apprend qu’ADAM et EVE vivent au sein d’une humanité où règne l’esclavage…. La finalité de cette démarche étant d’interroger l’œil du spectateur autant que de stimuler la réflexion

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« Les penseurs », huile sur toile ( 120×120 cm), encadré de moulages de dents , fait partie de cette série de « TABLOBJET » ( tableau + OBJETS) que je présente sur mon site http://patrick_rako.nuxit.net depuis 2006 . Ou quand l’ETHNO-SURREALISME consiste aussi à provoquer des collisions non plus linguistiques au sein de l’image, mais également des collisions culturelles, vectrices de sens ou de non-sens, en mettant en scène l’antithèse de l’homme moderne : l’homme primitif aux prises avec des objets réels issus de la consommation de masse, par un jeu d’association entre objet réel, image peinte et titre évocateur.

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Cherchant à démultiplier la charge symbolique du tableau, dans mon approche plastique j’use des quatre éléments comme d’un révélateur. L’EAU est un élément que j’aime à représenter , ici avec : « les Trois grâces », grand tableau à l’huile sur toile de 100×170 cm, est évoqué l’aspect commercial de l’eau buvable sous forme de sodas ou de boissons alcoolisées.

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Et fidèle à la tradition surréaliste de détournement des objets je peins sur des supports inhabituels ( fenêtre, porte, fond de canapé … etc )
Car sitôt qu’une vision m’envahit il me faut la projeter sur le premier support que je trouve dans mon atelier. « Vision » étant un terme non parfait pour qualifier l’élément moteur de ma démarche. En fait s’agit-il de mots pensées, d’impressions, d’images , de concepts qui entrent en collision et qu’irrémédiablement je dois mettre en forme. « Totem » objet peint en relation avec l’ EAU : une planche de surf, est l’une de ces visions.

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Voici quelques tableaux primés en 2013 pour le concours « Chorum et handicap » : « Adam le chaman », encadré de briquets qui mêle les éléments : l’EAU et le FEU, l’EAU et la TERRE.

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« Vison d’EVE » encadré de cannettes, restitue une Eve dubitative entre la source originelle d’une EAU créatrice, et la réalité contemporaine d’une eau désacralisée.

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Autre tableau ayant reçu le « prix coup de cœur Chorum 2013 » : « Paradis du peuple primitif façon art brut » :

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Avec ce tableau qui a nécessité l’emploi de 9 pinceaux zéro, ma démarche est explicite : surréaliste, je cherche à propulser le spectateur dans un espace-temps où ce qui parait impossible et surréaliste se révèle à postériori : domaine du réalisable, du possible et du réel.
Dans « Paradis du peuple primitif façon art brut », une tribut de sauvages dont les chefs sont en sustentation au dessus de la SEINE , devant l’ILE SAINT-GERMAIN d’ISSY LES MOULINEAUX – se promènent devant la statue de DUBUFFET : « la Tour aux figures « bien connue des boulonnais. Surréaliste ? Impossible ? Non ! Pas même ! Le chef cérémoniel , son chaman et un prince sont debout sur un bateau que le tableau ne montre pas. Sur l’ILE SAINT-GERMAIN, dans cet espace-temps, on organise la réunion annuelle des peuples primordiaux … ( blague surréaliste : « et c’est sponsorisé par Coca-Cola ! « )

Mon travail plus récent m’a conduit, après avoir décliné ma démarche ETHNO-SURREALISTE, au-delà de l’utilisation de l’iconographie ethnologique, en « TABLOJET »ou rêve futuriste – à aborder un aspect plus réaliste , mais là en accentuant l’onirisme de la représentation du sujet par un trait proche de la bande dessinée.

Le tableau suivant traite d’une « Révolte Papoue en Papouasie-Nouvelle-Guinée » ( 2016 ) :

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« Papoose Genocide » rend hommage au courage du peuple INDIEN et au courage qu’il a fallut et qu’il faudra au peuple PAPOU.

PROPOSITION DE VISUEL POUR LA CARTE DE VŒUX :
« Eve,Abel et Caïn, assis sur le Trône de lumière au milieu du Grand Système Solaire »

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Ci-dessus l’avant dernier tableau ,ici en cours, réalisé cet été, après avoir passé quelques jours chez ma tante Annick qui possède une petite maison dans les environs de Rambouillet.  Un coin un peu perdu où rien ne se fait sans véhicule et où quasiment rien n’est possible pour quelqu’un atteint d’alzheimer comme l’est ma tante. J’y ai réalisé quelques croquis rapidement exécuté, parfois sur des sujets tout à fait inhabituels dans la hiérarchie de mes priorités. Ainsi de cette tondeuse qui a rendu un semblant d’ordre au jardin rendu à sa nature sauvage par manque d’entretien. Ma tante doit être assistée quotidiennement. Elle ne se lave plus toute seule; ne cuisine plus jamais et son traitement requière l’intervention d’infirmière à domicile. IMG_20171106_103229 IMG_20171106_103240

Cloisonnée chez elle, Annick fréquente longuement son fauteuil . Celui au tissus un peu élimé près de la porte fenêtre qui donne sur son grand jardin.

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Elle aura bientôt 80 ans Annick. Ancienne chef hotesse dans l’aviation, habituée à diriger ses troupes, Annick a conservé l’excellence de la langue qui fleurit sa bouche de mot recherché et devenus rare dans les conversations courantes. Seulement, dix minutes d’intervalle suffisent à lui faire oublier ce qu’elle a pu exprimer avant.IMG_20171106_103319

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Sa voiture est immobilisée dans le jardin, inutilisée depuis au moins deux ans.IMG_20171106_103340

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Sitôt que sa télé a bien voulue fonctionner, c’est en regardant chez elle une émission sur la peinture que j’ai eu l’idée du tableau qui romprait mes habitudes de couvrir toute la toile de peinture en y distinguant de large zone vierge, et c’est à l’exemple du grand artiste Chayan Koy que j’ai décidé, revenu dans mon atelier, de peindre de manière encore plus réaliste mes personnages.IMG_20171106_170210

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le tableau s’intitule :  » code secret africain et symbolique de l’origine de l’univers « 

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Dimanche 11 décembre 2016 :

Avant de peindre avec des mots ou de mettre des mots sur ma peinture, quelques phrases, mille pensées, c’est bien le moindre que je puisse faire, pour rendre hommage à la résistance des derniers combattants vaillant d’ALEP, décidés à mourir libre, c’est à dire les armes à la main, plutôt que d’être emprisonnés, torturés pour finir exécutés comme des esclaves par le régime syrien dont les forces alliées ont encerclée les dernières poches de résistance d’ALEP assiégée.

Ironie de la guerre : ces hommes et femmes résistants d’ALEP avaient réussi à chasser de leur cité l’Etat Islamique. Or, libre de ses mouvements et non inquiété par les armées russes, iraniennes, et du Hezbollah, toutes occupées qu’elles sont de ce côté là de la Syrie à assiéger ALEP, les armées loyalistes charriant 50 000 soldats autour et dans la ville martyre, l’Etat Islamique même si il est en déroute sur de nombreux front, n’a pas eu de peine à réunir les centaines d’hommes, de blindés et de pick-up nécessaires à la conquête ultra-médiatique de la si belle PALMYRE, cité antique défendue par une armée syrienne fantomatique, désorganisée et peu motivée qui, militairement s’entend, n’est plus, semble-t-il, que l’ombre d’elle-même, vouée durablement à rester dans l’ombre de ses armées alliées russes et consort.

De par et d’autre de la tragédie humaine les sorts des hommes sont inégaux : à ALEP où les lambeaux certes flamboyant de l’armée libre de Syrie et des milices affiliées ne contrôle plus que 15 % de la ville,  les soldats de la liberté et les populations qui sont restées à leurs côtés s’apprêtent à périr jusqu’au dernier, encerclés qu’ils sont de toutes parts , inexorablement voués à un massacre : rue après rue, des viols : appartement après appartement, des tortures systématiques sur les prisonniers qui ne sont pas immédiatement exécutés. Là, on meurt, âme et idéaux piétinés par la brutalité des assaillants ; tandis qu’à PALMYRE les soldats du djihad peuvent faire bombance, et se livrer à mille facéties destructrices ou bravache fanfaronnade filmée : leur armée, avec la fuite de l’armée syrienne, vient de mettre la main sur un stock d’armes substantiel, essentiel pour la poursuite de leur combat. La guerre est toujours injuste.

Mercredi 14 décembre :

Voici le décors de mon tableau, « Eve, Abel et Cain », qui se pare d’une structure complexe, présentant derrière les personnage un réseau de tiges épaisses entrelacés selon un calcul destiné à rendre compte de l’architectonique de l’Univers, comme si étaient visibles finalement  la théorie des cordes.

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On dirait une toile d’araignée en or soudée par la main de l’homme; on dirait un trône mystique sur lequel Eve, reine de l’Humanité rendrait une justice idéale ; vue de près, on dirait un tableau ésotérique, allégorique : ainsi devait-on voir Eve, la mère des hommes, ainsi devait-elle rayonner de toute sa splendeur sur ses terres conquises après la fuite de l’Eden…

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Qu’on y ajoute un fond noir et le tableau, même inachevé, livre ses buts : réaliser un portrait non pas psychologique mais mystique d’Eve, où l’aura du personnage serait perceptible et nous plongerait dans un mystère  d’une profondeur  abyssale que seul peut illustrer la voûte céleste.

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Encore quelques savants coups de pinceaux et devraient naître sur la toile : la Terre vue de l’espace, Saturne, Mars, et des nébuleuses, et d’autres sphère célestes encore dont je réserve la réalisation pour ces jours prochains : qu’EVE, ABEL et CAIN , littéralement flottent dans l’espace ….

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Voici quelques étapes du dernier tableau que je me suis attaché à peindre durant ce mois de novembre 2016, bien au chaud dans l’alcôve que forme mon petit atelier, n’ayant d’autre souci que de me lever avec le soleil, attendre que ses rayons inondent l’atelier, pour peindre jusqu’à 17 heures, puis remettre au lendemain mon ouvrage.

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Je ne connais pas de plus beau métier que celui de peintre, d’ailleurs je ne sais faire que peindre. Et plus les années passent, plus je ressens viscéralement le besoin de peindre. Sans avoir à toucher le pinceau ni triturer mes tubes de couleur, je suis capable entre deux créations de dessiner et peindre mentalement mon sujet, ce qui m’évite de faire des croquis. Donc même si je ne peins pas je pense peinture, quand je sors c’est pour me rendre à une exposition : la pâte de la peinture est devenue à l’égale de ce qu’étaient pour moi les mots durant mon adolescence : un paradis de trajectoires imaginaires, doux, précieux et chaud comme un sexe de femme à combler d’efforts délicats , dans la ferveur de l’élan créateur….

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Mes proches sont souvent frappés de constater dans les traits de mes personnages des ressemblances avec eux-même : ainsi mes sujets masculins prennent-ils souvent l’apparence de mon père et par certains aspects on peut dire qu’ils sont tous des versions de lui-même, tantôt complètement réinterprétées , tantôt plutôt fidèles.

Et certes, sans que cela soit ni conscient, ni volontaire, je ne peux m’empêcher de peindre avec le coeur, traçant tel trait non avec l’esprit conscient et rationnel, mais à la lueur irradiante des sentiments.

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Vision d’ensemble de : « Ève, Abel et Caïn »

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Me voilà reparti dans une nouvelle aventure plastique. Le sujet : « Eve, Abel et Caïn » : Eve trônant avec ses deux enfants assis sur ses genoux sur un trône mystique suspendu dans l’espace au milieu de la voie lactée. Son trône transparent y est confondu avec la substance même de la matière. Mon idée première étant de faire apparaître sur ce tableau, la trame de l’Univers ; comme si les trois corps représentés étaient en relation intime avec la dimension quantique d’un système de cordes, constituant ultime de la matière situé dans cet au-delà du réel où le symbolique, l’infiniment petit, et l’énergie primordiale sont voisins des mondes multiples et des différentes pliures du réel. Il s’agirait d’être assez suggestif et habile pour, plastiquement, mêler le plan mythologique à la physique quantique, que le souvenir d’Abel et Caïn et de leur mère nous conduise sur la piste ontologique de la naissance de l’Univers, que le drame qui se jouera dans cette fratrie face écho dans son insondable perplexité et profondeur, à l’écho de l’immense espace étoilé où d’incompréhensibles drames extra-humain peuplent le devenir de ces autres êtres, inconnus et si lointain que même leur existence revêt un caractère énigmatique. Il s’agirait de peindre si bien qu’on ne puisse effleurer le mystère adamique et son incidence quasi minimale sur la destinée du Cosmos qu’en le confrontant, audace et vanité d’humain, à la naissance des étoiles, des planètes, l’explosion des trajectoires infinies du déploiement de l’Univers. Il serait question d’atteindre à l’intérieur de la conscience , ce point où prend naissance l’intelligence humaine en se délestant de sa gangue inconsciente, là où, exactement, les rivières de l’infini, les archétypes mystiques, réserve d’images et d’énergie du Cosmos, sont partie constituante des neurones, tout autant que ce point imaginaire est relié à cet espace quantique, champ d’infinis possibles, par lequel nous abonde l’univers de ses sensations qui ne nous semblent pas venir de nous, de notre fort intérieur, mais bel et bien de ce que notre inspiration est en étroite communication avec cette part imputrescible et divinement pure de nous même : à savoir, ce qu’il convient de nommer comme ce qui nous relie aux monde supérieurs : notre âme ….

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Il m’aura fallu deux jours de réflexion, à tergiverser devant la toile, incapable de décider si je devais peindre le décors de mon dernier tableau de manière impressionniste, ou, suivant l’exécution déjà réalisée des personnages, si je devais peindre d’une manière plus classique. Rien ne sortait de mon pinceau. Je restais comme pétrifié devant la toile, mi-hypnotisé, mi-inconscient et perdu dans les méandres colorés de rêves de bord de mer lointain dont aucun ne suffisait à me restituer mes certitudes. Épuisé par ces agitations neuronales stériles, je reportais au lendemain le désiré festin de couleurs. Et dès le matin je me jetais sur mes pinceaux et, à coup de traits vifs, nerveux, et sûrs je créais ce paysage imaginé des côtes indonésiennes luxuriant de végétation, dont ne manque, à ce jour, que la peinture du ciel et de cette plante, la  » monstera » , dont sur la gauche du tableau se devine la silhouette vierge de peinture.

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