Pour une raison technique encore non identifiée, le blog de mon site est incomplet, les articles plus anciens inaccessibles. L’administrateur du site n’ayant pu encore se pencher sur la question, je prie les lecteurs de bien vouloir être patients, d’ici à la fin des élections présidentielles américaines le problème devrait trouver  solution. En attendant, loisir vous est donné de lire ou relire ma production littéraire ici même avec « le mélange contrarié des anges », dont va paraitre le prochain chapitre; ou dans la rubrique « ses écrits » qui présente des extraits de plusieurs autres de mes livres.

A noter que je peaufine un texte interactif sur un commentaire de tableau qui traite du secret du pouvoir de l’écriture à travers la figure du héros littéraire et de son rapport avec le messie hébraïque. Et si mon blog ne dysfonctionne pas peut-être aurais-je le temps d’y publier avant les élections un article polémique ayant pour thème :  » États-Unis : démocratie ou oligarchie ? « . En attendant, et quand bien même la non mise à jour des fonction de WordPress aurait entrainé ces limitations d’utilisation du blog, je m’étonne que ne demeure lisible et en intégralité que les chapitres du « mélange contrarié des anges » , le livre qui si on ne le lit pas entièrement, mais seulement certains chapitres, peut – j’en ai conscience – faire douter de l’intégrité de mon travail en général, et me faire passer pour quelqu’un de raciste, en particulier. Ce qui serait le comble pour un livre destiné aux adulescents et à la nécessaire ouverture des cultures les unes aux autres pour qu’advienne le mélange des  » anges ».

bien à vous tous.

Patrick Rakotoasitera

Chapitre V : L’installation dans l’appartement 

Après deux ans de vie commune, et au bonheur de Bahia, Alexandre, peut-être gagné par un réalisme naissant, se décida à trouver un emploi capable de lui faire assumer le budget d’un loyer. Il ne trouva rien de mieux qu’agent de sécurité, certes dans un cadre prestigieux : le Louvre. Les voilà donc enfin prêts pour le grand saut lui et sa compagne de chaque instant. Ils choisirent  un appartement et le seul qu’ils visitèrent jamais se trouva être le bon. Il s’agissait d’un deux pièces aux parois plutôt exigües, mais charmant appartement donnant et sur la rue et sur un jardin privatif accessible à tous les locataires du petit immeuble où ils allaient vivre enfin chez eux. Les cinq cents mètres carré du jardin rachetaient à leurs yeux leurs trente mètres carré de surface habitable. Cette étendue où on n’avait pas encore posé de gazon augurait de sublimes parties de barbecue avec leurs amis. Et ma foi, l’intérieur de l’appartement était vivable. On entrait dans un couloir minuscule, ne pouvant pas même contenir un vélo, lequel donnait sur ce qui ferait office de petit salon, le tout décoré sobrement d’une petite télévision, une petite table, une petite étagère pour les papiers, le téléphone et basta. Et tandis qu’à cette première pièce s’ajoutait une kitchenette coincée contre la fenêtre où on tenait difficilement à deux, le salon se continuait par une chambre, exigüe elle aussi, où pour gagner de la place trônait une mezzanine, sous laquelle Alexandre avait l’intention de faire tenir son bureau et une étagère de sa fabrication pour ses livres. Le reste du deux pièces se prolongeait par une salle de bain assez longue mais mince dont toute la place était mangée par un utile cabinet de débarras. Qu’à tout cela ne tienne, ils avaient signé le bail très enthousiaste, sans se méfier de ce que leur propriétaire était un roublard.

Après toute cette attente, ils s’étaient enfin sentis chez eux, heureux de leur nouvelle vie. Lui partait le matin travailler au Louvre. Elle faisait la grâce matinée. C’était son tour. Il n’y avait que le mercredi qui était le jour désigné de son activité professionnelle, le jour où elle devait s’activer. Mais la plupart du temps le soir venu, madame se faisait servir un dîner sorti de l’imagination de son amant préféré. Il la gâtait sa reine, elle, au début, à peine capable de faire cuire un œuf. Et le week-end quand il ne travaillait pas, ensemble, ils s’amusaient à faire le ménage. C’était nouveau et drôle, leur petite vie. Moins d’amis leur rendaient visite mais ils s’en fichaient. Ils s’aimaient au point de se suffire. D’ailleurs leurs sublimes étreintes n’avaient jamais faibli et ils avaient baptisé l’appartement à leur manière, faisant bientôt sauvagement l’amour dans tous ses recoins. Le week-end, quand ils ne s’attardaient pas dans la mezzanine pour se bécoter, s’il faisait beau, ils recevaient dans le jardin, ouvrant la fenêtre de leur chambre pour y entrer et sortir sans avoir à faire tout le tour de l’immeuble. Catherine, fidèle parmi les fidèles, venait s’étendre avec son amie Bahia sur l’herbe maintenant verte de leur jardin. Alexandre leur concoctait des rafraîchissements à base de fruits pressés. Stéphanie et son mari Norbert venaient leur rendre plus souvent visite. Stéphanie croyait que Bahia avait enfin quitté un lieu de perdition néfaste pour elle. Cécile qui venait de finir ses études de visiteuse médicale, et maintenant qui travaillait à temps plein, leur tenait compagnie, elle aussi, quand elle n’était pas accaparée par le flot de ses compliquées aventures sentimentales. Sinon, un ou deux de leurs amis commun leur étaient restés fidèles. Zénéto entre autre, lequel venait deviser littérature avec Alexandre. Il y avait aussi Mathieu, plus l’ami de Bahia que d’Alexandre. Lors de la pendaison de crémaillère, ne furent invités quasiment que les amis de Bahia laquelle avait tenu à écarter tous les zigotos avec qui Alexandre se croyait avoir un lien. Pour se venger, Alexandre lui fit honte en se saoulant pour terminer pitoyablement la soirée, prématurément, le nez dans les manteaux des invités, sur lesquels il s’abstient tout de même de montrer son dédain en vomissant dessus. Bahia tira la tronche pendant une semaine. Et comme ces femmes qui ont la rancune tenace, elle ajouta ces méfaits à tous les griefs qu’elle avait à lui reprocher depuis qu’ils se fréquentaient, s’apprêtant à lui rejeter en pleine figure les preuves de ses manquements à son égard, le moment venu, car malgré tout la liste commençait à être longue. Mais elle l’aimait, c’était plus fort qu’elle. Alors elle oubliait, jusqu’à la prochaine colère.

Les parents de Bahia ne savaient pas où les deux amants habitaient. Leur fille ne leur avait pas communiqués son adresse. Car pendant deux ans ses parents l’avaient harcelée. Au téléphone d’abord. Puis ses deux frères s’en étaient mêlés et il avait même fallu appeler la police lorsqu’un soir une rixe éclata avec Alexandre. Puis il y avait eu la suspicion de leurs méfaits. La police les avait enjoint de se tenir à l’écart, aussi il semblait qu’ils s’étaient vengés autrement. Une première fois en crevant les quatre pneus de la Ford du père d’Alexandre. Ensuite en bouchant leur serrure avec du mastique. Puis, sans doutes occupés ailleurs, ils avaient  laissé tranquille le couple. La mère continuait quant à elle de téléphoner à sa fille. Au début, pour lui faire des reproches. Son père se lamentait, sa fille l’avait abandonné. Il n’avait plus de fille. C’était fini pour elle. Et de dire aussi combien de vivre avec tous ces hommes, elle qui n’était pas encore mariée, ça jetait la honte sur toute la famille, tant ça ne se faisait pas. Puis la mère s’était, à dessein, faite plus douce avec sa fille. Ce n’était pas sa faute si elle avait arrêté ses études, la faute en revenait à la mauvaise influence d’Alexandre. Celui-ci était un mauvais garçon. Il ne l’aimait pas vraiment. Il voulait juste lui faire des choses qu’une jeune fille bien sage, comme elle l’était, ne pouvait accepter. Il fallait qu’elle revienne. Tout le monde l’accueillerait dans la joie. Elle reprendrait ses études et tout irait bien. Mais à force de lui dire qu’elle aimait Alexandre, sa mère avait fini par céder du terrain. Acceptant même en cachette de son mari de le rencontrer. Et c’était vrai, s’il n’était pas un bon musulman, Alexandre lui avait semblé être un gentil garçon. Elle lui avait dit qu’il était un peu le  frère de Bahia et qu’il devait la protéger, car elle ne pouvait accepter l’idée que sa fille puisse ne plus être vierge. Et Alexandre, pas mauvais bougre pour le coup, avait fait mine d’accepter. Puis Bahia avait revu sa grand-mère, lorsqu’elle était venue en France. Elles s’adoraient et à elle, Bahia qui était sa préférée, pouvait tout dire. Or, malgré son âge avancé et la différence de génération qui put sembler rédhibitoire, la grand-mère avait accepté Alexandre, le trouvant gentil et serviable. Elle disait seulement de lui qu’il n’avait pas d’argent. Depuis cette visite, Bahia s’était dit que sa mère ne comprendrait jamais son désir de se lier à un non musulman, elle pourtant dont le mariage arrangé avait été malheureux au début. Aussi, Bahia n’avait pas laissé d’adresse, se réservant le droit de lui téléphoner d’une cabine, de temps en temps, pour, en cachette de son père, prendre de ses nouvelles.

Sinon, au fil du temps Alexandre et Bahia avaient pu prendre la mesure du petit immeuble où ils résidaient. En fait, sur les quatre étages, les petits appartements avaient été loués à des jeunes. Située comme eux au rez de chaussée, il y avait Elise, une jeune infirmière sympathique à qui, un jour, ils déconseilleraient d’aller se marier au Sénégal avec un homme rencontré par hasard, dont ils soupçonnaient qu’il ne l’avait séduit que pour les papiers. Elise l’aimait et ne les avait pas écoutés. Elle était partie se marier, de surcroît elle en était revenue enceinte. Mais sitôt marié son colosse de mari avait pris la tangente… Sinon au premier étage, il y avait Marie, une célibataire endurcie un peu garçonne. Elle travaillait dans la confection de plans militaires, un boulot secret qu’elle avait voulu faire voir à Alexandre. Bahia, elle, s’en méfiait un peu. Elle la trouvait bizarre avec ses photos de ses chiens, uniques tableaux ornant les murs de son deux pièces. Sa passion pour le baby-foot qui lui avait fait gagner multitudes de trophées, lesquels ornaient ses étagères, lui semblait aussi un peu incongrue pour une fille. Comme on s’en doute, Marie n’était pas féminine pour un sou… Toujours au premier mais en face, habitaient Shafik et Souad, le couple de marocains duquel Alexandre et Bahia allaient vivement se rapprocher. Shafik plus âgé qu’Alexandre, lui plut tout de suite. Il était libre dans sa tête Shafik, joyeux fêtard et fumeur de haschich comme lui. Combien de fois n’iraient-il pas ensemble chercher leur opium?, Shafik faisant profiter Alexandre de ses bons plans et de son savoir faire avec les dealers de tous poils. Shafik disait aussi à Alexandre qu’il avait une petite planète dans la tête, uniquement à lui réservé, où il pouvait se réfugier chaque fois qu’il ressentait le besoin de s’isoler. Il disait qu’un homme ne doit pas donner son cœur à sa femme : un cœur ça ne se donne pas. Et il racontait toujours des tas d’histoires drôles, comme cette fois ou tombé par hasard dans les griffes de scientologues, ceux-ci , il leur avait pris la tête, et ils n’avaient pas réussi à le contredire, encore moins à le convertir. Il avait une pléthore d’amis fidèles aussi, Shafik, et adorait les inviter à partager un barbecue dans le jardin, et très vite Alexandre et Bahia étaient conviés à rejoindre leur bande. Quant à Souad, Bahia vit en elle une grande sœur et une personne prompte à l’écouter lui confier ses petits secrets de femme. Voilà pour leurs voisins proches. Les autres ne se mêlaient pas à leur groupe. Et tous allaient passer trois longues et belles années à se côtoyer, partageant chagrins et espoirs de la vie quotidienne.

Monsieur le Président,

La stratégie de l’écroulement intérieur des institutions déviantes et totalitaires, semble s’enliser en SYRIE parce qu’elle bute sur trois rideaux militaires qui empêchent les opposants SYRIEN de mener à son terme la lutte qu’ils ont engagé depuis un an. Que peuvent-ils faire face à des forces actives (295 000 hommes), s’appuyant sur des forces paramilitaires ( 108 000 hommes), sans compter l’armée de terre, grosse de 220 000 hommes ?

La réponse est que sans un appui extérieur qui exerce une pression sur les institutions dévoyées, l’écroulement intérieur ne vaincra pas. Bien sûr aucune initiative militaire ne doit être effectuée en dehors d’un cadre juridique qui la légitimerait. Mais comme vous l’a fait savoir BERNARD HENRI LEVY, dans sa lettre, pourquoi attendre une décision onusienne que le conseil de sécurité se refuse à voter, quand toutes actions du club des amis de la SYRIE peuvent se faire dans le cadre de l’OTAN ? L’intrusion , il y a peu, sur le territoire turque de militaires tirant sur des réfugiés, justifie à elle seule que la TURQUIE en appelle à l’OTAN pour le motif que ses frontières ont été violées par une force militaire étrangère.

La ligue arabe a fait savoir hier qu’elle ne serait pas opposée à une intervention armée lorsque les pressions diplomatiques et économiques seraient épuisées. Mais pour que ces pressions soient un temps soit peu crédibles et dissuasives, encore faut-il masser des chars et des hommes sur la frontière commune à la TURQUIE et la SYRIE, afin que BACHAR EL HASSADE comprenne bien qu’il n’a d’autre attitude possible que celle de suivre la feuille de route de KOFI HANNANE. Afin que ces troupes ne soient pas attaquées par voie aérienne, il est également nécessaire d’utiliser la base militaire d’ Incirlik et d’y faire stationner plus de 500 avions, comme telle est la force de frappe aérienne de la SYRIE.

Une telle entreprise doit tenir compte également du ressentiment des pays voisins de l’isthme « SYRIEN », car l’occident doit éviter de froisser les sensibilités rétives à voir sur la terre sacrée des forces militaires étrangères. Tandis que les opposants au régime doivent assurer par une déclaration solennel qu’ils respecterons les accord passés entre la SYRIE et ISRAEL , qu’il n’opprimeront pas les alaouites une fois au pouvoir. Il devront donner des gages sur la sorte de politique qu’ils comptent mener au LIBAN. Et bien sûr s’engager à créer une démocratie basée sur le respect et la liberté du culte.

Quant-à la coalition qui prendra part au combat le cas échéant, elle doit s’assuré de ne pas commettre les même erreurs qu’en LYBIE, dont les répercutions au MALI sont directement liées à l’inondation incontrôlée de toute la région par des armes.  Mais bien évidemment personne n’est plus à même d’envisager les détails logistiques, budgétaires et stratégiques qu’une telle action implique que le général ARIAL.

Je me contenterai donc de revenir sur un point idéostratégique d’importance concernant les concepts qui agitent le monde depuis bientôt 80 ans. Je veux parler de l’islamisme en tant qu’idéologie mettant la religion au service du politique, ayant jailli sous l’impulsion des frères musulmans, dont on peut dire qu’ils ont fait bouger le monde, et à qui on peut reproché d’avoir, par ailleurs, paralysé l’ISTIHAD ( l’effort intellectuel préconisé par le prophète), en le subordonnant au DJIHAD armé, quand leur but était de vaincre l’injustice économique et sociale.

Et bien je suis pour ma part persuadé notamment par les derniers évènement survenus en EGYPTE, que si perdure le rétablissement du droit des intellectuels du monde à participer à l’ISTIHADE, en vertu du droit coutumier hérité de SOLIMAN LE MAGNIFIQUE, dont il faut préciser qu’il a été rétabli implicitement sous la mandature de votre prédécesseur, que les frères musulmans ne pourront atteindre leur but qu’en apparence s’il ne fondent pas de véritables démocraties religieuses, ayant la caractéristique de devenir des démocraties tout court, suivant le résultat des urnes. La question de l’attitude devant l’occident devant être ajustée à la réalité économique. Que feraient la TUNISIE et L’EGYPTE sans le tourisme ?

De telles réflexions doivent être le terreau de la FRANCE par lequel elle fait germer la Liberté dans le monde.

En vous priant de croire à l’assurance de ma considération à votre égard.

PATRICK RAKOTOASITERA

Chapitre IV : Le couple

La nouvelle de la liaison entre Alexandre et Bahia ébranla tout leur petit monde. A commencer par Cécile qui, comprenant qu’elle perdait Alexandre en éprouva du ressentiment envers son amie. Gérald et Brice, eux, vinrent féliciter Alexandre de cet exploit inédit parmi la bande. Les autres amis de Bahia furent surpris, comme Bahia ne s’était ouverte a personne concernant l’affection secrète qu’elle éprouvait pour Alexandre. D’autres pensèrent que Bahia la pure avait bien changé et que c’était honte que de s’être acoquinée avec un tel vaurien. Mais celui qui en éprouva la blessure la plus piquante fut sans doutes Nicolas, le propre frère d’Alexandre, vexé d’avoir été ainsi doublement trahi, et par son amie et par son frère. Et du jour au lendemain il devint insupportable avec le couple. D’abord parce que Nicolas et Bahia, qui avaient ensemble abandonnés depuis peu la fac pour se consacrer au théâtre, s’étaient dégottés le même petit boulot, et que c’était là une occasion quotidienne pour Nicolas d’harceler et de maltraiter verbalement Bahia qu’il considérait comme déchue de son piédestal. Ensuite, parce qu’il lui semblait aussi que son petit frère méritait son courroux, il ne voulait plus lui adresser la parole ni lui faire partager ses plans de soirée. Bref, toute leur troupe d’amis était partagée quant à la conduite à tenir à leur égard. Bahia qui était vive le savait bien : c’était la fin d’une époque, le crépuscule de la bande des théâtreux, une ère nouvelle s’annonçait.

Et cette ère débuta pour le couple sous les bons hospices du sexe a gogo. Alexandre baisait Bahia tant qu’il pouvait. Plusieurs fois par jour quand elle était la. Toute la nuit durant aussi. Il ne se lassait jamais de la pénétrer et mettait du cœur à l’ouvrage. Toutes les pièces de leur appartement y été passées : pas un seul endroit où ils n’avaient joui. Bahia criait sans vergogne et adorait leurs jeux sexuels, lui ne se lassait jamais de son corps, son sexe : il la fourrageait avec passion. Tout paraissait merveilleux, chaque élan sexuel égalait ou surpassait la précédente étreinte. Toutes escarmouches entre eux se soldaient invariablement dans une effusion de sexe. Ils passaient des week-ends entiers au lit, négligeant leurs amis. Rien ne comptait plus pour chacun que le moment où ils pourraient faire jouir l’autre. Ca tapait sur les nerfs de Nicolas d’entendre gémir à travers la cloison, le père, lui, il rigolait, eux, ils suaient a grosses gouttes et leurs joutes sexuelles étaient épiques tant ils s’entendaient à merveille. Bahia la prude avait été pervertie aussi : elle ne déniait pas à l’occasion tirer sur un joint pour accroître son plaisir sexuel. Un jour où ils avaient rencontré dans la rue un dealer qui les fit tous deux fumer à l’œil, fut particulièrement marquant à leurs yeux. Lorsqu’ils rentrèrent, Bahia qui n’avait pas l’habitude de fumer une herbe aussi forte, délirait. « J’ai les bras qui s’allongent », croyait-elle. Et de lancer des « prends moi, déchire moi, coupe moi la tête ! », pendant qu’il la fourrageait. Délirant certainement lui aussi, Alexandre crut faire l’amour à un être de sable dont la fente ne cessait de couler en une eau fraîche sur sa bite émoustillée. Du sable, il croyait tenir entre ses bras, du sable ! Mais Bahia était aussi océan, lac, rivière, tempête, être de lumière, montagne et marécage… et la sensation inoubliable dura jusqu’au petit matin…

Par ailleurs, alors qu’Alexandre vivait dans une certaine insouciance des lendemains, Bahia, elle, plus pragmatique pensait à leur avenir. Plusieurs fois, elle avait tenté de motiver Alexandre pour qu’il aille chercher un travail. Mais lui ne voulait rien faire qu’écrire et leurs modestes conditions de vie lui convenait. Il n’y trouvait rien à redire. Bahia avait beau crier, rien n’y faisait, alors elle attribuait cela à la jeunesse d’Alexandre, à un certain manque de maturité et remettait son projet à plus tard. Pour le moment, après tout, rien ne pressait : ils avaient un toit et si elle rêvait de les voir vivre seulement tous les deux, dans un « chez soi » qui serait leur nid douillet, elle prenait son mal en patience. D’autant qu’elle avait quittée son boulot ne supportant plus les agressions de Nicolas avec qui elle voulait ne plus rien avoir à faire. Depuis lors, elle n’avait trouvé qu’un job, certes bien payé, mais s’agissait-il de travailler seulement le mercredi, dans une m.j.c dont, avec son bagout, elle avait convaincu la directrice de l’engager pour enseigner le théâtre aux enfants. Or, ce qu’elle gagnait était insuffisant pour subvenir au paiement d’un loyer.

Les mois passèrent. La plus part du temps, Alexandre et Bahia faisaient l’amour toute la journée. Comme l’avait prévu Bahia, le groupe des théâtreux l’avait mise de côté et ne lui restaient que ses amies de toujours : Catherine, Stéphanie qu’on voyait peu, et Cécile qui avait fini par lui pardonner estimant qu’elle n’était pas si bien que cela avec Alexandre. Sinon, la réserve d’amis de Bahia, qui était très sociable, semblait inépuisable et elle ramenait toujours des têtes nouvelles à la maison. Entre Alexandre et Nicolas la fraternité avait finie par reprendre le dessus. Même si Alexandre déplorait la rupture éternelle qui semblait s’être instaurée entre son amie et son frère, il était bien content, au fond de lui, de n’avoir pas eu à choisir entre l’un ou l’autre. Eric quant à lui venait toujours leur rendre de joyeuses visites, amenant parfois l’un ou l’autre de ses amis afin de faire se rapprocher les cercles de ses connaissances. Il y eut aussi Franck qui vint souvent durant cette période. Tous fumaient et rigolaient de joie à s’en décrocher la mâchoire. Le père d’Alexandre, lui, vieillissait dans son coin, occupé par quelques mots croisés savants et son tiercé qu’il ne manquait pas de valider chaque midi pour sa sortie quotidienne. Après des centaines de c.v envoyés en vain, il n’avait pas renoncé au travail, c’est le travail qui semblait avoir renoncé à lui. Il espérait tout de même. Même si c’était mollement. Même s’il comptait plus sur une nouvelle fortune acquise au p.m.u qu’à la sueur de son front d’ingénieur informaticien. Quant à ses enfants : il s’avouait définitivement dépassé. Il eut fallu que sa femme tant aimée soit toujours là, elle qui savait y faire pour instaurer un semblant d’autorité. Mais c’était du passé tout ça. Il n’avait plus que ses deux garçons maintenant. Et tout de même ça lui faisait plaisir de constater leur vigueur, leurs aptitudes avec les femmes. Cela le renvoyait à sa propre jeunesse. Car plus que tout, le père d’Alexandre chérissait la jeunesse. Et il pensait que rien ne devait en entraver les manifestations bruyantes de ses élans. Il appréciait bien Bahia aussi, et la tenait pour la fille qu’il n’avait pas eu, déplorant seulement qu’elle ne fut pas la femme d’intérieur qu’on pu espérer qu’elle soit. Cependant, son fils semblait l’aimer et c’était bien là l’essentiel à ses yeux. D’ailleurs peut-être que c’était elle qui lui procurerait un jour le bonheur d’avoir des petits enfants, se disait-il à son sujet. Tout n’allait donc pas si mal. Et même si les voisins se plaignaient souvent de leurs veillées nocturnes trop bruyantes. Même si les flics connaissaient la famille pour l’avoir déjà verbalisée. Même si le père d’Alexandre ne payait plus les charges à la copropriété depuis des mois, sans l’avoir dit a personne. Toute sa petite famille était somme toute heureuse.

Une des seules fois où le père d’Alexandre dut donner de la voix fut un de ces mardi gras ou les invités de la fête menacèrent, par jeu, de brûler la moquette, casser les meubles, toujours par jeu, et de faire passer les canapés par la fenêtre encore par jeu. Ce soir là, en rentrant sur les coups de dix heures, le père d’Alexandre découvrit une soixantaine d’invités déguisés, éparpillés dans toutes les pièces de l’appartement, y compris sa chambre où on avait installé le garde manteaux, et d’où il osa a peine faire sortir Zénéto qui était entrain d’entreprendre une donzelle fraîchement cueillie par lui, l’homme des cavernes, tel qu’ainsi était son accoutrement. Donzelle déguisée en libellule, que le père d’Alexandre trouva à moitié débraillée, à moitié saoule, et à moitié violée. L’appartement grouillait aussi de corsaires entre les mains desquels circulaient pléthore de bières. Le saladier de sangria, sans lequel on ne peut pas saouler les filles à moindre frais et sans en avoir l’air, était géré par Franck, ridiculement déguisé en abeille : deux raquettes en bois tenues par de la corde faisant office d’aile. Nicolas, son père le découvrit dans sa tenue de prince oriental, son sabre flottant sur le flan du sarouel. Quant à Alexandre et Bahia : l’un avait tenu à imiter son ami Zénéto avec qui il s’était déguisé de concert, en homme de Croc-Magnon donc. L’autre campait la classique infirmière qu’on retourne sur un brancard dans une pièce retirée, entre deux urgences, histoire de … Bref, tout le monde était venu. Brice, le pince sans rire en clochard. Eric en rasta bien sûr. Gérald en un énième corsaire pirate. Mathieu en pompier sauveur admiré de ces dames. Valentine, une ex d’Alexandre dont il avait été longtemps amoureux au point de désirer vivre avec elle, en pute, et ça lui allait plutôt bien trouvait-il. Caroline en princesse. Catherine et son frère en cow-boy. Cécile dans un costume de mousquetaire spécialement loué pour l’occasion. Isabelle , leur fidèle voisine qui leur apportait des petits plats quand le frigo était vide, et qui servait de confidente à Bahia en cas de dispute – en médecin, blouse blanche sur bas nylon sexy, et stéthoscope emprunté à son père, pendu au cou. Shirley l’ami anglaise de Zénéto à qui il faisait découvrir Paris aussi souvent qu’il découvrait son sexe – déguisée en écolière. Et tant d’autres amis dont quelques copains voyous d’Alexandre, seuls à ne pas être déguisés autrement qu’avec leurs casquettes et leurs jeans bouffants, ou leurs survêtements Tachini, étaient tout guilleret ou gêné d’être au milieu d’autant de tête de lard… Tandis que le père d’Alexandre, après les bonjours de rigueur à chacun des amis de ses fils qu’il avait pu reconnaître, avait réussi à réquisitionner sa chambre pour lui seul, après son esclandre ; et, alors qu’il était dérangé continuellement sur les coups de trois heures du matin par ceux des invités qui voulaient récupérer leurs effets, il dut à sa vigilance de reconnaître le bruit, dehors, de sa voiture qu’on tentait de demarrer comme pour la lui voler. Et d’un bond de se précipiter dehors pour découvrir, comble d’une soirée déjà mouvementée, que son fils Alexandre qui n’a pas son permis a décide, grand seigneur bourré qu’il est, de raccompagner Zénéto, sa conquête du moment, et Shirley, profitant de ce que Shirley et Zénéto savent conduire, pour apprendre lui-même à conduire lorsqu’il reviendrait seul, après les avoir déposés. Et d’un coup de sang du père qui une nouvelle fois élève la voix, cette fois ci pour sermonner son fils, puis, pas rancunier et toujours sympa pour autant, papa qui décide de raccompagner lui-même les jeunes amis de la famille…

Il est frappant de constater combien le centre GEORGE POMPIDOU, lieu d’expositions contemporaines et mémoire de ce que fut l’art à partir de 1903, peut nous renseigner sur l’ambivalence de l’art, capable dans le même temps d’être un lieu de perdition pour la beauté, le repoussant ou l’intriguant rivage de la laideur, et de demeurer par l’une ou l’autre de ses catégorie artistique l’étais du culte du beau.

Point besoin d’être un expert pour deviner à l’aulne des collections de tableaux de POMPIDOU, de 1903 à 1960 que la peinture, après avoir subi comme le désaveux de sa capacité à sublimer la nature, sous la concurrence de la photographie, bien plus précise et exacte en restitution à contrario de toutes les expériences plastiques dont la peinture est l’objet, durant cette période:de MONET à KANDINSKY, du pointillisme à l’absence de sujet pour l’abstrait – que si la peinture reste la discipline qui impose le rythme de ses fulgurances aux autres arts, son règne était compté; tandis qu’elle avait inauguré une tendance lourde de l’art contemporain : celle qui consiste à ne s’intéresser qu’à la laideur, au difforme, au monstrueux.

La raison en est-elle que l’art n’ayant plus de fonction sociale, ni machine à faire l’éloge de la belle société, ni relayeur des fondement esthétiques de la société occidentale, qu’à l’instar de sa vacuité il s’est mis également à recenser autant les diverses manières de ne rien proposer sinon des pitreries d’artistes, que d’explorer les diverses facettes de l’anomalie tant physique que conceptuelle – toujours est-il que cette recherche a fini par laminer le statut de locomotive des arts de la peinture. Elle qui de 1903 à 1960 menait toujours le bal, bal des horreurs initié par elle qui finit par ne plus compter après cette date , tandis que semble ne subsister que la laideur, pas même le souffle du bal. Pour la période d’après 1960 , jusqu’à nos jours les collections de Pompidou sont parlantes à cet égard : très peu de peintures, surtout des sculpture-installations où l’étrange prédomine sur le beau.

La collection recense des installations de l’an 2000, mais il semble que tout soit annoncé depuis la décennie 1990 : la peinture est morte, quand ne comptent plus que ceux qui sauront se rendre célèbre parmi les artistes pour leurs surenchères dans l’empire du laid, du kitch, de l’art jetable, éphémère et revendiqué comme tel, sous l’hospice de l’art conceptuel, ou quand l’intention artistique prime sur l’esthétique.

L’écueil pour le collectionneur étant de se retrouvé fourni d’une œuvre dont la cote est éphémère ou artificielle, comme il semble que ce soit le cas de DAMIEN HIRST célèbre pour ses animaux plongés dans du formol, dont la décote vient d’atteindre 60%, il y a peu. L ‘étrangeté du phénomène étant de voir surgir des artistes improvisés artiste du jour au lendemain, millionnaire du jour au lendemain, comme on le constate avec le courant du Street art, si tant est qu’il s’agisse d’un courant, et pas d’une énième réappropriation des techniques commerciales et esthétique du Pop art, ou plus avant des fameux Surréalistes qui décidément auront révolutionnés l’art au point de le dissoudre ! Reste cette expérience totale dont l’art est l’instigateur pour ses croyants comme pour ses artistes pourvoyeurs. Ceci ne nous renseignant pas sur les raisons pour lesquelles l’art contemporain des salons comme des musées voue son âme au détail des laideurs de notre société.

Il semble que l’art de la laideur ou de l’étrange ait ses époques. L’art des grotte préhistorique recense en même temps qu’il semble vouer un culte à ce monde plein de danger qui environne l’univers du chasseur peuplé d’animaux et d’esprits à respecter. L’art du masque dans les sociétés traditionnelles permet d’appréhender concrètement l’invisible que sent l’homme près de lui, dont l’art lui communique la part monstrueuse. Avec l’ère des grandes explorations maritimes, l’art occidentale profane prospère à montrer les faces curieuses des sauvages, préfigurant les catalogues de monstruosités, et les spectacles de cirques auxquels sont conviés jusqu’aux indiens d’Amérique des années cinquante. L’art contemporain n’est donc pas un exemple unique. Il y a que cette rupture avec les supports nobles, comme la toile en peinture, est trop récente pour ne pas apparaitre telle une déchirure de notre âme.

Si le goût du beau semble avoir fuit les préoccupations des artistes d’installation, comme il a moins préoccupé les peintres du XXème siècle, tous les rêves semblent s’être concentrés dans le seul septième art et la musique. Le cinéma compte à son actif plus de rêves de beauté que nulle part ailleurs. l’image y est reine et si elle peut cohabiter avec la démonstration de violence extrême, cela peut être pour mieux ébranler l’âme et participer à son édification et son élévation. La musique accompagne toujours nos rêves d’éternité et le culte des acteurs alimente les rêves de gloires, même s’il les appauvrit en les réduisant au seul désir de célébrité.

L’art est donc toujours la fabrique des grands hommes, le moyen par lequel un être sent qu’il peut être plus grand que sa solitude. Et tapis dans l’ombre d’aujourd’hui, j’en suis convaincu, les artistes de la lumière de demain sauront trouver la voie d’un art qui a assimilé les affres d’une recherche contemporaine qui fouille, bricole, cherche avec les chercheurs, quand elle ne fricote pas avec les techniques industrielles de production – pour s’installer dans un palais de règles esthétiques qui feront sens avec l’inspiration collective future. Palais dont les glaces se briseront à la génération suivante d’artistes, sous l’impulsion de nouvelles découvertes scientifiques ou impulsé par une autre révolution technologique. L’art, les arts ne seront que mineurs, cependant, s’ils renoncent à l’invisible.

Chapitre III : L’amour

Le quotidien de cette famille recomposée qu’ils formaient s’avéra on ne peut plus excitant pour Bahia. Elle s’était vite accoutumée aux habitudes de la maison. Un intérieur peu rangé, des vaisselles interminables, des affaires partout et des enfants rois qui organisent des fêtes aussi souvent que possible, au point que Bahia avait été un peu dévergondée. Eric qui fréquentait le trio et dont on ne savait plus s’il était l’ami de Nicolas ou d’Alexandre, venait aussi souvent que possible divertir les neurones de ses amis en apportant de la marijuana, trop heureux de voir une famille ou l’on pouvait crier et rire fort jusqu’à tard le soir sans que le père dise rien, ni ne vienne jamais troubler l’intimité de ses enfants. Aussi, Eric prenait la guitare de Nicolas et y allait de sa chanson gaiement. Bien sur, c’est lui qui roulait les joints, et, maître de cérémonie qu’il était, envoyait sur la Lune les neurones de ses compères. Eric, Alexandre l’appelait le « rasta blanc », tant il aimait oublier sa vie de commercial ordinaire, pour le soir venu s’envoyer un joint dans la tête sans lequel sa timidité maladive n’eut pas trouvée à être guérie, « rasta », aussi, parce que s’il était né jamaïcain, Eric eut été plus heureux et d’une apparence en accord avec ses combinaisons intérieures. Il y avait encore Gerald et la bande du théâtre qui, maintenant, débarquaient souvent à la maison et Brice, et Mathieu, et Valentine, et Isabelle la voisine, et Zénéto, et Caroline et Catherine et Cécile forcement, ainsi que les autres amis de Bahia (qui en avait beaucoup) ,lesquels débarquaient à la maison, comme attirés par son aura. Et chaque nuit c’était la même chose. Dans le secret de leur chambre, Alexandre se rapprochait ostensiblement plus de Bahia.

La maisonnée était joyeuse dans l’ensemble et c’était dû à l’effervescence de la jeunesse de ses occupants. Un soir, pourtant, l’ambiance se brisa. Tandis que tout le monde regardait la télévision, on sonna. C’étaient les parents de Bahia qu’elle n’avait pas contactés depuis un mois, qui débarquaient pour faire un esclandre. Le père surtout était le plus véhément, et dans un français imparfait, les pieds solidement arrimés au milieu du salon, il commença à maudire la nouvelle famille de Bahia. C’était une honte pour une jeune fille de vivre au milieu d’hommes étrangers. Et est-ce qu’elle comptait se marier avec l’un d’entre nous ? Si oui, lequel ? Et ou est-ce qu’elle dormait ? C’est « haram » (contre la religion) qu’il hurlait le père : un vrai taudis ! Sa mère disait ,en arabe, à Bahia qu’elle était une prostituée ! , un déchet ! , le déshonneur de la famille ! Son père criait que ça ne se passerait pas comme ça ! Les blancs ne pervertiraient pas sa fille ! Il reviendrait les mettre au pas avec son fusil, s’il le fallait. Et il voulait leur casser la gueule et à sa fille pour commencer, laquelle il agrippa par les cheveux pour la traîner jusqu’à la sortie. Ce contre quoi Alexandre, le premier, s’interposa, suivi de Nicolas qui s’était saisi d’une batte de base ball , le bras tout de suite arrêté par son père, lequel d’humeur pacifique voulu calmer la situation qui devenait de plus en plus instable. Bahia hurlait. Alexandre avait empoigné le père. Nicolas voulait frapper tandis que son père tentait maintenant de calmer ses fils. Il parla à la mère de Bahia, alors que son mari avait lâché sa fille et se remettait de ses émotions, et comme la mère semblait encore la plus ouverte au dialogue. D’abord, il fallait demander son avis à Bahia. Elle était majeure et ses parents ne pouvaient plus l’obliger à les suivre comme ça, sans son consentement.  Bahia avait été éduquée dans des écoles laïques et authentiquement bourgeoises. Elle suivait peu les préceptes de la religion, sinon faisant le ramadan. Or, il était clair qu’elle avait été plus imprégnée par la mentalité occidentale que traditionaliste de ses parents. Qu’elle leur échappe un jour était inéluctable, et, de fait, elle répondit qu’elle ne voulait pas les suivre. Ses parents repartirent donc sans elle, non sans que la mère et le père eurent lancé des jurons , maudissant leur fille ,en la prévenant qu’ils n’en resteraient pas la… Quand ils furent partis, Alexandre pris Bahia dans ses bras. Elle venait de s’effondrer en larmes. Cette nuit là, il en profita pour glisser une main affectueuse sur son épaule, tandis qu’à son habitude, elle lui tournait le dos. Quand sa main se posa sur son épaule, Alexandre fut parcouru par un frisson et affublé d’une érection interminable. Il se surprit peu après à oser déposer un baiser dans le cou de Bahia qui s’en émut, crut-il.

Une semaine après la visite inopinée des parents , tout s’accéléra. Ce soir là, les trois avaient été invités à dîner chez la mère de Cécile. Parmi les invités, figurait Zénéto, toujours le meilleur ami d’Alexandre. Avec lui la discussion fut des plus mouvementée. On s’y empoigna sur des sujets de littérature. Personne n’était d’accord de la même façon pour reconnaître le génie de William Burrought. La mère de Cécile le prenait pour un drogué imcompréhensible au style bâclé, et affirmait lui préférer encore cet alcoolique de Bucovski. Zénéto, lui, ne tarissait plus d’éloge sur le « festin nu », les prodiges accomplis par la Beat Génération et son influence capitale sur la génération des seventies à laquelle, pourtant, la mère appartenait. « Ca n’a rien a voir, je l’ai toujours détesté » , rétorqua la mère. Sur ce, elle remplit les verres vides de chacun du vin qu’elle avait spécialement acheté pour ses invités. Tous se mirent si bien à boire que pendant le dîner trois bouteilles de rosé avaient été sifflées. Et tous d’être saouls, même Bahia, qui pourtant ne buvait jamais, avait osé, incitée par l’ambiance, se servir deux bons verres  qui avaient suffi à son ivresse. Quant Alexandre se rendit compte que Zénéto taquinait sa copine Cécile, il en fut ravi. L’occasion était trop belle. Et de fait, Cécile se laissait charmer, sachant qu’Alexandre n’y trouverait rien à redire. D’ailleurs, au moment de partir, Cécile proposa à Zénéto de rester. Et on savait ce qui se passerait. La situation n’avait pas échappée à Bahia. Cécile allait se faire tringler toute la nuit : conclusion, Alexandre était libre. Il trépignait dans la voiture en attendant, grisé, le moment où il se déshabillerait devant Bahia.

De retour dans leur petite chambre, ce qui se produisit dépassa les espérances d’Alexandre. Une réalité impossible sembla lui ouvrir les bras. Parce qu’il était saoul et Bahia aussi, toutes résistances avaient sauté. Aucune inhibition ne l’empêcha de s’allonger nu dans le lit auprès d’elle qui n’en parue pas choquée. Et tandis que son cœur battait de plus en plus fort la chamade à mesure que ça devenait vrai qu’il l’embrassait encore et encore. Pour de bon, Bahia vaincue, se livrait à lui ! Que ses baisers étaient doux et bons ! Et la peau de Bahia lisse. Enfin il tenait sa Déesse dans ses bras. Enfin son rêve des millier de fois échafaudé prenait forme. Les tétons de Bahia avaient maintenant durci, sous l’excitation. Le sein était merveilleusement beau, et le sexe humide à souhait. Il n’en croyait pas ses yeux. Il aurait pu en rester là, déjà comblé par la providence. Non, Bahia consentait à se dévêtir de sa culotte, se livrant corps et âme. Pour être sûr de satisfaire sa Déesse, il commença alors à la lécher délicatement, enroulant bien sa langue autour de son clitoris, en une danse lancinante dont la mélodie la faisait frémir. Puis vint le moment crucial après la jouissance : il la pénétrait jusqu’à la garde, d’abord très délicatement, puis agité par des soubresauts de plus en plus intenses, que semblait goutter Bahia qui s’agrippait à ses épaules en gémissant. Leur étreinte les maintint éveillés jusqu’au petit matin. C’est vers là qu’Alexandre, épuisé nerveusement par ce qu’il venait de vivre, s’affala littéralement sur le lit, et s’endormit comme une brique. Bahia semblant reprendre ses esprits ne put trouver le sommeil. Elle aurait voulu parler avec son nouvel amant, au lieu de ça, il la laissait avec des doutes et peut-être des remords. Prise de panique, à l’idée de ce qui allait se passer par la suite, elle s’en alla prendre l’air en douce, et pour cacher les sanglots que lui inspirait la réputation sulfureuse de son nouvel amant, de qui il y avait tout à craindre…Enfin, sur les coups de six heures du matin, elle vint s’endormir près du corps ronflant d’extase d’Alexandre. Et quand ils se réveillèrent, sans s’être parlés, ils se promirent un amour éternel que vint sceller un nouvel élan sexuel.

Chapitre II : L’invitée

C’est par un banal mais primordial matin de printemps que le destin d’Alexandre bascula. Il ne l’aurait jamais imaginé, à peine eut-il pu en rêver, mais cela arriva bel et bien. Quand Nicolas tourna la clef dans la porte d’entrée, quelle ne fut pas la surprise d’Alexandre de voir son frère accompagné de la Déesse. « Bahia, avait prévenu Nicolas, vient s’installer à la maison quelques temps ! » Car le destin s’en était mêlé, ses parents l’avaient mise à la porte, après qu’elle se soit brouillée avec eux au sujet de ses études, dont elle leur avait avoués vouloir les arrêter, comme, leur avait-elle soutenu, cela ne la mènerait que loin du but qu’elle se fixait dans la vie. Sur le coup, son père l’avait giflé et sa mère l’avait qualifiée d’ingrate et de fainéante. Son père qui s’était saigné aux quatre veines pour qu’elle ait une éducation décente, qui avait conçu pour elle un destin tout ce qu’il y avait de plus honorable, elle l’avait trahi. Tant qu’elle ne reprendrait pas ses études, il ne lui donnerait plus d’argent ! Ce n’était plus sa fille ! Rien qu’une petite effrontée ! Et patati et patata. A peine avait-elle évoqué l’idée de poursuivre des cours d’art dramatique, sa passion de toujours, qu’elle s’était retrouvée dehors, avec interdiction de revenir tant qu’elle ne serait pas revenue à de plus saines résolutions. Elle était partie, prenant son courage à deux mains, fermement décidée à poursuivre sa vie de la manière qu’elle entendait. Rien ni personne ne l’en empêcherait. Le sort en était jeté ! Mais d’abord lui fallait-il trouver un toit. Prompt à réfléchir à la meilleure opportunité, et, rapide dans ses décisions, elle avait tout de suite pensé à Nicolas, et à sa famille peu orthodoxe, du moins suffisamment peu pour oser accueillir une étrangère en son sein, sans que les parents, là en l’occurrence le père, n’eut rien à redire. Et de fait, le père d’Alexandre, toujours perdu dans ses pérégrinations intérieures ne pipa mot, ni n’accueillit Bahia autrement que s’il avait toujours s’agit de sa propre fille.

Alexandre était ravi. Tout devenait possible. Quelle merveilleuse aventure et coquin de sort ! , se disait-il. Et s’il n’ignorait pas que Nicolas avait la priorité, après tout, c’est vers lui que Bahia s’était tournée, et du reste dormait-elle avec lui dans son lit, il était sûr que rien ne s’était passé entre eux deux, depuis une semaine que Nicolas partageait ainsi l’intimité de sa chambre. Et dorénavant Alexandre voyait Bahia tous les jours. Il pouvait parler longuement avec elle, partageait ses repas, tandis qu’il rêvait de la voir nue chaque fois qu’elle prenait sa douche. Or, il se demandait comment il pourrait la soustraire à son  frère ainé, littéralement la lui chiper. Tout d’abord il fallait résoudre le problème du coucher. Un matin, comme le lit de Nicolas était trop petit pour y bien dormir à deux tous les soirs, il proposa à Bahia de dormir dans son canapé clic-clac, pendant que lui dormirait dans le salon. Bahia le remercia vivement et ne se fit pas prier pour changer de literie. Le lit de Nicolas était trop petit, tout le monde en convenait. Du reste, même s’il se doutait que son petit frère avait une idée derrière la tête, Nicolas ne pu rien objecter à Bahia. D’avoir été éjectée de chez ses parents ne l’avait pas déchue de son statut, Bahia était toujours cette femme faite Déesse, à laquelle on ne pouvait qu’obéir pour lui faire plaisir. Et ça avait l’air de lui faire plaisir de dormir dans la chambre d’Alexandre.

Si le projet d’Alexandre semblait plus réalisable qu’avant, rien n’était fait cependant. Alexandre avait des aventures avec des jeunes filles d’un soir et Bahia, si elle lui témoignait un amical intérêt, le regardait faire, semble-t-il, amusée mais pas intéressée pour autant, du moins en apparence, car Bahia laissait peu transparaître ses désirs. C’étaient les hommes qui lui témoignaient du désir et la draguaient, pas elle !  Il y avait deux mois qu’elle avait rompu avec Feraz,et avait-elle encore suffisamment de prétendants pour faire comme si elle ne s’intéressait pas a Alexandre. De plus, Ce qui n’arrangeait rien:  depuis peu, Alexandre sortait avec une de ses meilleures amies : Cécile, qu’il avait rencontré à une de ces soirée où Bahia, son frère et lui s’étaient rendus à trois, dorénavant inséparables. La encore, il n’avait pas eu l’occasion de déclarer sa flamme à Bahia et avait jeté son dévolu sur une de ses proche, à défaut de pouvoir la séduire, elle. En fait, parfois il se demandait  quelle considération elle pouvait bien avoir de lui, comme tour a  tour, il n’avait pas hésité à draguer ses meilleures amies, jusqu’à sa sœur elle-même, laquelle avait refusée de l’embrasser. Sans doutes devait-elle le considérer comme un beau parleur, un séducteur sans scrupules, et ça devait y aller de bon cœur les commentaires à son égard avec ses copines, car les commentaires étaient fondés. Alors, comment auraient-ils pu s’imaginer ensemble : lui le dragueur, elle la prude ? Il faut croire que les contraires s’attirent comme il est bien banal de le dire, car un soir, la belle proposa a Alexandre de reprendre possession de sa chambre en l’ invitant à dormir avec elle dans le canapé. Alexandre ressentit ce frisson qui parcoure les hommes qu’un événement heureux vient conforter dans la chance en leur bonne étoile. Enfin cela se précisait ! Quelle première nuit il passa auprès d’elle ! Son cœur palpitait dans sa poitrine la majeure partie du temps et il pu à peine fermer l’œil, osant à peine espérer, tentant les rapprochements les plus subtils, scrutant sa respiration à elle pour se persuader qu’à elle aussi il faisait de l’effet. Et chaque soir c’était la même chose : la peur d’être démasqué, le bonheur d’être si prés d’elle, et le désir de la toucher, et ce jeu de dupe entre eux à qui ferait le premier pas. Mais il doutait toujours. Elle n’était pas sans ignorer qu’il sortait encore avec Cécile sa grande amie et ce que ce serait de la trahir, si elle se laissait tenter par lui ; sans parler de sa réputation à elle, ternie par une telle liaison avec un mauvais garçon. Mais décidément, il n’y avait rien à faire contre l’étrange alchimie du désir. L’un et l’autre étaient épris en secret.

LE MELANGE CONTRARIE DES ANGES

Chapitre I : Home, sweet home…

Alexandre venait tout juste de sortir de prison. Il avait été condamné pour acte de vandalisme en réunion.Mamad qui était avec lui lors des faits ne fut pas inquiété . Mais depuis l’événement personne dans le quartier ne l’avait revu. Son père, furieux après lui, l’avait renvoyé au Sénégal afin qu’il puisse s’assagir après un mariage arrangé dont on attendait qu’il fut pour lui l’occasion de se responsabiliser. Aucunes possibilités donc pour Alexandre de revoir son ami de débauche. Et tout avait changé aussi dans le quartier : la plus part des dealers qu’Alexandre avait fréquentés avaient écopés de peine de prison. Ne restaient que les plus jeunes pour poursuivre le commerce et Alexandre ne les connaissait que de vue. Il n’y aurait donc personne pour lui offrir un gramme de chocolat magique. Il lui faudrait payer s’il voulait se décrocher les neurones. Or il était fauché comme les blés, pas un centime n’ornait son porte monnaie…Loin d’en être démoralisé, Alexandre savourait chaque seconde de liberté comme un bienfait providentiel et peu importait sa condition, il aurait tout le loisir de se refaire, ce n’était qu’une question d’opportunité, il en était sur. Alors, il prenait son mal en patience.

Il n’avait pas été dur pour Alexandre de rentrer chez lui la tête haute. Son père, laxiste  et pas rancunier pour un sou, avait considéré son absence tel le service militaire qu’Alexandre n’avait pas fait pour avoir été reformé, laquelle absence devait lui avoir mis un peu de plomb dans la tête par son caractère initiatique. La prison avait du le rendre plus mur, aussi  n’était-t-il point besoin en son esprit de gâcher les retrouvailles en lui rappelant continuellement ce qu’il considérait comme un événement regrettable, mais pardonnable. Alexandre avait donc retrouvé sa chambre, revu son frère et son chat, et à vrai dire peu de choses avaient changé dans sa famille. Son frère faisait toujours œuvre de sociologie en poursuivant ses études à la fac et son père quant à lui, tenait toujours compagnie à la télévision durant la journée pour être, comme il l’était, toujours au chômage, de plus en plus résigné,  de moins en moins motivé. L’argent ne manquait pas vraiment, sinon par intermittence, quand le père dilapidait au jeu les réminiscences de son ancienne fortune acquise à force de travail, fortune qui fondait comme neige au soleil et que venaient fort heureusement suppléer de substantielles allocations chômage.

Environ une semaine après son retour,eut lieu un événement qui devait bouleverser la vie d’Alexandre . Ce fut un soir de juin, après une journée où le soleil avait baigné l’ouest parisien dans un halo de chaleur dont on se souvient longtemps de l’intensité. Avec son père, ils se rendirent à la pièce de théâtre qu’avait montée la promo du grand frère, en cette veille de grandes vacances. Nicolas le frère bien aimé y interprétait Harpagon dans l’Avare de Molière. Mais au delà du jeu brillant de son frère, ce qui interpella Alexandre fut la jeune fille qui jouait Marianne. S’il avait s’agit d’un film on eut dit d’elle qu’elle crevait l’écran. Sa beauté surtout était ensorcelante : un nez fin et racé, des yeux d’un bleu à se damner, des lèvres sensuelles, un corps parfait. Alexandre trépignait sur sa chaise à chacune de ses apparitions. Ce n’est qu’au couché de rideau qu’Alexandre pu s’approcher d’elle et même l’embrasser sur les joues comme son frère lui présentait les membres de la troupe, tous mordus de théâtre, et dont Bahia, puisqu’ ainsi elle se prénommait, était l’égérie  ; celle, reine de beauté, que tout le monde regarde et convoite, sans que personne de son groupe d’amis n’ait réussi à faire la différence. Ce soir là, Alexandre et Bahia avaient échangé un long regard en se quittant. Alexandre disait des yeux : «  Ce n’est pas fini, nous nous reverrons… Mais qu’est-ce que tu es belle…» Elle, elle sembla intriguée,mais Alexandre ne pu en tirer aucunes conclusions.

La deuxième fois  Alexandre  approcha Bahia lors d’une soirée dans le garage de Gerald, un des membres de la troupe de théâtre. Gerald, son frère et toute la bande du théâtre y organisaient des réunions tardives où ils refaisaient le monde, aussi bien qu’ils devisaient théâtre, littérature, art en générale, musique en particulier (Gerald avait une batterie, des guitares, un micro, et chantait volontiers pour ses amis) ; on y échangeait aussi sur les histoires de chacun, et au milieu de cette troupe d’amis, ou plutôt à son sommet, il y avait Bahia, la très belle. Chacun des garçons la vénérait et été tombé un jour ou l’autre amoureux de ses charmes. Alexandre qui avait été convié exceptionnellement à leur réunion, se demandait comment il pourrait attirer l’attention de celle à qui il n’avait cessé de penser depuis leur rencontre. Car, à vrai dire, tout le désavantageait : il n’était pas sur son territoire, de plus tous les garçons de même que Bahia étaient plus âgés que lui. Et n’était son aura de fripon et de déluré, que personne n’ignorait, pas même Bahia à qui Nicolas avait parlé de son frère, rien, non rien ne semblait pouvoir l’avantager. Tout de même, Bahia, pendant que les garçons parlaient entre eux, avait dénié discuter avec Alexandre, mais en tout bien tout honneur, comme chacun n’ignorait pas qu’elle était amoureuse de Feraz, un jeune dentiste prothésiste qui ce soir là n’avait pu se rendre à leur réunion. Elle était charmante Bahia, et s’épancha volontier sur sa passion du théâtre, des photos qu’elle faisait en cachette pour les magazines de mode depuis qu’elle avait seize ans. C’ était juste un passe temps alimentaire, nullement une vocation. Elle profitait de ses atours, voilà tout, qui ne l’aurait pas fait ? Sinon, elle vivait toujours chez ses parents, lesquels étaient  d’une mentalité un peu austère  d’après elle. Ou du moins, étaient-ils à mille lieux de comprendre ses aspirations. Elle avait choisi des études de sociologie par dépit. Sa véritable ambition se situait ailleurs, dans la sphère artistique : elle aspirait à devenir comédienne. Le théâtre était tout pour elle, même si elle savait la voie périlleuse et quasiment synonyme d’échec et de rupture durable avec ses parents. Sa mère, ouvrière dans un atelier de confection, et son père qui tenait une épicerie, n’auraient jamais compris que leur fille puisse se donner en spectacle devant des inconnus. Du reste, Bahia ne les avait pas invitée pour la représentation de l’Avare. Tout ceci était trop loin d’eux, disait-elle. Alors, Bahia faisait semblant de suivre des études plus ou moins sérieuses, en attendant de s’émanciper , impatiente du jour où elle ferait exactement ce qu’elle voudrait.

Alexandre la fixait en rêvant : s’il pouvait la tenir dans ses bras et l’embrasser, que ne serait-il pas l’homme le plus heureux du monde. Elle était si belle Bahia. Son visage si parfait. Sa douceur et son énergie de jeune femme si adorable. Mais, rien a faire. Elle n’était pas libre et malgré le bonheur- dont Alexandre voulait le croire réciproque – qu’ils avaient à se regarder l’un l’autre, de manière quasi hypnotique, Bahia n’avait rien laissé paraître d’une quelconque attirance pour Alexandre. Du reste, comment  eut-il pu en être autrement ? Bahia était au milieu de ses amis d’un autre âge et peut-être qu’Alexandre – bien qu’il fit de son mieux pour que ce ne fut pas le cas – avait pu lui paraître trop jeune, trop gamin, il l’ignorait. En tous cas, avait-il pu l’admirer longuement, et de prés, assez prés, pour ressentir ce frisson qu’inspire un visage dont on ne se lasse pas de la beauté des traits. Et Bahia avait trouvé assez de point d’intérêt commun avec lui pour désirer le revoir à l’occasion, en qualité d’ami. Alexandre ne pouvait rien espérer de mieux, même s’il nourrissait le rêve secret de la séduire, sans être capable pour l’heure de rien tenter, ni de prétendre à autre chose, tant Bahia semblait si inaccessible, d’une race de femme si lointaine, et de celle qu’on ne peut abuser le temps d’un soir. Non, il se dégageait une aura de cette jeune femme qui intimidait ses prétendants, les rendait maladroit, lourdauds, et finalement réduit à l’état de sujet. Il était dit, depuis qu’elle avait eu l’age de séduire, que de nombreux hommes se battraient pour elle et la placeraient toujours dans cette position avantageuse où elle serait, comme maintenant, entourée d’une cours faite d’un grand nombre de serviteurs, et d’un unique prince vers qui toute la jalousie des autres convergerait. Alexandre savait qu’il ne faisait pas exception à la règle. Pour rien au monde il ne voulait se voir serviteur, seulement l’aventure semblait bien compliquée. Bahia était tout ce qu’il y a de plus vertueuse et fidèle. Et à vrai dire, elle l’intimidait. Alexandre n’en était pas à sa première conquête, mais là le poisson semblait trop grand pour ses filets. Il était intimidé et son cœur battait dans sa poitrine très fort comme lorsqu’il s’était revus chez elle en tête a tête, mais sans qu’il pu rien faire d’autre avec elle que deviser, tant elle paralysait toutes velléités passionnelles en lui. Ce fut l’unique fois où il pu lui rendre visite, profitant de l’absence de ses parents lesquels, sans nuls doutes, auraient reprouvé la venue d’un jeune étranger sous leur toit. Après, ils ne s’étaient plus revus. Soit que Bahia ne le rappela pas, soit qu’il lui paru incongru de l’appeler pour un motif valable qu’il n’avait pas, car à tous prix il voulait ne pas être démasqué , qu’elle sache qu’il venait pour la ravir. Alors les mois avaient passé. Alexandre s’en était retourné à ses anciennes amours, ou d’autre nouvel idylle, gardant dans un coin de cerveau une pensée pour Bahia et son joli minois de Déesse inaccessible pour l’heure,  qu’on oublie pas pour autant.