NÉBULEUSE DJIHADISTE MONDIALE : COMMENT LA COMBATTRE ?
Attentats à Paris, contre un avion russe, ou à Beyrouth, en Irak, en Syrie, en chine, en Australie… Hier à Bamako au Mali : la nébuleuse djihadiste mondiale attaque tout azimut, partout dans le monde et sans, jusqu’à présent, qu’ait pu être coordonnée une réponse globale au mouvement idéologique le plus actif de ce début de XXIème siècle. Pourtant l’embrasement généralisé du monde musulman interrogent autant le devenir d’une religion entrée manifestement dans une période d’obscurantisme, qu’il concerne les fondements même des Démocraties du monde incapables de juguler en leur propre sein la révolte religieuse d’une partie de leurs minorités, quand leurs classes politiques semblent également décrédibilisées par leur impuissance à faire des démocraties modernes le lieu où la Loi, par la défense des droits de l’Hommes et du Citoyen, irriguerait toutes les couches de la société, et, au-delà , dans les pays anciennement colonisés, diffuserait un modèle économique et morale égalitaire propre à fédérer la jeunesse du monde…
Car ces organisations extrémistes qu’il faut maintenant combattre, et à quel prix ! – comme maintenant c’est avec le régime syrien, auteur de crimes avérés contre l’humanité, que la France doit se résoudre à engager une sorte de coopération tacite, puisque l’alliance avec la Russie contre l’Etat islamique suppose de différer la destitution de Bachar-el-Hassad, en tentant de convaincre la Russie de desserrer l’étau autour des positions de l’Armée Libre de Syrie qu’elle bombarde allègrement – ces revirements stratégiques risquent de conforter l’emprise idéologique de ces organisations sur leurs recrues potentielles. Or, avant ici de tenter de détailler les stratégies possibles contre la nébuleuse djihadiste mondiale, faut-il encore interroger l’idéologie du djihadisme pour comprendre comment son emprise mentale peut modifier les convictions démocratiques des plus rêveurs jeunes esprits lettrés, aux plus durs des délinquants s’engageant dans le grand banditisme.
Il se trouve en effet que le discours djihadiste est stratifié en plusieurs niveaux complémentaires concourant à développer chez tout un chacun, croyant ou non, une série de réflexes de rejet tant des médias des sociétés démocratiques, que de son Histoire telle qu’elle est enseignée aux écoliers et universitaires, afin de provoquer un déclic mentale dans un premier temps, qui fera douter le sujet, le confrontera aux incohérences de la société dans laquelle il vit , et ira, le prosélytisme religieux aidant, jusqu’à la conversion à l’islam, la religion de Mahomet étant présentée dans cette idéologie comme le seul rempart et le seul avenir.
Le premier niveau idéologique du djihadisme est accessible notamment par internet par une profusion de vidéos tentant de mettre à nu l’existence d’un complot mondiale judéo-chrétien qui aurait fomenter les attentats du 11 septembre 2001, qui manipulerait les médiats et les gouvernements occidentaux, et serait organisé par les « illuminatis » une secte judéo-maçonique dont entre autre Mitterrand et Benoit XVI auraient fait parti. Les guerres contre le monde arabo-musulman étant la principale résultante de ce complot dont l’existence millénaire serait ontologique…
Le deuxième niveau de l’idéologie djihadiste pour lequel les vidéos qui l’alimentent sont encore plus techniquement abouties d’un point de vue visuel, sont constituées de montages esthétisant la fin du monde, la venue déjà réalisée du Maahdi, celui annoncé par le Coran qui , « simple » croyant, sera écouté dans le monde arabe, puis devra battre en retraite face à la venue présentée comme imminente de l’ante-christ, lequel finalement sera anéanti par le véritable Messie allié du Maahdi. L’ante-christ étant soutenu par une entité militaro-industrielle, sous-entendu le monde judéo-chrétien et l’Amérique sioniste en particulier …
Le troisième niveau d’endoctrinement déploie une iconographie beaucoup plus brut. Il suppose déjà la conversion à l’Islam et prépare à l’engagement politique extrémiste en magnifiant la figure du djihadiste héroïque et volontairement cruel : la mort violente infligée aux « mécréants » étant mise en scène et banalisées. Du reste comme cela a pu être le cas en Europe lors des guerres de religions entre protestants et catholiques, lors des quelles l’assassinat des impies était présenté comme un acte politique et religieux … ce qui en dit long sur la période obscure que traverse l’Islam et avec elle le monde actuel.
Je n’aborderai pas ici la critique de fond de l’idéologie djihadiste : quasiment tous mes travaux de recherche antérieurs s’y emploient, de même que ma peinture elle-même est une ode, un appel à l’élévation de l’âme et une perpétuelle interrogation du « fait » religieux dépouillé jusqu’ à présent dans ma peinture de toutes dimensions idéologiques tendancieuses. Je rappellerai cependant qu’une telle idéologie djihadiste doit être combattue aussi, et peut-être avant tout sur le plan didactique.
Premièrement en développant le sens critique de l’utilisateur d’internet par la mise en parallèle et la confrontation des sources d’informations entre elles. Par l’étude de » l’histoire critique des civilisations » dont le propre doit être d’identifier les mécanismes commun dans les modes de régulation de toutes sociétés, comme d’un point de vue le moins idéologique et auto-centré possible : l’approche documentée de la diversité des cultures du monde.
Les écoles, les universités doivent former l’individu à la diversité des points de vue des religions en développant une approche où chacun devrait sentir combien la Démocratie fut fondée historiquement afin de défendre la Tolérance envers l’autre et le Respect de ses Droits, sur la base reconnue alors, et toujours à réactualiser, de l’Égalité entre les hommes et les femmes, dans l’Unicité indivisible de l’Humanité qui est l’Idéal de la Démocratie originelle, auquel le Citoyen adhère en âme et conscience… .
Or l’idéologie djihadiste dénie systématiquement l’idée d’Égalité entre les Hommes car le croyant y est toujours représenté si supérieur au non croyant que cela seul justifierait le droit de vie et de mort qu’il s’octroie sur autrui. La condition des femmes car elle est déterminante dans l’évolution des sociétés, est aussi la première à pâtir de la dérive djihadiste. Les lois préconisées pour la gouvernance des États prônant cette idéologie étant invariablement une Charia que le prophète Mahomet lui-même qualifierait de dépassée et rétrograde au regard de la jurisprudence des constitutions démocratiques …
Mais que de Al-Qaïda à l’État Islamique, en 20 ans les organisations terroristes aient pu se constituer un proto-état : le Califat sunnite irako-syrien, n’aura été possible sans le concours et l’inter-polarité de l’idéologie djihadiste avec celle des frères musulmans, vieille de près d’un siècle, additionnée au courant religieux nommé : Wahhabisme, dont le globe n’aura cessé d’être parcouru, ici et là, jusque dans les campagnes les plus reculées, par le prosélytisme de ses animateurs… l’Islam du XXIème siècle en est sorti marqué comme au fer rouge dans la chair et l’esprit de ses croyants…
Depuis la tuerie sans précédant sur le sol français, les témoignages se font plus précis à ce sujet. En Afrique, les langues se délient. Les responsables politiques reconnaissent que c’est un secret de polichinelle : les organisations terroristes du Mali et plus au sud Boko Haram sont connues pour recevoir des financements étranger d’Arabie Saoudite, terre d’élection du Wahhabisme mondiale. Les aspirants djihadistes y épousent la cause pour des raisons économiques et pas seulement idéologique, puisqu’on leur promet souvent une solde qui aidera leur famille… A un enseignement traditionnel du coran dans l’Afrique de l’ouest, a en effet succédé un wahhabisme faisant de la figure du martyre qui selon la sémantique religieuse traditionnelle est la figure de celui qui subit une injustice et la paye de sa vie – l’objet d’une nouvelle rhétorique selon laquelle le martyre meurt, certes, mais est légitimement en droit lors de la mort qu’il s’inflige ( et non plus qui lui est infligée) d’emporter avec lui les « mécréants » que son suicide condamnent à une mort justifiée. Ainsi est légitimée ce qui est présenté ( sous-entendu : l’attentat) comme une voie d’accès au paradis !
En réalité, le wahhabisme diffusé à coup de pétro-dollars a si bien révolutionné le rapport du croyant musulman à sa religion, et cela un peu partout, que seul des musulmans plus âgés pourraient se rappeler comment , jadis, même le rituel du « salut » était différent entre musulmans, avant que les prêcheurs ne dictent à chacun jusqu’aux moindres de leurs comportements et mœurs à adopter…prêcheurs d’ici et d’ailleurs pour qui l’activité de propagande est si lucrative !
Les historiens clôturent habituellement la Nahda, soit la renaissance du monde arabe, caractérisée par un renouveau intellectuel, la tentative d’ouverture de l’Islam à l’Humanisme et au renouvellement du rôle de la femme en son sein – à la période des années cinquante, car après 1950 l’ouverture intellectuelle avec laquelle il faut renouer, a pris fin pour être progressivement supplantée par un wahhabisme mondiale rétrograde et doctrinale, laissant place à une future idéologie djihadiste, primitivement impulsée par le retentissement mondiale du conflit israélo-palestinien… Du terroriste des années 70 détournant des avions pour alerter l’opinion mondiale, l’idéologie du djihad a fait la pierre angulaire d’un instrument de terreur exportable partout sur Terre, faisant glisser la figure du terroriste politique vers celle, plus aguicheuse, de l’élu de Dieu appelé à répondre à un haut destin qui donnera sa vie pour l’Ouma, la communauté des croyant, et l’avènement messianique du royaume de Dieu. Cela, en insinuant dans les esprits que, si l’ante-christ ne s’est pas encore révélé ( les dernières vidéo l’assimilent plus ou moins à Poutine), le monstre militaro-industriel qui l’accompagne et asservira la Terre, est lui déjà là … Tout concourt donc à centrer cette idéologie sur le théâtre de guerre syrien… .
(à suivre)
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